Il avait touché la poitrine de son assistante sociale : un trentenaire reconnu non coupable dans l'Allier
« La matérialité des faits est vérifiée », relève Christian Magret, procureur de la République de Montluçon, ce mardi 8 octobre, devant le tribunal correctionnel. « Mais j’ai plus de mal avec l’intention coupable », poursuit le magistrat, au moment de requérir une peine à l’encontre d’un Afghan de 34 ans, réfugié, qui comparaît pour agression sexuelle.
C’était le 12 avril 2023, au Cada (Centre d’accueil des demandeurs d’asile) de Montmarault où il résidait depuis septembre 2020. Il est aujourd’hui logé dans une association de Varennes-sur-Allier.
« Choc psychique » établi par le certificat médicalCe jour-là, lors d’un entretien avec son assistante sociale, comme il en a deux à trois fois par semaine, il se lève « subitement », puis s’avance vers elle avec les mains en avant, décrit la victime. Il lui touche la poitrine et tente de l’embrasser.Ses cris alertent une collègue et le beau-frère du prévenu, qui met fin à la scène. Au téléphone, l’interprète a tout entendu. La victime n’est pas partie civile, mais « le choc psychique » a été lourd. Un certificat médical l’atteste.
Troubles neurologiques depuis une attaque des talibansÀ la barre, le prévenu est confus. Il ne se souvient de rien, dit-il, mais il sait qu’il n’était « pas bien ce jour-là ». Il bégaie, répond à côté. Son interprète lui-même a du mal à le suivre. C’est que l’homme, handicapé à 80 %, souffre de graves problèmes neurologiques suite à un traumatisme crânien.
Une attaque de talibans, à l’âge de 17 ans, a décimé une partie de sa famille. Lui, a subi un coma et une hospitalisation d’un peu plus de dix-huit mois. La liste des séquelles est longue, de l’épilepsie aux problèmes de concentration et mémoire.Et en mai 2023, il a subi un AVC. L’expert psychiatre n’évoque aucune dangerosité psychiatrique ni criminologique, et explique son geste par une difficulté de compréhension des codes de l’Occident.
Questions sur « sa compréhension générale des choses »Un argument « insoutenable » pour le parquet : « On ne peut pas invoquer une forme de relativisme culturelle. C’est grave. Et pourquoi lui dénier [au prévenu] sa capacité à comprendre ? Pour autant, c’est au niveau de sa compréhension générale des choses que je me questionne. »
Il demande un complément d’information judiciaire, avec une nouvelle expertise, ou, à défaut, une relaxe. Le tribunal choisira la relaxe.
Seher Turkmen