La force du message

Ceux qui, à Charlie, au Bataclan, ont survécu aux assauts de l’obscurantisme, leurs proches grièvement blessés par le ricochet de ces absurdités, ont écrit des mots d’une rare humanité. Comme ceux criés dans le silence de la plume par Antoine Leiris jeune père et amant veuf : « vous n’aurez pas ma haine ». À Arras, Frédéric Alexandre le dit en écho « Ils n’auront pas notre peur ». Tous ces mots que l’on dirait de chagrin bravache sont la même expression de la civilisation. De ce tout ce que l’Histoire, l’éducation, le cœur de nos parents nous apprennent. De la capacité à vivre ensemble, à faire société. Même dans l’adversité, même dans la diversité, pour se distinguer de la barbarie, de la colère qui rend aveugle. Tous ces mots rendent vaines les agressions aussi sordides soient-elles. Ils transportent en murmure incessant le triomphe de la culture sur l’ignorance. En créant un prix littéraire de nouvelles, écrites par les adolescents, pour faire vivre les valeurs incarnées par son mari, Isabelle Bernard a ajouté à la force du message.

l’éditorial

Sophie Leclanché