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Pour venger son fils, un ancien policier mène son enquête et brûle un camion par erreur en Corrèze

C’est la triste histoire d’un policier à la retraite, qui a voulu venger son fils, et qui a commis « une grosse erreur » au cours de son enquête personnelle.

Cet homme de 63 ans a été jugé à Brive (Corrèze), ce mercredi 2 octobre, devant le tribunal correctionnel. Il devait répondre de dégradations volontaires de bien d’autrui, et de tentative de dégradations. Par deux fois, en octobre 2022, puis en mars 2024, il s’en était pris au camion-benne d’un Malemortois, ainsi qu’à son domicile, en y mettant le feu.

Deux incendies en 2022 et 2024

La première fois, l’ancien fonctionnaire avait imbibé un torchon d’essence et l’avait déposé sur la roue avant droite du camion, avant d’y mettre le feu. Un manœuvre qui avait entraîné la destruction totale du camion. Dix-huit mois plus tard, en sortant d’un restaurant, le mis en cause était repassé devant la même maison. Il s’était une nouvelle fois dirigé vers le camion benne garé devant le garage. Il avait imbibé une planche en bois, appuyé sur la porte du garage. Par chance, cette fois-ci, le feu ne s’était pas propagé.

À l’audience, le prévenu est revenu sur les raisons de son geste. « Mon fils handicapé voulait un artisan pour changer ses fenêtres. Un professionnel est venu, et a demandé un acompte de 5.000 euros avant de disparaître. Nous avons déposé plainte, mais un non-lieu a été prononcé. Je n’ai pas bien compris », a-t-il expliqué à la barre. À la suite de cet épisode, en 2022, cet ancien de la PJ dans le Nord, avait mené son enquête sur internet, pris contact avec l’ex-femme de l’artisan et trouvé une adresse à Malemort.

"Je voulais qu’il ait des dégâts"

« J’ai vu l’artisan au premier étage de la maison. Devant, il y avait un camion benne. Je voulais qu’il ait des dégâts à la hauteur de la somme qu’il devait à mon fils », a assuré le prévenu, qui n’a appris son erreur qu’en garde à vue. L'artisan n'était en fait que de passage ce jour-là, dans la maison. Après avoir nié les faits, cette prise de conscience le fera passer aux aveux. « Merde, je me suis trompé de gars », finira-t-il par déclarer aux enquêteurs.

« Il a pris le temps de faire les recherches, d’identifier, et de localiser le domicile qu’il pensait être celui de l’artisan. Ensuite, il est venu sur place avec un briquet et un bidon d’essence. Après les faits, il a coupé son traceur GPS pour échapper aux soupçons. Il y a de la préméditation dans son geste », a souligné la substitute du parquet Claire Szczepaniak. « Les faits de 2024 sont aussi inquiétants, ajoute Me Noël Coulaud pour la partie civile. En 2022, il y avait un plan qui va très loin. Il est allé fouiller dans l’intimité des gens. Mais sa vengeance avait été exécutée. Pour les seconds faits, il y est retourné sans préparation. Et il n’a pas seulement visé le camion. Ce coup-ci, c’était la maison ».

Un policier souffrant de bipolarité

Au sujet du madrier imbibé d’essence et apposé contre la porte du garage, le sexagénaire n’a pas donné d’explications, mais a assuré « ne pas vouloir mettre le feu à la maison ». « Il ne voulait pas s’en prendre à l’artisan, mais lui causer des dégâts matériels. Il fait aussi s’interroger sur la bipolarité du prévenu, qui a fait plusieurs tentatives de suicide. Cette pathologie a-t-elle encouragé son passage à l’acte?? », s’est interrogée son avocate Me Marie Mantopoulos, regrettant l’absence, dans le dossier d’instruction, d’expertise psychiatrique.

Une dimension médicale que le tribunal a décidé de prendre en compte. Didier Blervacques a été condamné à un an de prison ferme, une peine aménageable sous la forme de détention à domicile. Il devra respecter un suivi socio-judiciaire strict en suivant des soins psychiatriques et en respectant l’interdiction d’entrer en contact avec la victime.

Pierre Vignaud

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