Aux éditions corréziennes Mille Sources, un lumineux portrait en creux de Coco Chanel

Gabrielle Chanel, dite « Coco », demeure la figure lumineuse, impétueuse et racée de la mode française. Peu diserte sur ses origines, la couturière, fondatrice de la marque Chanel, a su cultiver une part d’ombre pour que flamboie l’élégance et que vibre son aura. Dans un essai ramassé paru aux éditions tullistes Mille Sources, Nathalie Bernardie-Tahir nous montre Coco Chanel sous un autre jour à travers quelques années de sa vie déterminantes : son passage, alors orpheline, par l’abbaye cistercienne d’Aubazine.

Genèse d’une icône

Elle est alors toute jeune adolescente et Nathalie Bernardie-Tahir la cite évoquant des années plus tard cette blessure toujours à vif où les portes se referment sur elle : « On m’a tout arraché et je suis morte […] J’ai connu ça à 12 ans ; on peut mourir plusieurs fois dans une vie. » Déterminantes, nous dit l’autrice, ces années corréziennes le seront à la fois dans la constitution du caractère de l’immense créatrice de mode, mais aussi dans la genèse de son art de la couture. C’est dans cette vie d’ascèse, dans l’austérité des lieux, que la jeune Gabrielle forge son caractère en même temps qu’elle affûte son regard artistique.

L’ouvrage de Nathalie Bernardie-Tahir tient le lecteur en haleine en retraçant ces années tenues dans l’ombre, contraintes, mais aussi en décryptant la transcription que Coco Chanel avait bien voulue en faire. « Si j’ai le goût de l’ordre, des choses bien faites, des armoires avec du linge qui sent bon, des parquets bien frottés, je le dois à mes tantes », confiait la styliste. Et Nathalie Bernardie-Tahir de traduire, en invitant à lire « religieuses » à la place de « tantes ».

La tenue chiche des orphelines, elle aussi, constitué un socle d’émancipation fabuleux dans le silence appliqué de l’ouvroir, où Coco Chanel faisait silencieusement école de couture. Avec discernement et beaucoup de pudeur, l’autrice dévoile un peu - beaucoup - de Coco Chanel, « cerbère au féminin postée devant les portes de sa vie privée ».

Parution. Coco Chanel cette enfant d’Aubazine, Nathalie Bernardie-Tahir, éditions Mille Sources, 10 €.