Un jeune motard avait été tué dans une collision, dans le Puy-de-Dôme : "Il a illuminé notre vie"
L’espace de quelques minutes, c’est un peu comme si Nathanaël reprenait symboliquement vie, à travers les mots bouleversants et d’une grande dignité lus par sa maman, à la barre du tribunal correctionnel clermontois.
"Il a illuminé notre vie et celle de tous nos proches", a-t-elle commencé, l’un des bras de son époux passé autour de ses épaules, avant de se souvenir "du bruit de la porte qui claquait quand il rentrait de l’école, des balades dominicales avec cet enfant, puis cet adolescent si câlin". " Je suis si fière de ce qu’il était, de ce grand frère protecteur avec sa petite sœur, de ce garçon courageux et travailleur, qui a été aimé plus que tout, par toute sa famille. Il était tout ce que l’on pouvait espérait. Mais il ne sera plus jamais là…".
Il aurait eu 20 ans cinq jours plus tardNathanël est mort, cinq jours avant de fêter son vingtième anniversaire, le 24 juin 2023, alors qu’il se rend au guidon de sa moto à une petite soirée entre amis.
Peu avant 20 h 30, il roule – normalement, selon les témoignages de plusieurs automobilistes qu’il a doublés quelques minutes plus tôt – sur la départementale 229, près de Reignat.
Circulant dans le même sens que lui, quelques centaines de mètres plus loin, le conducteur d’un utilitaire Peugeot Expert, âgé de 42 ans, décide alors de faire demi-tour en coupant la ligne blanche : sa fille de 16 ans, qui se trouve sur le siège passager, a oublié des affaires chez sa mère et doit impérativement aller les récupérer.
La camionnette a largement entamé cette manœuvre lorsqu’elle est percutée, à l’arrière gauche, par le jeune motard. Héliporté dans un état critique vers le CHU clermontois Gabriel-Montpied, Nathanaël y décédera quatre heures plus tard.
Les prélèvements salivaires effectués par les gendarmes sur l’automobiliste, juste après l’accident, indiquent qu’il est positif au cannabis. Il reconnaîtra d’ailleurs être alors un consommateur quotidien de stupéfiants, à raison "de deux-trois joints par jour".
Le conducteur condamnéà dix-huit mois de prison avec sursisFace aux magistrats, le 19 septembre dernier, le quadragénaire – qui a toujours reconnu sa pleine responsabilité – a présenté ses "regrets" et ses "excuses" à la famille de la victime, dont de nombreux membres étaient présents dans la salle d’audience. "J’imagine leur douleur. Je m’en voudrai toute ma vie de leur faire subir ça".
Au nom des parties civiles, Me Yves Hartemann, du barreau de Lyon, a rappelé qu’"absolument rien ne vient indiquer que le jeune Nathanaël aurait pu, par son comportement sur la route, causer indirectement l’accident qui lui a coûté la vie (l’assureur du prévenu avait en effet évoqué un éventuel "partage de responsabilités " entre le conducteur et le jeune motard lors de la survenance de l’accident, NDLR)".
Me Jean-Hubert Portejoie, en défense, s’est d’ailleurs refusé à plaider dans ce sens. "La terrible faute de conduite qu’il a commise, tout le monde aurait pu la commettre, a-t-il expliqué. Mais ce sont ses conséquences qui ont été dramatiques".
Le tribunal, qui avait mis son jugement en délibéré, a condamné, ce jeudi 3 octobre, le conducteur à dix-huit mois de prison avec sursis. Son permis est annulé et son véhicule confisqué. Enfin, il devra verser un total de 93.000 euros de dommages et intérêts aux parties civiles.
Christian Lefèvre