EN DIRECT - Suivez l'interrogatoire de Julien Odoul, au procès des assistants parlementaires du FN
L'ESSENTIEL Le procès des assistants parlementaires du FN s'est ouvert le 30 septembre. Vingt-six personnes, dont Marine Le Pen, sont soupçonnées d'avoir mis en oeuvre ou participé à un système de détournement de fonds européens. Julien Odoul, député de l'Yonne et porte-parole du parti, répond cet après-midi aux questions du tribunal. Il est mis en examen pour recel de détournement de fonds publics. La justice le soupçonne d'avoir été rémunéré par le Parlement européen, via un contrat d'assistant de l'eurodéputée Mylène Troszczynski, alors qu'il aurait en fait travaillé pour le cabinet de Marine Le Pen.LE DIRECT
14 h 55 | "L'ambition de Julien Odoul était de travailler pour Marine Le Pen"
"Il y a des éléments dans le dossier qui montrent que l'idée était que Julien Odoul devait travailler pour Marine Le Pen. Avez-vous été manipulée ?", interroge la présidente. "J'ai bien compris que l'ambition première de Julien était de travailler pour Marine Le Pen et que travailler pour une députée novice n'avait pas beaucoup d'attrait. On travaillait ensemble, Marine Le Pen était tête de la liste sur laquelle j'étais élue."
Bénédicte de Perthuis relance la prévenue en évoquant l'échange de sms entre Philippe Martel et Julien Odoul avant son embauche. "On a l'impression qu'on cherche un montage financier au cabinet de Marine Le Pen pour embaucher Julien Odoul et que vous avez été mise de côté ?"
"Je n'étais pas informée de ces échanges, répond Mylène Troszczynski. On travaille à faire grandir les idées. Moi je n'ai jamais travaillé pour le parti, j'ai travaillé à faire grandir les idées partout. On était au Parlement européen pour défendre nos idées politiques. Défendre nos idées, ça ne s'arrête pas le soir à 16 heures, ça demande des implications lourdes et je pense qu'on l'a fait."
14 h 45 | Quand se sont-ils rencontrés ?
"Quand avez-vous rencontré Julien Odoul pour la première fois ?", demande la présidente. "On s'est rencontrés à un congrès au Front à Lyon en novembre 2014", assure Mylène Troszczynski.
"À quel moment avez-vous pu parler ce que vous attendiez de lui ? On n'a pas trouvé de mail pour lui confier du travail", relance Bénédicte de Perthuis. "Là comme ça, je ne me souviens pas", indique l'ex-eurodéputée.
La présidente reprend en demandant clairement à Mylène Troszczynski quelles preuves de travail de Julien Odoul elle pouvait fournir. "J'ai essayé de faire un travail d'équipe, les collaborateurs travaillaient aussi ensemble", répond-elle, précisant qu'elle confiait des tâches à son assistant parlementaire accrédité qui travaillait avec elle à Bruxelles, et que celui-ci échangeait ensuite avec Julien Odoul. "Je lui ai demandé des notes, de rédiger les articles pour mon journal parlementaire. On a travaillé ensemble quand on se voyait au Carré et à Strasbourg. Il a réalisé des vidéos de prompteurs."
14 h 34 | Recrutement de Julien Odoul
"Vous avez procédé à un entretien pour recruter Julien Odoul?", demande Bénédicte de Perthuis.
"Non, pas au sens qu'on peut l'entendre", répond Mylène Troszczynski. "On m'a présenté son CV, en me disant que c'était quelqu'un de bien. Il avait déjà une petite expérience, et je trouvais ça bien. J'ai dit pas de souci."
La présidente la questionne sur le lieu de travail de Julien Odoul à Nanterre. "J'ai laissé M. Van Houtte gérer la rédaction du contrat avec M. Odoul, ils ont dû se coordonner pour le travail. Il n'était pas censé travailler à Bruxelles donc ça me concernait moins de décider où il travaillait."
Sur la rémunération de Julien Odoul, là encore Mylène Troszczynski explique s'être "laissé guider" par Charles Van Houtte. "J'étais incapable de dire quel grade, quelle expérience, correspondait à quel salaire."
La présidente du tribunal demande ensuite si l'élue avait rédigé une liste de missions à confier à son assistant. "C'était un peu standard et après on affinait. En octobre 2014, je ne savais pas que ferait un assistant parlementaire accrédité ou local, j'allais affiner au fil de l'eau."
14 h 24 | Pas de souvenir de la réunion de 2014
La présidente l'interroge sur la réunion de 2014 dans laquelle Marine Le Pen aurait, selon Aymeric Chauprade, indiqué aux députés que le parti ne demanderait pas de reverser une partie de leur indemnité, mais qu'en contrepartie, les députés pourront choisir un seul assistant et remettraient le reste de leur enveloppe au parti. "Est-ce que vous étiez présente à cette réunion ? Vous vous souvenez de ce qui a été dit ?"
"J'étais présente, mais on a assisté à la réunion de manière sporadique. Je me souviens de cette réunion, mais pour le reste j'ai aucun souvenir de ces propos", répond l'ancienne élue.
