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Harris sort des clous de la campagne avec un raid médiatique atypique

La candidate démocrate a enchaîné des interviews très différentes, sur des supports très différents, après avoir évité pendant des semaines les médias, sujet sur lequel son rival Donald Trump ne cessait de la tacler.

Du podcast "Call Her Daddy", très populaire auprès des jeunes femmes, à l'incontournable émission politique "60 minutes" sur la chaîne CBS en passant par celle, au ton beaucoup plus léger, de l'animateur phare Stephen Colbert, la vice-présidente était partout.

L'occasion pour elle de cibler un public bien précis, en particulier les jeunes et les femmes, alors que les Américains délaissent de plus en plus les médias dits traditionnels

"Ce plan me semble tout à fait logique", a réagi sur MSNBC l'ancienne porte-parole de la Maison Blanche Jean Psaki, rejetant les critiques selon lesquelles la candidate démocrate ne serait confrontée qu'à des questions faciles.
Fan de Lewis Hamilton
Son interview dans "Call Her Daddy", avec des discussions franches sur la sexualité et la santé mentale, est "bien plus précieuse que n'importe quelle interview dans un média plus traditionnel", estime l'ancienne porte-parole de Joe Biden.

En 2023, ce podcast était classé deuxième dans les écoutes de l'année sur Spotify et premier auprès des femmes.

Kamala Harris y est apparue sereine, bien loin de la tension que l'on a pu ressentir chez elle dans de précédentes interviews.

La candidate de 59 ans y a parlé de protection de l'avortement et fustigé les remarques sexistes de son rival Donald Trump, affirmant qu'il était "vraiment important de ne pas laisser les autres vous définir".

L'animatrice du podcast Alexandra Cooper a toutefois été critiquée par des auditeurs pour avoir emmené son émission sur le terrain politique, nouvelle illustration d'une Amérique ultrapolarisée.

A sa façon, Trump a fait pareil dans cette campagne en s'invitant sur des médias non traditionnels, notamment des podcasts de droite populaires chez les jeunes hommes, ou en échangeant avec Elon Musk sur le réseau social du milliardaire, X.

Mais Harris a montré qu'elle avait aussi sa propre sphère médiatique.

Avec l'animateur radio Howard Stern, qui l'a qualifiée mardi de "géniale" et lui a demandé de "mettre fin à ce cauchemar" en battant Trump, Harris a parlé de son goût pour les céréales de son aux raisins, de ses exercices physiques matinaux effectués en regardant une émission politique de gauche et du fait qu'elle est fan du pilote britannique de Formule 1 Lewis Hamilton.
"Thérapie"
Le lendemain, Trump a attaqué l'animateur sur son réseau Truth Social, disant qu'il s'était "ridiculisé dans sa lamentable émission radio" en posant "tellement de questions gentillettes" que même Harris en "était gênée".

Mais la démocrate a parlé de sujets sérieux. Sur le plateau du "Late Show" de Stephen Colbert, elle a été poussée à s'exprimer sur la guerre que mène Israël à Gaza. Et les républicains l'ont vivement critiquée pour avoir dit sur ABC qu'elle n'aurait rien changé aux décisions politiques de Joe Biden.

Selon Kenneth Miller, professeur en science politique à l'université du Nevada, à Las Vegas, les médias non traditionnels sont de plus en plus un bon moyen pour un candidat de faire comprendre son programme aux électeurs.

"Franchement, les médias traditionnels posent de mauvaises questions", dit-il à l'AFP.

"Trump cherche des médias amicaux", poursuit-il, alors qu'"Harris cherche des médias qui lui donnent accès aux électeurs dont elle a besoin, notamment les moins de 50 ans et les indépendants". Et les candidats "apprécient" ces canaux, selon lui.

Harris a d'ailleurs confié mardi à Howard Stern que cette séquence médiatique particulière en pleine campagne était "une sorte de thérapie" pour elle. Quelques heures plus tôt, Trump assurait, lui, sur une radio de Los Angeles: "Vous savez ce que c'est pour moi? Une thérapie."

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