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Le collectif de la narse de Nouvialle lance une pétition à destination du Premier ministre

Le compteur ne finit pas de s’emballer. À Ussel, sur le bord de la très empruntée route départementale 926, qui relie Saint-Flour à Murat, au pied des drapeaux flottants installés il y a un an, deux compteurs affichent en temps (presque) réel le nombre de signatures enregistrées par le collectif pour la narse de Nouvialle depuis le lancement de sa nouvelle pétition. Il y a une quinzaine de jours, les membres actifs de l’association, forte de 3.200 adhérents, ont en effet décidé de passer à la vitesse supérieure. « On ne va pas attendre que l’industriel [Imérys, ndlr] avance ses pions et dépose son dossier de demande d’exploitation, qu’on attend d’ailleurs depuis près de 30 ans. Aujourd’hui, c’est nous qui posons notre calendrier », expliquait Anthony Marque, l’un des porte-parole du collectif, lors d’un point d’étape des actions. Un de plus, car « au collectif, il se passe toujours quelque chose », affirmait Géraud Prolhac.

Main dans la main  pour l’avenir

À peine la quatrième fête de la narse terminée le 1er septembre dernier, « on réenclenche sur un rythme d’animations et de communication, car on est toujours mobilisés », assurait-il. « Et déterminés », ajoutait Anthony. En témoigne le nombre d’adhérents qui ne cesse d’augmenter, et, c’est ce qui fait la force du mouvement, du soutien de tout un territoire. Des habitants aux élus locaux, à l’image de Saint-Flour communauté qui « n’adhère pas au collectif mais qui est à ses côtés », précisait sa présidente, Céline Charriaud, en passant par les agriculteurs, « qui façonnent la narse en entretenant le site », rappelait Christophe Grèze, ou les associations comme les fédérations de pêche et de chasse du Cantal, la LPO, France Nature Environnement Cantal, la fédération départementale de randonnée.

« Ça montre la diversité de notre collectif mais aussi l’unité de ce mouvement en faveur de la préservation de ce milieu. Nous sommes comme une grande famille »

Sabine Boursange, directrice de la LPO Auvergne, saluait, elle aussi, l’union et la réunion des différents acteurs du territoire autour de la narse de Nouvialle. « Nous avons une culture commune et des projets communs », expliquait-elle, « persuadée qu’on y arrivera. On fait partie du combat depuis le départ. On est toujours là en 2024 et dans 30 ans, on sera toujours là ». Également convaincue « qu’on peut faire rimer nature, agriculture, culture et futur ».Le compteur du nombre de signatures, visible depuis la route départementale, ne cesse de grimper, et est réactualisé chaque jour.Autant de composants qui font la richesse de ce site « qu’il est, selon Gilbert Chevalier, maire de Tanavelle, indispensable de préserver, pour nos enfants, nos petits-enfants et les générations futures ». Et Céline Charriaud de certifier que « le projet de territoire de Saint-Flour communauté est incompatible avec le projet de carrière », tant au niveau environnemental que touristique, agricole, économique ou patrimonial.

À la vitesse supérieure

Face à cet élan de mobilisation massive et ce soutien tous azimuts, et parce que les enjeux de sauvegarde de l’une des plus grandes zones humides d’Auvergne sont immenses, comme l’ont rappelé les élus et acteurs du territoire mercredi, le collectif a donc décidé, cette fois-ci, d’interpeller directement le gouvernement. Via une pétition en ligne qu’il souhaite remettre à Michel Barnier, Premier ministre. Et le message est clair : « Nous vous demandons aujourd’hui de respecter les engagements de la France pour la préservation des zones humides et faire prévaloir leur intégrité sur tout projet d’exploitation intensif et industriel ! ». Et de détailler : « nous vous demandons l’application stricte du code de l’environnement qui énonce que “la préservation et la gestion durable des zones humides sont d’intérêt général”, mais également le respect de la convention internationale Ramsar pour la préservation des zones humides, et les engagements pris par l’État dans le cadre du plan national zones humides 2022-2026 ».

L’occasion également de pousser l’État à s’interroger sur la pertinence des usages de la diatomite. « L’ouverture d’une nouvelle carrière de diatomite, roche sédimentaire siliceuse, n’est pas nécessaire ! Utilisée majoritairement pour la filtration des liquides alimentaires (bières, jus, huile, vin…), la diatomite est largement substituable par d’autres techniques déjà éprouvées », clament-ils.François Allary, président de l’association France Nature Environnement Cantal, insiste, lui, sur la portée territoriale de la pétition et n’y va pas avec le dos de la cuillère : « Elle s’adresse aussi aux élus de notre département pour leur rappeler qu’ils ont été élus pour défendre des principes d’intérêt général et pas d’intérêts particuliers. Dans ce cas de figure, ceux de l’entreprise Imerys ».Et tous de conclure en incitant « tout le monde à signer la pétition “Sauvons l’une des plus grandes zones humides d’Auvergne” pour enrayer ce projet destructeur ». 

La pétition est à retrouver sur le site du collectif  et ses réseaux sociaux.

Isabelle Barnérias

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