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"Pourquoi les gens ont la maladie d'Alzheimer ? C'est un mystère, on ne sait pas"

Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ?

Elle fait partie d’un groupe de maladies appelées dégénératives. La protéine Tau, qui fait partie de la structure de la cellule humaine, notamment du neurone, change de configuration pour une raison inconnue. Elle finit par encrasser le neurone et entraîne sa mort. Comme si c’était un peu contagieux, l’anomalie va se transmettre au neurone d’à côté. Ça commence dans le cortex temporal interne, un des lieux de la mémoire, de telle sorte que les gens oublient les choses récentes. Le processus de propagation gagne ensuite d’autres sphères du cerveau, d’autres symptômes apparaissent (langage, fonctions cognitives, déglutition…). C’est une maladie qui va durer 8-10 ans. À la fin, vous ne pouvez plus rien faire.

Quelles sont les personnes touchées ?

Pourquoi les gens ont ça ? C’est un mystère, on ne sait pas. Ça touche tout le monde, mais plus vous prenez de l’âge, plus vous risquez de l’avoir. Après 65 ans, ce sont 5 % des humains. Après 85 ans, 20 % des humains. Ça commence surtout entre 75 et 85 ans.

En France, il paraît que 900.000 personnes sont atteintes. Ce chiffre ne compte pas vraiment parce que le baby-boom arrive. Les gens nés en 1945-1946, la plus grosse classe d’âge en France, ne l’ont pas encore. L’épidémie de la maladie d’Alzheimer va arriver dans les années à venir. Qui va les recevoir en consultation ? Est-ce qu’on sera capable ?

Comment diagnostique-t-on cette maladie ?

Il est important de faire un diagnostic précis pour dire aux gens ce qu’ils ont. Déjà, il faut que qu’ils viennent en consultation mémoire. Il ne faut pas hésiter à consulter dès qu’on a l’impression d’avoir un problème cognitif. On les interroge, on regarde les antécédents. Après, on fait des tests neuropsychologiques, des petits tests de mémoire. Cela permet d’avoir une idée du dysfonctionnement neuropsychologique. On se fait aider par d’autres personnes, notamment des neuropsychologues, pour les bilans neuropsychologiques de 2 h pour évaluer le problème. La mémoire ? Le langage ? La concentration ? Après, on fait une IRM pour voir s’il y a autre chose (AVC, tumeur). Deux autres examens sont à disposition : le TEP cérébral au FDG (médecine nucléaire) et la ponction lombaire. On dose notamment la protéine Tau anormale.

Le but de la recherche est de réussir à dépister les gens le plus tôt possible pour que, le jour où il y aura un traitement efficace qui stoppe le processus, on puisse leur proposer.

Quels sont les dispositifs pour pallier les symptômes de la maladie ?

Il y a deux versants dans la prise en charge : un médicamenteux et un médico-social. La prise en charge médicamenteuse est limitée. On ne peut pas empêcher la maladie de progresser. Quand les patients sont un peu déprimés, on leur donne des antidépresseurs. Quand ils sont un peu agités, on leur donne d’autres psychotropes.

Après, il y a toute la prise en charge médico-sociale. Ici, on propose des séances de réhabilitation cognitive. La Croix Rouge, avec son équipe spécialisée Alzheimer (Esa) propose aussi 15 séances de réhabilitation cognitive. Il peut y avoir l’accueil de jour, l’aide à domicile, l’Ehpad… Toute stimulation cognitive est bonne pour lutter contre cette maladie.

Propos recueillis par Élisa Zejm

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