Le procès des saccageurs est ouvert
La crise démocratique amorcée en 2005 a contaminé la classe dirigeante. Le destin de la France ne peut être abandonné aux idéologues d’un monde plat et indifférencié. Seuls les Français ordinaires, en passe de se libérer des fanatiques du grand marché uniformisé, ont conservé l’instinct de survie.
Michel Barnier résistera-t-il longtemps à la colère française ? Elle s’alimente d’un demi-siècle de maltraitance infligée à la classe moyenne par des dirigeants convertis à la révolution mondialiste, et celle-ci rend l’âme. La constitution du gouvernement, le 21 septembre, autour des perdants des législatives (la Macronie, les LR) ne calmera évidemment pas les frustrations des citoyens méprisés. D’autant qu’une partie des 47 députés LR affiliés au Premier ministre ont été élus avec l’appui de la gauche, à l’issue d’un front anti-RN qui n’a réussi, en boomerang, qu’à introniser Marine Le Pen en arbitre de la vie politique. Comment croire que les quelque 11 millions d’électeurs qui ont voté pour le Rassemblement national aux législatives, et les 7 millions qui ont choisi le Nouveau Front populaire, puissent accepter d’être écartés par une coalition de coucous, ces oiseaux qui pondent dans le nid des autres ?
La crise démocratique, amorcée en 2005 avec le refus des élites postnationales de suivre les citoyens dans leur rejet par référendum d’une suprématie européenne, est un poison qui a contaminé la classe dirigeante. La clé du destin de la France ne peut être chez les idéologues d’un monde plat et indifférencié. Seuls les Français ordinaires, en passe de se libérer des fanatiques du grand marché uniformisé, ont conservé l’instinct de survie. La gauche a reproché à Barnier, lors de sa passation de pouvoir le 5 septembre, d’avoir parlé des « gens d’en bas » dont il disait vouloir entendre les suggestions. Les lyncheurs habituels ont feint d’y voir un mépris de classe. En réalité, c’est cette nation vulnérable des modestes et des parias, abandonnés par le progressisme déraciné au profit des minorités exotiques, qui a lancé la révolte contre ceux d’en haut.
Cette colère française, qui réveille des esprits anesthésiés par la morphine des faux humanistes, a pris le visage d’une femme en larmes accusant ses bourreaux : Harmonie Comyn, la femme d’Éric Comyn, officier de gendarmerie tué par un chauffard multirécidiviste cap-verdien lors d’un contrôle routier à Mougins (Alpes-Maritimes) après un refus d’obtempérer. Le 29 août, lors de l’hommage à son mari, l’épouse a dénoncé l’abandon de l’État, cette lâcheté ressentie par beaucoup : « La France a tué mon mari, par son insuffisance, son laxisme et son esprit de tolérance. » Pour elle, « 1981 n’aurait jamais dû exister », c’est-à-dire l’avènement de l’angélisme humanitaire qui poussa Robert Badinter, dès son arrivée au ministère de la Justice en juin 1981, à faire libérer 40 % des détenus, avant d’abolir la peine de mort. Cette mise en cause des puissants, portée par une femme de militaire, a dépassé la détresse d’une veuve. Harmonie Comyn est devenue la porte-voix d’un malheur collectif. Son réquisitoire a rejoint celui des citoyens trahis. Ceux-ci entendent demander des comptes aux irréfléchis qui ont conduit le pays dans cette faiblesse sécuritaire, identitaire, sociale, économique. Le procès des saccageurs est ouvert.
La rébellion des invisibles n’est d’ailleurs pas propre à la France. Le phénomène parcourt l’Occident, dont ses stratèges se sont perdus dans l’autodissolution universaliste et la naïveté face à l’islam remplaciste. Une même colère entraîne Donald Trump vers une possible victoire contre l’establishment américain, en novembre. Lors de son premier discours, le 17 juillet, son colistier, le sénateur J. D. Vance, s’est posé en porte-parole des déclassés. En Allemagne, les victoires de l’AfD en Saxe et en Thuringe, préludes à une envolée de ce mouvement anti-immigration et anti-islam, ont poussé le chancelier Olaf Scholz à réintroduire, le 16 septembre, des contrôles aux neuf frontières du pays. En 2015, Angela Merkel avait été louangée (« Mère Angela ») pour avoir accueilli, dans l’esprit de Maastricht (1992), plus d’un million de réfugiés musulmans, important avec eux l’antisémitisme coranique. En Grande-Bretagne, les émeutes de Southport contre les immigrés, en août, ont révélé l’exaspération d’une population confrontée à un gouvernement conservateur qui a laissé venir en 2023 près de 700 000 exilés ! Le choix de libérer 5 500 prisonniers, afin de faire place aux condamnés des insurrections, va aggraver la rage anglaise. Elle puise aussi sa source dans l’omerta imposée, au nom de l’antiracisme, sur les viols de milliers de jeunes Blanches, à Telford, Rotherham et Rochdale, livrées à des réseaux musulmans pakistanais de 1980 à 2010.
Les faits sont là : le progressisme sectaire et ses utopies sans-frontiéristes s’effondrent. Même l’abbé Pierre, béatifié par le camp du Bien qui connaissait ses vices, se dévoile dans ses turpitudes dénoncées par 24 femmes. C’est la faillite morale des révolutionnaires prolophobes et islamophiles que révèle (enfin !) François Ruffin, député ex-LFI de la Somme, en rompant avec Jean-Luc Mélenchon, dont il rappelle les propos tenus en 2012 à l’encontre des habitants d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) : « On ne comprenait rien à ce qu’ils disaient », « ils transpiraient l’alcool dès le matin », « ils sentaient mauvais », etc. Quand Mélenchon dit, en marge de la manifestation du 7 septembre contre Barnier : « Il faut mobiliser les jeunes et les quartiers populaires, tout le reste, laissez tomber, on perd notre temps », il confirme son dégoût des Français blancs, pour leur préférer les Maghrébins et les Africains islamisés, invités à construire la France « créolisée ».
Il est possible que l’histoire, conduite depuis cinquante ans sous la tyrannie souriante d’une caste rêvant de village planétaire, aille vers une disparition des autochtones occidentaux : en 2019, les femmes immigrées faisaient en moyenne 3,27 enfants contre 1,66 pour celles nées en France (Nicolas Pouvreau-Monti, Le Figaro, 13 septembre). En attendant, bien des Français bernés ont le sentiment d’avoir à se défendre de leurs dirigeants somnambuliques s’ils veulent survivre et inverser les courbes. Barnier, qui avait promis « des ruptures », a dû laisser une fade Macronie reprendre ses places dans son gouvernement. Ce signal est décevant. Osera-t-il, avec Bruno Retailleau (LR) à l’Intérieur, s’attaquer à l’immigration et à l’islamisme qui menacent la paix civile, ainsi qu’au désendettement de la nation épuisée ? Sans courage, l’échec est inscrit.
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