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Des westerns follement bizarres : c'est quoi le "weird western", ce genre littéraire adopté aussi dans l'Allier ?

Le contexte : le Far West, ou du moins son évocation. Il n’a pas besoin d’être « made in US » pour que ça fonctionne. Ajoutez, au choix ou en mélange, de la magie, de la science-fiction, du space opéra, de l’horreur, de la fantasy, du steampunk… Le message : pas de limite à l’imaginaire.

Oui, le bon vieux western peut être « disrupté ». Et c’est bon !C’est parti pour de folles chevauchées dont aucune ne ressemble à une autre.Photo Corentin Garault 

DégustationsLa quête d’un « lonesome cowboy » jusqu’à une matière première, digne de l’épice de "Dune", sur une planète Mars à peine vivable.Un explorateur africain qui débarque dans une contrée picarde d’un exotisme à (dé)couper au couteau.Une histoire d’amour et de spectres, dans laquelle un crotale et un artefact indien jouent des rôles de permier plan.Des démons inspirés par des récits Lakota. Une mine d’or, un fantôme. Un chantier, une ligne de chemin de fer en construction, un esprit élémentaire en colère.Un ranch et une mort à la Sergio Leone, mais pas sur Terre.Un road-trip, un coin paumé, une panne et une magie très ancienne.Un justicier kabbaliste qui suit les esprits des juifs assassinés, un inventeur rencontré dans un saloon, une vengeance et une vision d’apocalypse.Une bande de truands du désert et un fakir redresseur de torts.Quand le héros est une femme étrange et qu’elle arrive d’un endroit qui sent la mort et le soufre.Un jour sans fin et une vie sans but pour un vieux cow-boy qui ne se doute pas d’où il vient (on ne dira rien sur la chute de cette nouvelle, si ce n'est qu'elle est bien amenée et qu'elle nous a beaucoup plu !)

La Clef d'argent ouvre les portes de l'imaginaire

La Maison d’édition dijonnaise la Clef d’argent, qui s’est fait une spécialité dans les littératures de l’imaginaire, réussit ainsi, grâce à sa dernière anthologie, 13 Chevauchées dans l’ouest étrange (17 €, 246 p.), dirigée par l’auteur Meddy Ligner, à nous faire goûter à treize de ses auteurs et autrices contemporains.

Tout en nous plongeant dans le genre avec un cours truffé de références : il faudra bien plus d’une année avant d’épuiser la bibliographie, des plus anciens, fondateurs du genre outre-Atlantique, à la « french touch » : Howard, Lovecraft, King, Summer, Mauméjan, Héliot, Thomas, Favard, etc. Let’s go. On n’a qu’une vie. Quoique…

Céline Maltère, fantastique autrice bourbonnaise

Céline Maltere, écrivaine, photo François-Xavier GuttonCéline Maltère, plume fantastique, militante et adepte de faire fi des frontières, a envoyé sa plume jusqu’aux confins du weird western pour La Veuve de l'Ouest. 

Et ce après avoir esquissé un « Green castle » effrayant (inspiré d’un site de l’Allier) et une Femme sans nom intrigante dans une nouvelle parue dans 13 Chevauchées dans l’Ouest étrange.

La Veuve de l’Ouest (parue chez Bonneton, 258 p., 17,9 €) est son 16e livre depuis 2015, est une épopée militante portée par une cow-girl hors normes. Avec des indiens massacrés, mais pas défaitistes, un site maudit, des rapts de femmes, une vampire, un fantôme, les Winchester, un homme perroquet et surtout la folie.

Clins-d'oeil à des sites de l'Allier

L'autrice, née et installée dans le Bourbonnais, raconte.

"Tout a commencé par une commande, car La Clef d'argent faisait un appel fermé sur le sujet auprès de ses auteurs. Comme pour une anthologie précédente sur la Commune, j'ai relevé le défi, même si, à chaque fois je me dis, vais-je y arriver ?"

Elle y arrive toujours !

Je n'avais pas d'idée précise non plus. Lors de balades à vélo dans la nature, j'ai laissé mûrir. L'idée m'est venue petit à petit. Par exemple, le domaine "Château vert" (juste le nom) vers Paray-sous-Briailles m'a donné le nom du ranch des Wallace. Ensuite, je voulais faire une histoire d'amour, de vengeance... J'ai donc écrit ma nouvelle. J'avais dû me freiner, car j'avais plein d'idées que j'aurais voulu développer".

Ça tombe bien, ses premiers lecteurs lui confient qu'ils veulent en savoir plus. Ni une ni deux, cette bourreau de travail (qui est par ailleurs prof dans un collège) se consacre à l'écriture de ce roman l'année d'après.

Vengeance !

"Je m'y suis mise sérieusement. D'abord en m'imprégnant des films. J'avais surtout vu les Sergio Leone ou les Tarentino, qui étaient dans mon imaginaire. J'ai fonctionné avec des images que j'avais en tête, puis ma vie personnelle m'a apporté beaucoup d'idées sur la psychologie des personnages. J'ai cherché à développer des histoires secondaires autour de la trame principale : la vengeance amoureuse. Je voulais un méchant, Fag Popinjay, inspiré par une haine personnelle, une indienne passeuse d'âmes et qui aide à retrouver la paix, une bande de cow-boys gentils, des méchants autour, des hommes, des femmes... Et Moïse, le shérif noir... il a le nom de mon chat !"

Atmosphère gothique en plein désert

Elle n'oublie pas de glisser une touche fantastique en dessinant un domaine effrayant "à la Bathory" : elle adore les "comtesses sanglantes". Sans oublier "l'hybridation des espèces avec les araignées". Brrr...

"Je voulais aussi absolument parler de Sarah Winchester, dont la demeure me fascine ! Les maisons ont toujours une grande importance dans ce que j'écris. Comme Green Castle et son horloge, inspiré de la maison de l'horloge à Saint-Germain-des fossés".

La victime n'est pas une : femme fatale, elle reprend le contrôle

Et la femme fatale ! "Le personnage principal ne devait pas être une victime. C'est elle qui devait reprendre la main et sortir, même morte, fière, de cette histoire".

Céline Maltère aime jouer avec les genres : horreur terroir ("Les Nouvelles charcutières"), chevalerie ("Le cycle de Goth"), science-fiction ("Les Thanatocrates"), fantastique et féminisme ("La Tour des dames")...

Quel était ce "monstre de l'Allier", qui avait enflammé tout Vichy en 1933-1934 ?

"En littérature, ce qui compte est d'explorer, inventer, ancrer ce qu'on a toujours dans la tête".

Nul doute que d'autres lignes, d'autres pages, d'autres recueils, sont déjà en gestation, nourris par la vie.

 

Mathilde Duchatelle

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