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Aurore Bergé, une étoile pâlie en macronie

A 37 ans, la députée des Yvelines, issue de la droite, est mise en cause pour des propos tenus sous serment en tant que ministre, le 30 avril, devant une commission d'enquête parlementaire sur le modèle économique des crèches. La gauche lui reproche d'avoir menti à cette occasion sur ses liens avec une lobbyiste des crèches privées - ce que Mme Bergé dément.

Depuis son élection à l'Assemblée nationale en 2017, cette ancienne communicante professionnelle, à l'aise sur les plateaux de télévision pour porter l'estocade contre les Insoumis ou le RN, s'était imposée en première ligne de la macronie, quitte à forcer quelques portes.

Jusqu'à devenir présidente de son groupe politique au Palais Bourbon, de juin 2022 à juillet 2023, puis ministre, jusqu'en septembre 2024.

Redevenue "simple" députée depuis la formation du gouvernement Barnier, elle n'occupe aucune fonction particulière dans le groupe dirigé par Gabriel Attal, avec qui les relations se sont rafraîchies, comme l'illustre notamment le choix de Mme Bergé de soutenir Elisabeth Borne, plutôt que M. Attal, pour la tête du parti Renaissance.

Elle reste "une députée médiatique, connue, reconnue pour son travail et son engagement", mais "elle est aujourd'hui une députée avec le même poids que tous les autres" au sein du groupe EPR, commente auprès de l'AFP sa collègue Prisca Thevenot, ancienne porte-parole du gouvernement Attal.

Son passage au gouvernement, qu'elle avait ouvertement réclamé - elle sera d'abord chargée des Solidarités et des Familles, puis à partir de janvier 2024 de l'Egalité entre les femmes et les hommes - l'a "dévitalisée", estime un autre député. Depuis, à l'Assemblée, "son étoile a pâli", ajoute cet élu.

Lors de la précédente législature, cette fille de comédiens - son père, récemment décédé, était la voix française de Sylvester Stallone -, a régulièrement assumé des positions tranchantes, voire des coups médiatiques, au risque de crisper ses alliés de la majorité d'alors, des élus Horizons et Modem parfois pris de court.
Libérale et féministe
Décrite par ses pairs comme "très, très clivante", "autoritaire", "dans l'auto-promotion", ou ne "servant que ses potes", cette "professionnelle de la politique" était également louée par d'autres élus qui lui reconnaissaient "du talent" et une "poigne", une capacité "un peu bulldozer" à "tenir le groupe". Elle "sait décider vite et bien, et est très courageuse", soulignait une élue.

En octobre 2019, elle avait créé la polémique dans son camp, se disant prête à voter une proposition de loi d'Eric Ciotti (alors LR, mais aujourd'hui allié au Rassemblement national) sur l'interdiction du voile pour les accompagnantes scolaires.

Avant de se rallier à Emmanuel Macron en 2017, ses affinités successives - pour Nicolas Sarkozy, François Fillon et Alain Juppé - lui avaient déjà valu une réputation d'ambitieuse, voire d'opportuniste.

La macroniste, formée à Sciences Po Paris et engagée très jeune à droite, défend par ailleurs une vision stricte de la laïcité.

En tant que ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, elle a crispé en évoquant l'idée de couper les subventions aux associations féministes ayant tenu des "propos ambigus" sur l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. Avant de reconnaître qu'aucune association financée par l'Etat ne pouvait prêter le flanc à un tel reproche.

L'épisode a laissé des traces parmi les militantes féministes, certaines ayant "mal vécu" ce "mauvais procès" et cette manière de "semer le doute" sur leur engagement, analyse la présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert.

Mais Aurore Bergé a toujours affirmé suivre la même ligne directrice, "libérale" et "européenne", mais aussi "féministe" et "progressiste". En 2013, elle avait ainsi pris position pour le mariage pour tous, à rebours de la majorité de son camp. Et son engagement pour inscrire le droit à l'IVG dans la Constitution a été apprécié parmi les défenseurs des droits des femmes, souligne Mme Mailfert.

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