Une femme sans-papier expulsée de son hébergement d’urgence en Creuse
Entre 120 et 130 personnes ont bravé la pluie, ce mardi 3 septembre, à 18 heures, pour se rassembler devant la préfecture de la Creuse, à Guéret, en soutien à cinq familles en situation irrégulière concernées par une fin de prise en charge de leurs hébergements d’urgence. Mais aussi par des procédures d’Obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Ces personnes – des femmes isolées et des mineurs – avaient été sommées par les services de l’État de quitter leurs logements au 31 août dernier.
Une femme expulsée de son logementPour l’heure, une femme a dû partir de son hébergement, après que le tribunal administratif de Limoges s’est prononcé en référé contre le maintien de sa prise en charge, a indiqué Pierrette Bidon, du Réseau éducation sans frontières de la Creuse (RESF 23), aux personnes mobilisées mardi soir. Cette « dame un peu âgée » est désormais hébergée par un particulier, précise la militante associative.
La semaine dernière, le tribunal administratif a en revanche statué en faveur de deux autres foyers (deux femmes avec leurs enfants) qui, quant à eux, ont pu demeurer dans leurs logements.
Une autre famille ayant également saisi la justice en référé attend toujours que le tribunal se prononce sur sa situation. Pierrette Bidon indique :
On ne connaît pas encore la date de l’audience et cette famille reste, pour l’instant, dans son hébergement.
Une cinquième famille (une femme avec deux enfants) « pouvait demander un réexamen de son droit d’asile et a déposé une nouvelle demande en ce sens, informe par ailleurs la représentante de RESF. Tant que son dossier court, elle est protégée et peut conserver son logement ».
Une lettre ouverte destinée à la préfèteAssociations, citoyens et élus comptent ne pas baisser la garde. Un nouveau rassemblement est d’ores et déjà prévu, place Louis-Lacrocq, à Guéret, mardi 10 septembre, pour continuer à maintenir la pression sur la préfecture et que les familles menacées d’expulsion puissent obtenir des titres de séjour.
Une lettre ouverte demandant à la préfète Anne Frackowiak-Jacobs de revenir sur les décisions d’expulsion et de favoriser l’accueil de nouveaux arrivants en Creuse, avait été signée par une trentaine d’élus du département, mardi soir, indiquaient alors les personnes mobilisées.
Certaines collectivités locales comptent prochainement voter des motions en ce sens. C’est notamment le cas de la municipalité de Guéret, qui souhaite présenter au vote une motion, le 23 septembre prochain.
Le député Bartolomé Lenoir réagitDe son côté, le député de la Creuse Bartolomé Lenoir a réagi à la situation, mardi 3 septembre, par le biais d’un communiqué. Les centres d’hébergement d’urgence « n’ont pas vocation à accueillir des personnes faisant l’objet d’une OQTF et encore moins pendant plusieurs années. Le manque de places peut créer de véritables drames pour les Creusois qui en auraient besoin », soutient le parlementaire membre du groupe Union des droites pour la République (*). Il poursuit :
La loi est la loi et nous devons la respecter. Les personnes concernées doivent rentrer dans leurs pays.
Sollicitée, la préfète de la Creuse, Anne Frackowiak-Jacobs, n’a pas souhaité commenter la situation.
François Delotte
(*) Créé à l’initiative d’Éric Ciotti, dans le cadre de son alliance conclue avec le Rassemblement national, lors des dernières élections législatives.