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Il est partout, à Brive et ailleurs : dans la peau d'un sac à dos Basic Fit, symbole d'un mastodonte du fitness

Si vous ne me croisez pas au moins une fois par jour, c’est que vous vivez sur une île déserte. Ceux qui me portent disent de moi que je suis "très pratique", que je suis "assez grand pour un ordinateur". J’étais noir avec des fermetures éclair orange, puis j’ai viré au gris. J’ai surtout le grand avantage d’être gratuit, enfin presque… Je suis l’un des plus gros coups marketing de ces dernières années.

Des pages sur les réseaux sociaux me sont entièrement consacrées. Je suis même revendu une dizaine d’euros sur les plateformes en ligne de seconde main. Je fédère une communauté de près de deux millions de personnes en France. Qui suis-je ? Je suis le sac à dos Basic Fit, chaîne de salles de fitness, créée aux Pays-Bas en 1984.

Mes débuts

"Ce sac, nous l’avons lancé en 2018", se souvient Fabien Rouget, "business manager France" au sein de l’entreprise. À l’époque, je ne suis pas fait pour durer. Je ne suis qu’une opération commerciale d’un mois. Mais ma popularité monte très vite en flèche. Pourquoi ? Je ne sais pas…

"Vu la demande, nous avons réfléchi à la poursuivre. On l’a relancé après le Covid, au moment de la réouverture des salles en juillet 2021, afin de faire revenir les membres. Aujourd’hui, le premier réflexe, lorsqu’un membre prend son abonnement, c’est de le demander", poursuit Fabien Rouget.

Mon quotidien

Si mon propriétaire n’est pas (ou plus) très assidu à la salle de sport, je reste toutefois sur son dos. Comme sur celui de Brigitte, 62 ans, qui m’a confié son maillot de bain, sa serviette et ses lunettes pour se rendre à la piscine de Brive. "Je me sentais un peu perdue dans cette salle. Quand on ne sait pas comment utiliser les machines, on peut vite se faire mal. Je n’y vais plus, mais j’ai gardé le sac à dos."

Je me balade aussi beaucoup sur le dos de Karim, 23 ans, Jean-Pierre, 64 ans ou encore Sofia, 37 ans… Sans pour autant transporter des t-shirts pleins de sueur. "On me l’a donné. Je l’aime bien même s’il fait de la pub pour une salle où je n’ai jamais mis les pieds", lance l’un d’eux.

Mes détracteurs

Tout le monde m’aime avec mes trois grandes poches ? Pas tout à fait. "Quand un client arrive avec un sac Basic Fit, on lui dit gentiment : 'tu me changeras ce sac'", raconte François Burg, fondateur d’Artemisia, salle de sport indépendante, ouverte il y a trois ans, à Malemort. On m’affuble même de petits sobriquets bien trouvés tels que "Basic Frite". Certains me trouvent "moche" comme Geordie Parsis. Mais le gérant du Giga Fit, à l’ouest de Brive, reconnaît que je suis "un très bon coup marketing".

Geordie Parsis a vu arriver Basic Fit juste en face de sa salle de sport en février 2018. "On a perdu une centaine d’adhérents, certains sont revenus. Ils attirent du monde dans la zone. Les clients comparent les deux salles. On ferait mieux sans, mais on fait avec. C’est un loueur de matériel. Le problème, c’est que ça fait fermer des salles indépendantes."

Mon système "low cost"

Je suis un innocent sac à dos mais je représente un mastodonte orange et gris qui compte près de 850 salles en France, dont quatre en Corrèze, à Brive, à Malemort et à Naves, fraîchement ouverte. "On est présent dans toutes les villes de plus de 30.000 habitants. On continue notre expansion", glisse Fabien Rouget.

Certains estiment le nombre de membres à plus de 3.000 pour chacun des Basic Fit de l’Agglo de Brive. Un chiffre que la firme n’a pas confirmé. "Ce n’est pas cher, alors ce n’est pas grave si je n’y vais pas, se disent les gens… Basic Fit travaille sur la masse. On est complètement opposé, constate François Burg d’Artémisia. C’est comme si vous compariez McDo et un étoilé. C’est du low cost. Et entre le low cost et le produit de luxe, il n’y aura bientôt plus rien."

Ce ne sont pas les seules critiques sur le système Basic Fit de la part des concurrents corréziens indépendants. N’en jetez plus, j’en ai plein le dos, je ne suis qu’un simple sac et comme dit mon grand patron René Moos : "On ne change pas un sac qui gagne".

Émilie Auffret

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