“Niki”, un passage derrière la caméra réussi pour Céline Sallette
Il y a quelques années déjà, une photo de Niki de Saint Phalle choisie pour illustrer une interview avait impressionné les internautes, qui lui trouvaient une ressemblance frappante avec l’actrice québécoise. Il est vrai que l’un des grands points positifs du film est l’interprétation de Charlotte Le Bon, qui incarne effectivement l’artiste avec justesse, autant physiquement que moralement, de ses débuts en tant que mannequin à Paris à sa dépression nerveuse qui la conduira à séjourner en hôpital psychiatrique, puis à l’accomplissement de sa carrière artistique.
À travers une série de métaphores ophidiennes pour désigner le père de l’artiste et le venin indélébile qu’il a laissé dans le corps de sa fille, Céline Sallette fait également le choix de développer un drame plutôt méconnu de la vie de Niki, celui du viol incestueux qu’elle a subi dans son enfance et qu’elle cherchera plus tard à exorciser par la création.
On apprend avec étonnement le soutien constant de son mari dans son travail de guérison comme dans sa carrière, car sans omettre l’omniprésence du patriarcat dans les années 1960, la cinéaste insiste aussi sur certains exemples rafraîchissants de bienveillance masculine comme, entre autres, celle du sculpteur suisse Jean Tinguely, interprété par Damien Bonnard. En sa qualité de premier film, Niki n’est certes pas exempt de maladresses : certaines tournures scénaristiques sont parfois trop attendues, comme lorsque Niki casse une assiette par inadvertance et se sent soudainement inspirée par les débris. Mais Céline Sallette réussit malgré tout le pari du biopic, car Niki nous laisse dans l’âme une certaine empreinte de l’artiste et le désir de s’y intéresser davantage.
Niki de Céline Sallette, avec Charlotte Le Bon, Damien Bonnard, Judith Chemla (Fr., 2024, 1 h 38). En salle le 9 octobre.