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"La quartier des Paulines est aujourd'hui défiguré" : le patron du Caveau des Anges jette l'éponge

En presque quatorze ans, le Caveau des Anges est devenu une institution locale bien connue des amoureux de musique, de cafés littéraires ou de conférences philosophiques, artistiques ou scientifiques. Dans ce petit cocon cosy ont défilé des pointures du jazz à l’image du jazzman américain Abdu Salim, du batteur Ali Jackson ou encore du virtuose Baptiste Herbin. Des orchestres africains, chinois ont fait résonner leurs accords pour le plus grand bonheur des mélomanes. 

Un fort sentiment d'insécurité

En coulisses et à la baguette, Nicolas Bault, musicien de formation, a donné vie à son rêve il y a près de quatorze ans en rachetant une ancienne brasserie, avant de décider brutalement de jeter l’éponge. À la surprise générale.Excédé par des conflits de voisinage, des actes de vandalisme et un sentiment vif d’impuissance, le quinquagénaire a annoncé la fermeture de son établissement sur les réseaux sociaux. Déclenchant une avalanche de messages de soutien. La goutte d’eau ? « Ma plainte classée sans suite ! J’ai été menacé de mort par des individus qui font régner la terreur dans le quartier, j’ai porté plainte. Quand on m’a dit qu’il n’y aurait pas de suite judiciaire, ça m’a achevé. On parle quand même de personnes qui m’ont menacé de mort, mais aussi mes étudiants. Et je ne vous parle pas des intimidations, des jets de verre et d’urine sur les passants. Samedi encore, cinq voitures de police étaient dans la rue, ils sont restés une heure. Après, ils ne peuvent pas passer la nuit sur place… Je n’ai plus envie de travailler dans ces conditions. »

Des soutiens par centaines

Si la décision de tout arrêter reste douloureuse, Nicolas Bault la vit comme un soulagement. « Le quartier des Paulines a été défiguré. Il y a quatorze ans, c’était un lieu calme où il faisait bon vivre. Aujourd’hui, c’est l’insécurité qui règne. Regardez ma terrasse, elle est ravagée. Les tables, les chaises, les poubelles ont été renversées », s’agace le Clermontois. "Et puis, en ce qui concerne l'épicerie de nuit, vous pensez vraiment qu'il y a beaucoup de Clermontois qui achètent des pâtes après 22 heures ?"

Épuisé et en arrêt maladie, le gérant du Caveau des Anges repart malgré tout avec le sentiment du travail accompli.

« J’ai fait plus de 700 manifestations en presque quatorze ans. On a vécu des moments merveilleux ici et c’est vrai que le flot de témoignages que je reçois me fait du bien. »

Pierre, 20 ans, est l’un d’eux. « C’est triste de voir que ça ferme. C’était un lieu unique. Un havre de paix abordable. Des lieux culturels comme celui-ci, il n’y en a pas d’autres, ça va nous manquer. »

Le Caveau des Anges, à Clermont-Ferrand, ouvert sur une nouvelle vocation

Malgré le soutien des inconditionnels du lieu, la décision de Nicolas Bault est sans appel. « Mon grand-père était militaire, alors j’ai essayé de relativiser. Mais là, j’ai peur pour moi mais aussi pour mes clients. Je me balade avec une bombe lacrymo, c’est pas la vie que je souhaite », détaille le guitariste de formation. Avant de conclure dans un soupir : « C’est un immense gâchis pour la ville. »

Carole Eon

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