La mise en garde d'Edouard Philippe, Michel Barnier n'envisage pas 2027 sauf si...
C’est fou comme la dissolution a vraiment tout clarifié ! Ce second quinquennat est décidément à nul autre pareil. Le gouvernement Attal est déjà tombé, les élections européennes sont à peine terminées que le président décide de convoquer des élections législatives. Avec le résultat qu’on connaît… Et quelque soixante jours plus tard, voici Michel Barnier à Matignon. Pour combien de temps ?
Comment on s’appelle, déjà ?
Le parti présidentiel doit tenir son congrès prochainement, et renouveler. Mais au fait, quel est son nom ? En marche, La République en marche, Renaissance, Ensemble pour la République… "On ne sait même plus comment on s’appelle, pointe l’ancienne ministre Aurore Bergé. Quand on change de noms tous les ans, ça dit quelque chose sur notre problème d’identité."
Barnier 2027
On compte, dans l’entourage de Michel Barnier, quelques optimistes éhontés. Parmi eux, un député Droite républicaine et visiteur du soir de Matignon qui, manifestement, suit assez peu l’actualité et les tensions qui vont grandissantes entre le Premier ministre et l’ancienne majorité.
Ainsi, cet heureux homme déclare : "Michel ouvre le chemin vers une candidature commune droite et centre. Il pourra dire ‘Regardez, nous avons travaillé ensemble pendant deux ans !’" Certes, mais il ne pourra pas ajouter : "Et cela s’est très bien passé !" Qu’importe pour ce proche de Barnier qui conclut : "Je pense que dans la tête de Michel, il n’y a pas l’option 2027… Sauf s’il réussit."
Edouard Philippe est "méchant"
De l’aveu de ses proches, les débuts n’ont pas été simples entre Edouard Philippe et le nouveau Premier ministre. L’ex de Matignon a jugé que les membres de son parti Horizons étaient lésés dans cette nouvelle organisation gouvernementale. Ce qui lui a inspiré cette mise en garde, formulée en privé : "Je suis un Normand, je suis méchant." Et s’il en fait la démonstration, Barnier le Savoyard sera-t-il revanchard ?
Migaud sauvé des eaux
En 2013, Delphine Batho, ministre de l’Ecologie, était virée en une demi-journée du gouvernement pour avoir jugé "mauvais " son budget. Autant dire que la sortie du garde des Sceaux Didier Migaud - il a estimé, mardi devant les députés, que le budget de la justice ne serait pas "satisfaisant" - a fait froncer quelques sourcils. La chancellerie s’est empressée de préciser que c’est "la lettre plafond présentée cet été" qui "ne peut pas être considérée comme satisfaisante" et que le ministre "fait confiance à l’arbitrage" de Michel Barnier pour le budget 2025 de la justice.
L’heure de Lecornu
Son modèle s’appelle Pierre Messmer, resté plus de neuf ans à la Défense (avant d’être Premier ministre…). Sébastien Lecornu cite d’ailleurs ses Mémoires, Après tant de batailles, dans le livre qu’il publie cette semaine, Vers la guerre ? (Plon).
Maintenu dans ses fonctions malgré quelques vents contraires (Michel Barnier a proposé son portefeuille à Bernard Cazeneuve), il défend mordicus la prééminence du chef de l’Etat en matière militaire, mais il a participé aux deux premières réunions gouvernementales autour de Michel Barnier, fin de septembre. "Quand Gabriel Attal était à Matignon, Lecornu se faisait presque systématiquement porter pâle", raconte un ministre du gouvernement précédent.
Les actes manqués d’Olivier Faure
Le Parti socialiste est entré en zone de turbulences, prière à ceux qui en font de soigner leurs tweets ! Olivier Faure, en déplacement à Lomme pour la rentrée politique du PS Nord, s’est fendu d’un message sur X pour remercier l’intégralité des organisateurs et cadres de la section régionale, qui lui est fidèle.
En omettant tout de même de mentionner un baron du Nord : Patrick Kanner, le président des sénateurs socialiste et opposant interne, tendance Nicolas Mayer-Rossignol, au Premier secrétaire. Kanner n’a, de toute façon, pas attendu le discours du patron des roses pour prendre son train, direction La Réole, pour la rentrée politique de Raphaël Glucksmann.
Tragicomédie au NFP
Mercredi 9 octobre, les députés de trois commissions permanentes (affaires sociales, affaires étrangères, affaires économiques) devaient élire leur président… Et c’est le macroniste Frédéric Valletoux qui a chipé le poste aux affaires sociales, convoité par les socialistes qui présentaient, eux, Jérôme Guedj. Ce dernier n’a pu être élu, la faute aux insoumis qui ont préféré voter blanc… Entre ceux-là et le député PS de l’Essonne, depuis le 7 octobre 2023 et les sorties polémiques de Mélenchon et des siens (dont il a été la cible privilégiée), la guerre n’a de cesse.
Les socialistes se doutaient que les insoumis ne voteraient jamais pour Guedj et avaient d’ailleurs, en premier lieu, décidé de présenter un candidat plus "NFP compatible" : Arthur Delaporte, député du Calvados. C’était sans compter les éternelles inimitiés au sein du PS… Des députés socialistes proches de Delga et Mayer-Rossignol (éternels opposants à Faure) lui ont préféré Guedj au dernier moment, jugeant Delaporte comme trop proche du Premier secrétaire et de l’union avec les insoumis. Une alliance presque inconsciente entre des socialistes anti-LFI et des insoumis qui ont permis à la gauche de perdre la tête de la présidence de la commission des affaires sociales et de l’offrir sur un plateau d’argent aux macronistes. Mon Dieu, gardez-moi de mes amis…
Budget : le 49.3, c’est pour quand ?
Personne n’en doute. Le gouvernement n’aura pas d’autre choix que de recourir à l’article 49.3 pour faire adopter le prochain budget. La macronie s’interroge plutôt sur le calendrier de son activation. Faut-il appuyer vite sur le bouton, au risque de subir un procès en autoritarisme ? Ou laisser vivre le débat, quitte à subir des défaites ? Le bloc central penche souvent pour la première option. "Cela ne doit pas trop tarder. Car le gouvernement devra alors expliquer pourquoi sa version définitive s’éloigne de celle issue des débats", note un député. "Je sens un 49.3 après les recettes, car il faudra beaucoup couper dans les dépenses", note un autre.