La chronique politique de Jean-Michel Aphatie : "Jamais l’efficacité des dépenses n’est expertisée, leur utilité vérifiée"
Accordons lui une circonstance atténuante. Pour partie, la situation catastrophique était bien cachée. Emmanuel Macron en porte désormais la responsabilité. Mais pour réparer les dégâts, que fait le Savoyard devenu chef du gouvernement ? Il cède à la facilité. Certes, assure la communication gouvernementale, les hausses d’impôts décidées seront minimes et ciblées, et en plus temporaires, un an ou deux, jure Michel Barnier. Qui peut croire que le problème se résorbera aussi vite ?
"Un gros mensonge"Au demeurant, il y a dans l’affaire un gros mensonge. En décalant de six mois l’indexation des retraites, l’Etat économise trois milliards d’euros par l’intermédiaire de la Sécurité sociale.
Mais cette ponction là est définitive et universelle, elle touche les plus pauvres, ce qui établit la tromperie du gouvernement.
Expertiser les dépensesUne autre démarche eut été bienvenue. Voilà trente ans, ou quarante, que les dépenses publiques s’accumulent au gré des crises et au fil des changements gouvernementaux. Jamais l’efficacité de ces dépenses n’est expertisée, leur utilité vérifiée. On empile, c’est tout. Ce qui nous vaut le triste record occidental des dépenses publiques au regard de la richesse produite et explique le poids de la dette qui déjà nous asphyxie, et peut-être demain nous étouffera.
Supprimer les dépenses improductivesAccordons au Premier ministre l’excuse de l’urgence, qui justifie la précipitation. Il doit cependant se racheter en proposant un examen rigoureux des dépenses publiques.
Puisque le maquis est aujourd’hui trop épais, il faut éclaircir pour distinguer ce qui est utile et ce qui est gaspillé. Puis, une fois ce travail effectué, il faut annoncer un programme de suppressions des dépenses improductives sur un délai de cinq ou dix ans.
Et il faut aller vite. Les financiers qui nous prêtent chaque année des milliards par centaines nous facturent leurs services de plus en plus cher. Un jour, si la peur s’installe, ils cesseront même de prêter, ou à un prix tel que nous ne pourrons plus emprunter. Si cela se produit, la souffrance sera terrible. Il serait plus intelligent de l’éviter que de la provoquer.
Jean-Michel Aphatie
Journaliste politique reconnu, Jean-Michel Aphatie, passé par la presse écrite et la radio, tient une chronique, chaque jour, dans Quotidien sur TMC. Un dimanche sur deux, il pose, en alternance, avec Chloé Morin, son regard sur l'actualité, pour les lecteurs de Centre France.