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Diagnostic vulnérabilité, zones d'expansion : comment lutter contre le risque de crues du Cher à Montluçon

Des trombes d’eau. Ce jeudi 17 octobre, de fortes pluies s’abattent sur le bassin de Montluçon. Le lendemain matin, la préfecture de l’Allier déclenche une alerte à la montée des eaux sur le Cher et ses affluents. « Durant cet épisode pluvieux, le débit de la rivière est monté à un peu plus de 200 m³ par seconde, ce qui n’est pas une référence élevée par rapport à d’autres crues observées dans le passé », relativise Jonathan Bourdeau-Garrel, chargé de mission au Sage (Schéma d’aménagement et de gestion des eaux) Cher amont.

À titre de comparaison, explique-t-il, « on avait relevé à Montluçon lors de la crue de 1958 un débit de 600 m³ par seconde ». Et rien à voir avec celle de 1960 qui, dans la journée du 4 octobre, a vu le débit du cours d’eau dépasser les 1.100 m³ par seconde ! « C’était une crue hors norme. En termes de probabilité, il y a une chance sur mille que cela se reproduise. C’est plus qu’une crue centenale », assure Jonathan Bourdeau-Garrel.

Un Papi pour atténuer le risque

Pour limiter les dégâts « car on ne peut pas totalement lutter contre la nature » et parce que la ville de Montluçon a été reconnu « comme territoire à risques importants », un programme d’actions de prévention des inondations (Papi, remplacé depuis par le Pep, programme d’études préalables) a été mis en place en 2019 en lien avec Montluçon communauté.

« Dans ce cadre, des actions ont été menées pour mieux évaluer mais aussi mieux connaître les risques. À Montluçon, nous avons étudié de près les conséquences du ruissellement des eaux de pluie », explique Perrine Thomas, animatrice au sein de l’Établissement public Loire, structure qui gère la ressource en eau du fleuve et de ses affluents.

Des zones d'expansion des crues

Des travaux qui ont mis en lumière une problématique bien spécifique. « Ce n’est pas tant le ruissellement qui pose problème à Montluçon que la propension des affluents comme le Lamaron ou la Vernoëlle à déborder aux endroits où ils se jettent dans le Cher », constate Perrine Thomas.

Pour en limiter les effets néfastes, l’Établissement public Loire a mis en place des Zones d’expansion de crues à proximité des lits de la Tardes, affluent du Cher, et de la Voueize qui prennent, toutes les deux, leurs sources dans le département de la Creuse. Aménagées sur les cours d’eau secondaire, les Zec permettent de stocker de l’eau sur des terres agricoles ou des zones naturelles pour retarder les écoulements et protéger les secteurs les plus peuplés.

L’Établissement public Loire envisage, par ailleurs, l’installation de stations de mesure à proximité des affluents du Cher. « Il s’agit de capteurs qui indiquent, à tout moment, la hauteur de l’eau », explique Perrine Thomas. Alors que les épisodes pluvieux importants risquent à l’avenir de se multiplier en raison du dérèglement climatique, l’Établissement public Loire mise aussi sur la sensibilisation de la population au risque naturel.  « Le but n’est pas de faire peur aux gens mais de leur dire que cela peut arriver et plus on sait comment réagir, mieux nous le vivrons. »

Des barrières anti-inondation

Afin d’éviter les mauvaises surprises, les habitants qui le souhaitent peuvent demander un diagnostic vulnérabilité. À l’heure actuelle, 19 foyers montluçonnais ont fait une demande en ce sens. C’est notamment le cas du couple Pinon qui habite à proximité de la rivière. « Nous avons reçu la visite d’une ingénieure. Elle a regardé toutes les pièces et pris des photos », se souvient Andrée Rouffet-Pinon. Le couple a ensuite reçu un rapport d’une quarantaine de pages indiquant les aménagements susceptibles d’être effectués au sein de leur domicile.

« Il est possible d’installer dans les maisons des batardeaux qui sont des barrières anti-inondation. La pose d’un clapet anti-retour dans le système d’assainissement peut aussi empêcher l’eau d’entrer et de remonter dans les toilettes », détaille Perrine Thomas.

Choqués par les récentes inondations en France et en Espagne, Andrée Rouffet-Pinon et son mari ont donné leur aval pour les travaux. « L’experte passe vendredi à la maison pour définir les aides financières qui pourront nous permettre de financer la pose des batardeaux. » Et d’ajouter que la jeune femme en profitera pour aller rendre visite à l’une de ses voisines qui, elle aussi, « n’a pas envie de se retrouver les pieds dans l’eau ».

Martial Delecluse

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