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Finances publiques : les regrets sur le tard de Bruno Le Maire

Que le temps doit sembler long à Bruno Le Maire. Des ministres démissionnaires, il est le seul à devoir encore rendre des comptes. A fortiori depuis que Gabriel Attal a passé le pouvoir à Michel Barnier comme Premier ministre. En attendant son successeur, le locataire de Bercy reste quant à lui l’interlocuteur privilégié lorsque le sujet brûlant de la gestion des finances publiques doit être débattu. Un intérim prolongé aux allures de long calvaire.

Et pour cause, la situation est critique. Les comptes de la France pourraient virer à l’écarlate d’ici la fin de l’année si de nouvelles économies ne sont pas dégagées. D’après une récente note de la Direction générale des finances publiques, le déficit public pourrait se creuser à 5,6 % du PIB, au lieu des 5,1 % prévus par le programme de stabilité envoyé à Bruxelles en avril dernier. La faute à des recettes fiscales potentiellement moindres qu’attendu et à une possible dérive des finances des collectivités locales.

Ce difficile retour à la normale

Auditionné pour la trente-cinquième et dernière fois en sept ans, lundi 9 septembre, par la commission des Finances de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Economie a une nouvelle fois défendu son bilan, insistant sur des faits connus et ressassés : la croissance française cumulée supérieure à celle de l’Allemagne, de l’Italie ou encore du Royaume-Uni, la réindustrialisation en marche, le record d’investissements étrangers ou encore la baisse significative du chômage… Rappelant que les crises successives des gilets jaunes, du Covid et de l’énergie ont nécessité des réponses fortes, il a assumé ses choix. "Si c’était à refaire, je le referai sans hésiter".

Bientôt libéré du poids de la responsabilité, Bruno Le Maire a reconnu que cet ultime oral lui conférait "une immense liberté et beaucoup de sérénité". Il en a profité pour exprimer un certain nombre de regrets. D’abord en soulignant l’incapacité de la France à revenir "à la normale". "Une fois que nous avons dépensé, nous ne savons pas revenir à la normale et économiser". Référence à la sortie du "quoiqu’il en coûte", bien plus longue que dans d’autres pays européens.

De l’épisode du décret d’annulation de 10 milliards d’euros de crédits décidé en février dernier, à la suite d’une erreur de prévision, Bruno Le Maire garde un souvenir amer. Celui de ne pas avoir pu opter pour un projet de loi de finances rectificative (PLFR) qui aurait été une solution "beaucoup plus démocratique et surtout beaucoup plus efficace". A l’époque, les tensions avec Emmanuel Macron, opposé à cette solution, avaient fragilisé sa position. Bruno Le Maire n’en démord pas : il estime qu’il serait encore temps de mettre en place un PLFR.

Plaidoyer pour les collectivités

La recommandation n’engage personne. "Ces choix ne m’appartiennent pas. C’est uniquement une question de choix politique". Sa propre ligne, le détenteur du record de longévité à Bercy ne semble jamais avoir pu l’imposer. "L’économie est difficile, la dépense est toujours aisée. Il faudrait réussir à renverser les choses et ne pas remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même", a-t-il lancé. Comme une bouteille à la mer, il préconise également de donner plus de libertés aux collectivités territoriales et de réunir rapidement le haut conseil des finances publiques locales, qu’il a contribué à lancer.

"Quand elles se voient imposer l’augmentation du point d’indice, alors même qu’elles n’ont pas leur mot à dire sur la rémunération des fonctionnaires, je comprends qu’elles se plaignent qu’elles n’aient pas de liberté suffisante. Quand on leur rajoute systématiquement des contraintes qui ont un coût et qu’elles n’ont pas les moyens de les mettre en place, je comprends qu’elles peuvent se poser des questions sur la bonne tenue des finances publiques", a pointé Bruno Le Maire. Etonnant plaidoyer en faveur des collectivités, elles qui avaient au contraire été vilipendées il y a quelques jours par Bercy pour la dérive de leur déficit…

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