Japon: le parquet ne fait pas appel de l'acquittement d'un condamné à mort
Le parquet "a décidé de ne pas faire appel de la décision prise par le tribunal du district de Shizuoka le 26 septembre" qui a innocenté M. Hakamada, a annoncé la procureure en chef Naomi Unemoto dans un communiqué.
Après un long combat judiciaire mené principalement par sa sœur, Iwao Hakamada, 88 ans, avait été déclaré fin septembre innocent du quadruple meurtre pour lequel il a passé 46 ans dans le couloir de la mort, ce qui l'a affaibli physiquement et psychologiquement.
Le juge a estimé que des éléments de preuve contre M. Hakamada avaient été "fabriqués", et jugé que les interrogatoires qu'il a subis étaient "inhumains" et visaient à infliger une "douleur physique et mentale" ainsi qu'à obtenir "des déclarations sous la contrainte".
Ancien boxeur devenu employé dans une entreprise de fabrication de miso (soja fermenté), Iwao Hakamada était accusé d'avoir assassiné en 1966 son patron et trois membres de la famille de ce dernier. Il avait été condamné à la peine capitale deux ans plus tard.
Après des décennies de bataille judiciaire et de décisions tantôt favorables, tantôt défavorables, M. Hakamada avait finalement obtenu un procès en révision, qui lui a permis d'être acquitté.
Le parquet, par le communiqué de Naomi Unemoto, s'est dit mardi "profondément mécontent" que le tribunal ait jugé que des éléments de preuve avaient été fabriqués. "La décision (de la cour) est absolument inacceptable et devrait être considérée comme méritant un appel", a écrit la magistrate.
Mais étant donné que M. Hakamada a été "placé dans un flou juridique depuis si longtemps, nous avons décidé, après une réflexion approfondie, qu'il n'était pas approprié de prolonger cette situation en faisant appel", a-t-elle poursuivi.
Le Japon et les États-Unis sont les seuls pays du G7 à pratiquer encore la peine capitale. Celle-ci bénéficie d'un fort soutien de l'opinion publique dans l'archipel, où son abolition est rarement évoquée.
Iwao Hakamada est le cinquième condamné à mort à bénéficier d'un procès en révision au Japon depuis l'après-guerre. Les quatre affaires précédentes ont également abouti à des acquittements.
La dernière exécution au Japon, celle d'un homme de 39 ans condamné pour avoir tué sept personnes dans la rue à Tokyo, remonte à 2022.
nf-tmo-stu-mac/jug/jnd/mdv