Le nouveau Beetlejuice, toujours mort, juste "un peu plus moisi"
Pour "Beetlejuice Beetlejuice", suite de la comédie macabre culte de Tim Burton en salles mercredi, Michael Keaton réendosse le costume rayé du sinistre et farceur "bio-exorciste" tentant de rallier le monde des vivants.
Un personnage qui n'a pas vieilli: il est toujours mort mais "juste un peu plus moisi", a plaisanté l'acteur en conférence de presse, lors de la Mostra de Venise fin août.
Le visage à nouveau totalement grimé, Keaton prend, à 72 ans, un plaisir évident à renouer avec ce rôle qui a marqué le début de son compagnonnage avec Tim Burton, avant "Batman".
Mais, comme dans le premier volet, ses apparitions sont finalement peu nombreuses à l'écran, qu'il partage avec Catherine O'Hara, 70 ans, et surtout Winona Ryder, 52 ans.
Ces dernières reprennent leur rôle d'origine, ceux de Delia et Lydia Deetz, belle-mère et belle-fille qui emménagent dans une maison hantée par un couple de fantômes.
Leurs personnages ont vieilli avec elles, rendant l'interprétation quelque peu mécanique.
"Pour moi, il n'était pas question de nier le vieillissement", a déclaré Catherine O'Hara, "mais plutôt de s'en emparer et d'être heureuse de vivre".
Une famille bizarre
Lydia Deetz, l'enfant qui communique avec les fantômes du premier volet, est devenue animatrice télé spécialisée dans le paranormal et, à son tour, mère d'une ado, Astrid, qui ne veut pas entendre parler de surnaturel.
Cette dernière est jouée par Jenna Ortega, devenue une star à 21 ans grâce à la série de Netflix "Mercredi" (inspirée de la famille Addams), produite par Tim Burton, tandis que Willem Dafoe se parodie en inspecteur de la police de l'au-delà.
"Ce film est comme un film de famille, d'une famille bizarre", a commenté Tim Burton qui, "déçu par l'industrie", souhaitait revenir à un cinéma plus artisanal, à base de techniques très simples comme du maquillage ou des marionnettes, qui fait le charme de son univers.
"On a essayé de faire comme dans le premier film, où il y avait un tas d'impros. On a calé des choses le jour même, essayé des trucs. (...) On ne va pas gagner l'Oscar des meilleurs effets spéciaux mais ça ne fait rien !", a poursuivi l'auteur de classiques comme "Edward aux mains d'argent" ou "Charlie et la chocolaterie".
Scène d'horreur
"Beetlejuice" version 2024 n'en est pas moins produit par l'un des plus grands studios, Warner, qui espère en faire l'un des blockbusters de la rentrée.
Avec l'idée de charmer la génération biberonnée au premier film, aujourd'hui adulte, comme ses descendants, "Beetlejuice Beetlejuice" enchaîne les clins d'oeil au film original.
Plus foisonnant, il multiplie les intrigues au risque de se répéter: la quête initiatique de la jeune Astrid, plongée dans l'au-delà, les relations entre Lydia et sa belle-mère ou la vendetta de l'ex-femme de Beetlejuice, Delores.
Cette nouvelle créature maléfique à la Frankenstein est jouée par Monica Bellucci, compagne de Tim Burton. Ce dernier offre à l'actrice une scène inattendue, digne d'un film d'horreur.
Car plus que gothique, ce "Beetlejuice" est sanglant à souhait, avec ses personnages éviscérés, ses monstres en tout genre ou ses bébés démoniaques.
Le doux rêve d'une coexistence heureuse des vivants et des fantômes, qui faisait le charme du premier film, s'évapore.
Mais Burton continue de se moquer des travers de la société américaine contemporaine. Au snobisme du monde de l'art s'ajoutent les dérives des prophètes du bien-être et celles des influenceurs absorbés par leurs écrans.