Cette exposition qui permet un trait d’union entre valides et personnes avec des troubles
A la façon des athlètes olympiques qui ont, d’une certaine façon, passé le relais à leurs homologues du handisport, en août, "En jeux ! l’Expolympique" qui était accueillie à la Tour de l’Horloge, à Issoire, jusqu’au 25 août, a finalement cédé sa place à une autre présentation : l’exposition "Handi, cap’ou pas cap’ ?"
Celle-ci se dévoile à partir d’aujourd’hui à la Tour de l’Horloge, et les visiteurs "d’En Jeux ! l’expolympique" - qui ont été environ 20.000 entre mars et août dernier - vont avoir bien du mal à reconnaître les lieux. Imaginée par le pôle Arts et Patrimoine de la Ville, "Handi, cap’ou pas cap’ ?" devrait permettre à tout un chacun de se mettre à la place des personnes en situation de handicap. Au moins le temps d’une visite. Pour que ces notions infusent et fassent du chemin, dans le quotidien des "valides".
Qu’est-ce qu’un handicap ?Mais d’abord, c’est quoi le handicap ? Yannick Dauge, médiateur culturel tente de le définir.
Ce qu’il est possible de faire, ou de ne pas faire, c’est très individualisé : en se penchant sur la thématique, on se rend compte qu’il y a presque autant de situations que d’êtres humains. Ce que l’on a voulu mettre en exergue, c'est ce potentiel, qu’on a en nous avec nos limites.
"Pendant les Jeux Olympiques, Teddy Riner et Marie-José Pérec ont présenté les athlètes paralympiques en les appelant les “super-héros”. Or, certains de ces athlètes ont trouvé ça maladroit : ils n’ont pas aimé qu’on les qualifie ainsi, car c’était, selon eux, encore une manière de dire que c'étaient des personnes différentes. Alors que non : ils tentent d’être comme tout le monde. Les qualifier même de super-héros, voudrait dire qu’ils sont stigmatisés dans une catégorie. Qu’ils sont à part. Ils préfèrent qu’on parle d’eux comme des athlètes. Point. Cette polémique nous a amenés à réfléchir sur le handicap. Qu’est-ce que c’est ? Est-ce qu’on se rend compte de ce qu’est un handicap ? Et déjà, il semble bon de rappeler que contrairement à ce qu’on pense peut-être souvent, 80 % des handicaps sont invisibles…", rappelle Ségolène Charles, référente pour cette exposition de fin d’année.Extrêmement populaire pendant les Jeux Paralympiques de Paris, la boccia, où la Française Aurélie Aubert s’est illustrée en devenant championne paralympique, est à tester à l’étage, grâce aux équipements mis à disposition et les balles en cuir souple.Le handicap invisible, c’est une des six familles qui composent "Handi, cap’ou pas cap'", organisée sur trois étages de la Tour de l’Horloge. Il s’agit des maladies, des troubles invalidants dans la vie de tous les jours. Mais difficilement perceptible des autres. "Et surtout mal accepté…, pointe Yannick Dauge. Dans un monde avec lequel on est toujours pressé, on est parfois intolérant et injuste avec les personnes en situation de handicap qui peuvent avoir besoin de plus de temps pour accomplir certaines actions. Souvent, s’il n’y a pas une canne ou un fauteuil roulant, on passe à côté du handicap." Et en n’étant pas toujours très compréhensif ni tolérant.Les phobies, quelles qu'elles soient, sont déjà des troubles qui peuvent handicaper la personne qui en souffre, dans sa vie de tous les jours.
Expérimenter des effets et sensations inconnus"Handi, cap’ou pas cap’?" permet d’expérimenter, d’éprouver et d’arriver à comprendre, peut-être, ce que vit, au quotidien, la personne considérée comme porteuse de handicap. Qu’il soit visible, ou, justement, indétectable. De nombreux outils et moyens ludiques pensés par le pôle Arts et Patrimoine de la Ville permettent de se mettre dans la peau d’une personne avec un trouble.
"Parce que, que ce soit dans la famille ou les amis, on a tous des personnes en situation de handicap", insiste Yannick Dauge.
Ne serait-ce que des personnes qui ont des corrections, pour la vue. Aujourd’hui, on a de la chance et on ne se rend plus compte que ces corrections permettent de pallier ce handicap-là. Mais à l’époque de la Renaissance, cela pouvait être un sacré handicap !
Des exemples de malvoyance dûs à des troubles, mais aussi à la fatigue ou à l'alcool sont disponibles pour les visiteurs. Différentes lunettes et masques permettront ainsi aux personnes qui ont 10 à chaque œil d’expérimenter le flou de la myopie ou le rétrécissement du champ de vision causé par un glaucome ou la dégénérescence maculaire, tandis qu’une pièce, totalement plongée dans le noir, permettra aux visiteurs, à tâtons, de réaliser combien il est stressant et compliqué d’évoluer dans un espace inconnu, quand un sens fait défaut.
Pratique. "Handi, cap’ou pas cap’" à la Tour de l’Horloge d’Issoire (4 rue du Ponteil). Ouvert jusqu’au 1er décembre, du mardi au dimanche de 14 heures à 18 heures et le samedi de 10 heures à 12 h 30 et de 14 heures à 18 heures. Entrée libre.
Marie-Edwige Hebrard