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Alors que l'État compte ses dépenses, les élus cantaliens s'attendent à devoir se serrer la ceinture

Les élus déambulent, devant les stands de poids lourds comme Eurovia ou Orange, mais aussi d’entreprises locales comme Z-Index, Bergheaud ou Europe Service. Pour le premier salon de l’Association des maires du Cantal (AM F15), au Prisme, plus de 200 maires sur 246 ont répondu à l’appel.

De quoi satisfaire Christian Montin, président de l’AMF 15 et maire de Marcolès : « Le contexte économique est un peu incertain. On pense que pour l’intérêt du territoire et du département, il n’est pas idiot de rassembler les élus, qui font la commande publique, et les entreprises. »

Le « contexte », c’est la réduction des budgets de l’État qui pourrait, en cascade, retomber sur les aides aux collectivités. De nombreux élus s’inquiètent de la DETR (Dotation à l’équipement des territoires ruraux), principale aide à l’investissement des petites collectivités. Devant les maires, le préfet a rappelé les efforts faits par l’État ces dernières années et « on ne le conteste pas, confirme Christian Montin. Mais je ne suis pas naïf, je sais bien que cela va aller à la baisse ».

En Pays Gentiane, la présidente Valérie Cabecas a bouclé le gros projet de son territoire, le pôle intercommunal des services et de la famille. « Les subventions sont déjà attribuées. Mais pour les projets, oui, cela sera compliqué d’aller chercher des financements. Avec l’État, les demandes sont faites tous les ans, on n’a pas de visibilité. »

« C’est entrer dans  un cercle vicieux »

Dans le secteur de Mauriac, c’est un projet de maison médicale qui doit avancer : « Si on n’a pas de subventions, il faudra emprunter, explique le président Jean-Pierre Soulier. On essaye de faire des économies au quotidien, pour ne pas avoir à emprunter. » Car début septembre, Bercy a transmis un rapport aux parlementaires évoquant une hausse des dépenses des collectivités territoriales.

De fait, les communautés de communes ont grossi, « j’ai connu le Pays de Mauriac avec deux agents, continue Jean-Pierre Soulier. Aujourd’hui, on nous demande de prendre des compétences supplémentaires, il faut bien embaucher des agents. » Mutualiser avec les communes ? Outre les problèmes politiques que cela pourrait poser, « ce ne sont pas les mêmes métiers et nous avons besoin de personnes à temps plein. C’est difficile de partager les agents ».

« Dans les petites collectivités, on est au plus juste, estime Valérie Cabecas. À Valette, on a une secrétaire quatre matinées par semaine. » « Il ne faut pas oublier que les collectivités ont de la dette, mais pas de déficit, enchaîne Christian Montin. On n’emprunte pas pour financer du fonctionnement, nos budgets sont à l’équilibre. »

Il griffe, paraphrasant Françoise Gatel, nouvelle ministre déléguée chargée de la Ruralité :

Dire que les collectivités territoriales creusent le déficit de l’État, c’est une faute professionnelle.

Aujourd’hui, pas d’inquiétude : les projets sont bouclés. Patrick Bergheaud a un carnet plein pour deux ans et peut s’appuyer sur de la commande privée en Corrèze. Pour Auvergne Sport, spécialiste des revêtements sportifs, la commande a été soutenue par les Jeux olympiques et là encore, le contexte est bon. Ensuite ? Les collectivités sont de tels clients qu’il semble difficile de voir leurs commandes disparaître, « on se dit qu’il y aura toujours de l’activité ».

C’est un enjeu. Des élus s’inquiètent de devoir activer le levier fiscal, d’autres de ne pas continuer à équiper leur commune. Ne pas soutenir la commande publique, pour Christian Montin, « c’est un mauvais calcul. Je pense que c’est entrer dans un cercle vicieux qui pourrait toucher les collectivités, mais aussi les entreprises qui travaillent pour elles ». Et donc le territoire.

Pierre Chambaud

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