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Emploi : le Puy-de-Dôme plus dynamique que les autres départements auvergnats

Des voyants au vert sur le marché de l’emploi dans le Puy-de-Dôme?? La formule est malvenue : 54.690 personnes sont sans emploi ou en activité réduite dans le département (*). De plus, les pénuries de main-d’œuvre continuent de pénaliser l’activité des entreprises. Et puis, les (bons) chiffres soulignent aussi une certaine précarité (lire par ailleurs).

Pour autant, trois indicateurs sont positifs, éclairent un peu le tableau et attirent l’attention sur le dynamisme du bassin d’emploi.

- Le premier indicateur est le nombre de déclarations d’embauches. Tous types de contrats confondus, ce nombre augmente dans seulement trois départements d’Auvergne-Rhône-Alpes, dont le Puy-de-Dôme : +2,6 % (par rapport au deuxième trimestre 2023).

- Le deuxième indicateur est le nombre de demandeurs d’emploi. Il reste stable dans le Puy-de-Dôme, alors qu’il augmente d’un point au niveau régional.

Peut-on en conclure que le Puy-de-Dôme montre une résilience notable dans le contexte régional?? Pourquoi pas?? D’autant que la création d’entreprise y reste soutenue : 5 % en 2022… contre 2 % en Auvergne-Rhône-Alpes.

Dynamisme

« C’est le signe du dynamisme économique du département et c’est aussi la preuve que les efforts paient », positive en effet Nathalie Halot, la directrice de France Travail dans le Puy-de-Dôme.

« Que ce soit les efforts en matière d’accompagnement des demandeurs d’emploi, avec des parcours plus individualisés. Que ce soit ceux déployés envers les entreprises du territoire, que nous incitons à recruter différemment. Que ce soit ceux en matière de formations, fléchées vers les métiers en tension. Ou que ce soit en matière d’incitation à la création d’entreprise, avec des dispositifs de détection et d’émergence des projets auprès des chercheurs d’emploi (Activ’créa) », liste-t-elle.

Témoignage : Siffedine Boutouba

Au milieu du hall d’accueil de l’agence France Travail Clermont Jouhaux, à Clermont-Ferrand, ce n’est certainement pas Siffedine Boutouba qui va la contredire. À 35 ans, le Puydômois s’enlisait entre de nombreuses missions d’intérim « qui n’aboutissent à rien » et une recherche d’emploi plus pérenne dans l’impasse. « À l’origine, je suis opticien lunetier. Je n’ai jamais trouvé de travail. » Pudiquement, il souffle : « On m’a parlé de discrimination… » Son frère est promoteur immobilier : « J’avais besoin de travailler. J’ai commencé à apprendre le métier de plaquiste pour l’aider. » Il se forme. Il galère encore.

En fin de droits, puis au RSA, il croise alors la route d’Hakima Boudellal, conseillère France Travail, qui accompagne à la création d’entreprise.

 

« Monsieur Boutouba n’avait pas pensé à se mettre à son compte, mais j’ai été bluffée par son dynamisme, sa motivation, sa volonté. » Créer sa boîte, et donc son emploi, « est une autre solution d’insertion », assure la conseillère. D’autant que Siffedine Boutouba entre dans les publics cibles : il est domicilié aux Vergnes, un quartier prioritaire de la ville (QPV).

La conseillère teste alors le projet comme le Puydômois, puis sécurise le parcours. « Il est éligible à la prestation BGE, financée par la Région. » Business plan, démarche commerciale… L’entreprise prend forme.

« Madame Boudellal, pour moi, c’est le messie?! Sans eux, à France Travail, il n’y a rien?! », s’enthousiasme Siffedine Boutouba, avec une désarmante sincérité.

Il a déjà des clients, son entreprise devrait être immatriculée en octobre. Il va basculer du RSA vers la prime d’activité, ce qui lui permet d’avoir un revenu en attendant de vivre de son activité. « Je reste à ses côtés au moins un an encore », rassure la conseillère.

« C’est le message essentiel. Faites-vous accompagner?! », insiste Thierry Malatrait, le directeur de l’agence France Travail Clermont Jouhaux.