"À l'époque, on n'avait pas encore siégé en équipe, jusqu'à fin juillet, je me suis débrouillée tout de suite, je n'appréhendais pas du tout ce mandat, j'ai fait les démarches administratives ce jour-là. Quand je suis devenue élue, je n'étais pas à la hauteur, j'ai appris, et j'ai fini par être une bonne députée."
"Vous ne vous souvenez pas de consignes pour choisir les assistants parlementaires ?", interroge la présidente. "Je les ai choisis au fil de l'eau, mais je demandais conseil, Charles (Van Houtte, NDLR) connaissait très bien le Parlement et la façon de faire. J'étais incapable de me vendre moi, savoir combien il devait être payé, je ne le savais pas."
14 h 16 | "Je ne sais pas du tout ce que je dois faire"
L'ancienne députée explique avoir tout de suite voulu recruter des assistants parlementaires, en France et à Bruxelles pour l'aider. "Mais je pars de rien, je ne sais pas vers qui m'adresser. À Bruxelles, une députée m'appelle en me disant qu'il y a des CV sympas." Elle recrute un assistant pour Bruxelles, puis Julien Odoul, conseillé par Charles Van Houtte ou Ludovic De Danne. Elle explique qu'au début de son mandat elle ne sait "pas du tout" ce qu'elle doit faire.
14 h 03 | "Le soir de l'élection, je me retrouve députée"
Mylène Troszczynski est à la barre." En 2014, ça fait dix ans que je suis adhérente du Front, je travaille dans une entreprise privée à Paris. En 2010 je deviens conseillère régionale, et depuis 2004 je suis candidate à à peu près toutes les élections dans l'Oise. En 2014, après les municipales, Marine (Le Pen, NDLR) m'appelle et me propose d'être sur la liste des européennes. J'accepte. Le soir de l'élection, je me retrouve députée."
Elle explique avoir découvert "l'ampleur du mandat" en arrivant à Bruxelles et Strasbourg. "Je me suis dit que je n'étais pas à la hauteur, il y avait des gens bien plus capés que moi. Mais j'avais démissionné de mon job, je n'avais plus le choix."
14 h 03 | Des conversations retrouvées
Deux conversations par sms entre Julien Odoul et Philippe Martel, chef de cabinet de Marine Le Pen ont été retrouvées. Philippe Martel explique juste avant l'embauche de Julien Odoul : "ouf, c'est ok, montage financier dans une semaine. Tu seras peut-être pris en charge par le Parlement européen, ce qui est parfaitement neutre."
La présidente rappelle également le message envoyé par Julien Odoul à Marine Le Pen, quatre mois après son embauche, dans lequel il demande s'il peut se rendre à Strasbourg, pour rencontrer Mylène Troszczynski.
13 h 53 |Rappel des faits
La présidente rappelle que Julien Odoul apparaissait dans l'organigramme du Front national comme conseiller spécial au cabinet de Marine Le Pen. Sur son contrat d'assistant parlementaire, le lieu de travail de Julien Odoul était indiqué comme "télétravail" ou Nanterre au bureau local de la députée. Parmi les activités prévues dans le contrat : "organisation et mise à jour de l'agenda de la députée, gestion des appels et des courriers, traduction des rapports, revues de médias".
La présidente explique que "dans le cadre des investigations, certains éléments retrouvés laissent penser qu'il a travaillé pour le FN. Un contrat a été retrouvé, un bulletin de salaire, un certificat de travail." Un CV de Julien Odoul allant jusqu'à décembre 2015 a également été découvert, sans aucune trace de son expérience parlementaire, alors qu'il était lié par un contrat d'assistant depuis octobre 2014.
13 h 50 | Début de l'audience
Le tribunal va d'abord entendre Mylène Troszczynski, ancienne eurodéputée à qui été rattaché Julien Odoul entre octobre 2014 et juillet 2015. Elle est mise en examen pour détournement de fonds publics.
13 h 40 | Un procès suivi de près
Julien Odoul est très attentif depuis le début de ce procès. Présent lors de la première audience, le 30 septembre, il a assisté depuis à la majorité des débats. Il était notamment dans la salle, la semaine dernière, pendant deux des trois journées d'interrogatoire de Marine Le Pen.
En arrivant au tribunal ce mardi, Julien Odoul a brièvement confié être "prêt et tranquille".
13 h 35 | L'assistant devenu cadre
À l'époque des faits reprochés, entre octobre 2014 et juillet 2015, Julien Odoul est l'une des "petites mains" du Front national. Élu pour la première fois au conseil régional de Bourgogne Franche-Comté en 2015, le trentenaire a progressivement pris du galon dans les rangs du parti jusqu'à en devenir porte-parole. Julien Odoul est député depuis 2022, après avoir été réélu dès le premier tour aux législatives anticipées de 2024, dans la troisième circonscription de l'Yonne.
À partir de mi-septembre 2024, il est chargé par le parti "d'améliorer la détection et la formation" des futurs candidats aux législatives, en vue d'une nouvelle dissolution.
13 h 30 | Début de ce direct
Bonjour à tous, et bienvenue dans ce direct consacré à l'interrogatoire de Julien Odoul. Le député de l'Yonne est soupçonné d'avoir été rémunéré par le Parlement européen, en tant qu'assistant de l'eurodéputée Mylène Troszczynski, alors qu'il aurait en fait travaillé pour le cabinet de Marine Le Pen.
À Paris, Sophie Bardin