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Un curieux manège

Habitué aux joutes médiatiques, hier comme dirigeant communiste, aujourd’hui comme chroniqueur politique, Olivier a des tripes et du cœur quand il s’agit de défendre ses idées. «J’aime qu’on me contredise!» pourrait être sa devise.


Tourne. Tourne. Tourne. Depuis plus de soixante jours, le manège politico-médiatique tourne sur lui-même. De la soirée électorale du second tour des élections législatives à aujourd’hui, j’ai participé à ce carrousel. Débats télés, radios, tweets, billets… Un œil rivé sur le fil de l’AFP et sur les réseaux sociaux, l’autre sur la presse, les SMS et les groupes WhatsApp. Deux mois pour trouver un Premier ministre : qui de Castets, Cazeneuve, Bertrand, Beaudet, Baroin ou alors un profil plus techno ? Un grand serviteur de l’État ? ALERTE ! On a vu Larcher sortir discrètement par la grille du Coq de l’Élysée.

Tourne. Tourne. Tourne. Barnier ! Alors le carrousel s’est emballé pour décrire la passation de pouvoirs entre « le plus jeune » et « le plus âgé ». Il y a eu le moment où le Savoyard madré a réglé son compte au jeune marquis courroucé. « Cela laissera des traces », ont dit des petits chevaux du manège. « Après le soutien sans participation de LR, va-t-on sur la participation sans soutien du groupe macroniste ? », ont dit les autres.

Tourne. Tourne. Tourne. Nous venons d’assister, depuis début juillet, à une spectaculaire sécession de la classe politique, quasiment dans son ensemble, ainsi que de la classe médiatique vis-à-vis du pays réel. Certes, quand ils sont consultés, les citoyens continuent de répondre aux instituts de sondage. Ce qui peut donner l’illusion d’une connexion avec le carrousel. Mais rien de tel. L’écrasante majorité a très vite détourné le regard. Après le « a voté » du dernier dimanche électoral, de nouveau, rien n’a changé. Le macronisme est encore plus à droite, sa pente naturelle, quand le pays regarde ailleurs. Il est faux de dire et de répéter que la France est à droite quand un examen sérieux des différentes enquêtes d’opinion au cours des dernières années démontre, à chaque fois, l’exigence de justice sociale et d’égalité. Voyez la réforme des retraites ! Et l’immigration ? La sécurité ? La gauche devrait prendre d’autant plus ces questions à bras-le-corps pour ne pas les laisser à d’autres qui, dans le même temps, encouragent à une nouvelle saignée budgétaire des services publics pourtant indispensables à la mise en œuvre des missions de l’État.

Tourne. Tourne. Tourne. J’ai souvenir du manège lors de la campagne référendaire de 2005 sur le traité constitutionnel européen. Après Maastricht, qui a signé l’abandon de notre souveraineté, le peuple a très nettement dit « NON ». Le carrousel a voulu éjecter ceux qui ont dénoncé le passage en force, le déni de démocratie. À l’aune de cette rupture et du choix majoritaire du peuple souverain, il ne peut y avoir de « cohabitation », ni même de « coexistence exigeante » entre Macronie et LR. Ils sont d’accord sur l’essentiel. Une nouveauté cependant : le RN a décidé d’accepter le jeu, de ne pas s’opposer à Barnier, ancien commissaire européen. Le RN est désormais sur le manège qui tourne.

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