Attaque sur Israël : la soirée où l'Iran a voulu "tuer des milliers de civils"
Il est à peine 17 heures ce mardi 1er octobre lorsque les Etats-Unis alertent l’Etat hébreu : une attaque iranienne est "imminente". Quelques minutes plus tard, l’armée israélienne confirme et prépare sa population. L’offensive du régime des mollahs pourrait bien être "de grande ampleur", indique Tsahal, dont le porte-parole assure dans un message télévisé suivre "la menace sérieusement". Au même moment, l’ambassade des Etats-Unis en Israël enjoint ses salariés et les membres de leurs familles à se rendre dans les abris. Rapidement, les sirènes d’alertes se déclenchent. D’abord dans le centre du pays, avant de s’étendre à l’ensemble du territoire hébreu et en Cisjordanie.
Sur leur smartphone, les Israéliens reçoivent un message. Celui-ci provient du commandement du front intérieur israélien et indique : "Alerte d’urgence : Extrême. Vous devez immédiatement entrer dans la zone protégée et y rester jusqu’à ce que vous receviez un nouveau message." C’est ainsi que la boule au ventre et sous le bruit assourdissant des premières explosions, les civils israéliens se pressent pour trouver un abri. Les plus chanceux, s’enferment dans les bunkers. Les autres se cachent derrière tout ce qui pourrait les protéger d’éclats de projectiles.
Aucune victime israélienne
Tandis qu’une pluie de missiles s’apprête à s’abattre sur l’Etat hébreu, Joe Biden ordonne à l’armée américaine "d’aider Israël à se défendre". En fin de journée, les premiers missiles iraniens sont tirés en direction d’Israël. À Jérusalem et Tel-Aviv, plusieurs explosions retentissent. Puis tout s’enchaîne très vite. Dix, cinquante, puis cent. Une fois l’offensive terminée, Israël dénombre quelque 180 missiles lancés contre son territoire. Téhéran jure de son côté en avoir envoyé 200. Qu’importe, puisqu’un grand nombre ont été interceptés par le fameux "Dôme de Fer", ce bouclier antimissile israélien, incarnation du joyau de la défense militaire israélienne utilisé pour contrer les projectiles de courte et moyenne portée (roquettes, obus d’artillerie).
Et tandis que Tsahal assure que l’Iran cherchait par son offensive à "tuer des milliers de civils", les autorités n’ont pour l’heure déploré aucune victime israélienne. Seul un Palestinien, originaire de Jéricho en Cisjordanie, est décédé après avoir été touché par un projectile suite à une frappe iranienne. Aussi, la Maison-Blanche présentait-elle dès mardi soir l’attaque iranienne contre Israël comme "inefficace". Ce qui n’a toutefois pas empêché le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, de juger la démonstration de force de l’Iran "comme totalement inacceptable".
Les menaces de représailles
Plus tard dans la soirée, le ton monte d’un cran lorsque le porte-parole du département d’Etat a laissé entendre que des représailles auraient bien lieu. "Bien sûr, cette attaque doit avoir des conséquences pour l’Iran. Je ne vais pas m’étendre sur ces conséquences aujourd’hui, mais il y a des choses sur lesquelles nous allons nous coordonner avec nos homologues israéliens", a fait valoir Matthew Miller dans le sillage du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou qui menace ouvertement Téhéran : "L’Iran a commis une grave erreur ce soir [hier, NDLR] et en paiera le prix". Et d’abonder : "Nous nous en tiendrons à ce que nous avons fixé : celui qui nous attaque, nous l’attaquons."
Des mises en garde qui ont provoqué l’ire du régime des Mollahs qui s’était félicité mardi soir d’avoir vengé la mort des dirigeants du Hamas et du Hezbollah tout en ayant "respecté les normes" du droit international. Ainsi, mercredi matin, Téhéran a-t-il "averti" les Etats-Unis contre toute forme d’intention en soutien à leur allié au risque de devoir affronter "une réponse sévère". À la télévision d’Etat, le chef d’état-major de l’armée iranienne s’est même dit prêt à frapper "toutes les infrastructures" de l’Etat hébreu "si le régime sioniste […]" poursuivait "ses crimes" ou "continuait à agir contre notre souveraineté ou notre intégrité territoriale".
Le spectre d’un conflit régional se rapproche
Partout dans le monde, l’escalade de mardi soir n’a fait qu’accentuer les craintes d’une guerre généralisée au Moyen-Orient. En France, Emmanuel Macron a "condamné avec la plus grande fermeté les nouvelles attaques de l’Iran contre Israël". Même son de cloche à Londres, où le Premier ministre Keir Starmer a réitéré "l’engagement ferme" du Royaume-Uni "en faveur de la sécurité d’Israël". De son côté, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a exhorté l’Iran et Israël à mettre fin à "la spirale de violence" qui embrase la région.
Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, s’est quant à lui borné à condamner "l’élargissement du conflit au Moyen-Orient" sans réprouver spécifiquement l’offensive iranienne. Ce qui lui a valu d’être déclaré "persona non grata" sur le sol de l’Etat hébreu.