Nous voyons tellement de projets qui échouent faute d’avoir été bien aiguillés

Sur ce dernier point, France Travail et ses partenaires se mobilisent tout particulièrement dans le Puy-de-Dôme. Pour la deuxième année, dans le cadre de l’opération nationale Restart, un forum est organisé jeudi 19 septembre dans le hall d’accueil du cinéma le Val Arena, à Clermont-Ferrand.

« Et, grâce à une initiative locale, il sera étoffé de tout un programme d’ateliers du 20 septembre au 2 octobre », souligne Thierry Malatrait.

 

Dans le Puy-de-Dôme, en 2023, 4,7 millions d’euros ont été versés à 641 créateurs d’entreprises indemnisés par l’assurance chômage dans le cadre de l’Arce. Une aide pour créer ou reprendre une entreprise. 

113.700 déclarations d’embauches ont été réalisées dans le Puy-de-Dôme au deuxième trimestre 2024.

Leur nombre est en augmentation de 2,6 % par rapport au deuxième trimestre 2023, contre +1 % au niveau régional). Et le Puy-de-Dôme est le seul département d’Auvergne à déclarer plus d’embauches : - 10 % dans l’Allier (43.900 déclarations d’embauches), -1,1 % dans le Cantal (17.100) et -8,8 % dans la Haute-Loire (34.100).

En Auvergne-Rhône-Alpes, seulement deux autres départements voient le nombre d’embauches s’orienter à la hausse : +6,4 % dans le Rhône et 0,7 % en Savoie.

Moins d’embauches en contrats longs. Mais, attention, les embauches de plus d’un mois hors intérim diminuent en un an dans tous les départements (-5,9 % au niveau régional). Cette tendance indique une certaine précarité dans les contrats de travail, avec une préférence pour les contrats courts.

Plus d’embauches en contrats courts. C’est effectivement le cas dans le Puy-de-Dôme. Qui se distingue aussi en étant le seul département de l’Auvergne à voir une augmentation des embauches en contrats courts (+4,6 %). Pour voir le verre à moitié plein, cela pourrait refléter une flexibilité accrue du marché du travail dans le département, permettant aux entreprises de s’adapter rapidement aux fluctuations économiques.

Par métier. Et, pour nuancer un peu, il faut regarder par métier pour observer que certains génèrent bien plus d’emplois durables. Par exemple, fin juin, celui d’aide à domicile a généré 1.380 offres d’emploi dont 82 % d’emplois durables. Assistants de vie, 810 offres dont 94 % d’emplois durables. Mais, effectivement, une offre sur deux de préparateur de commande ou d’aide soignant est un contrat court. Même un peu plus pour agent de propreté.

Un nombre de chômeurs stable. Ce dynamisme du marché du travail dans le Puy-de-dôme se retrouve au niveau du nombre de demandeurs d’emploi. Au deuxième trimestre 2024, le nombre de ceux tenus de rechercher un emploi et sans activité (catégorie A) s’établit en moyenne sur le trimestre à 24.340. Ce nombre baisse de 0,9 % sur un trimestre (soit moins 220 personnes) et est stable sur un an. C’est mieux que la moyenne régionale. En Auvergne Rhône-Alpes, ce nombre baisse de 0,5 % sur un trimestre, mais augmente de 1,2 % sur un an.

Toutes catégories confondues. En ce qui concerne le nombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un emploi, ayant ou non exercé une activité (catégories A, B, C), il s’établit en moyenne à 48.090 au deuxième trimestre 2024. Ce nombre baisse de 0,2 % sur un trimestre (soit moins 80 personnes) mais progresse de 0,6 % sur un an. Mais c’est là aussi mieux que la moyenne régionale où ce nombre augmente de 0,1 % sur un trimestre et de 1,5 % sur un an. Focus sur les jeunes. Du côté des jeunes de moins de 25 ans, le nombre de ceux sans activité inscrits à France Travail augmente de 1,7 % sur un an, même si l’on note une baisse de 2,2 % par rapport au trimestre précédent. Les secteurs qui recrutent le plus n’hésitent pas à recruter des jeunes.

Par exemple, dans le département, fin juin, c’est le commerce qui a le plus recruté : 9.500 embauches (17 % du nombre total de recrutement), dont 58 % de jeunes. L’hébergement et la restauration : 7.600 recrutements dont 60 % de jeunes. L’agroalimentaire fait mieux 61 % des 1.200 recrutements ont concerné des jeunes de moins de 25 ans.

Cécile Bergougnoux Photos Franck Boileau

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