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Vendée Globe 2024.Benjamin Dutreux : «Après un black-out, j’ai appris à gérer mes cycles de sommeil en mer»

Pour les skippers engagés sur des courses au large, la gestion du sommeil est bien plus qu’un défi : c’est un art de survie. Benjamin Dutreux, skipper de GUYOT environnement – Water Family, révèle ses techniques personnelles pour faire face à l’énorme dette de sommeil imposée par la mer. Après une mésaventure marquante lors de son premier Vendée Globe, il partage son approche pour optimiser chaque minute de repos dans un environnement hostile. Lors de courses comme le Vendée Globe, la privation de sommeil devient un obstacle majeur, en raison de la durée exceptionnelle de l’épreuve, entre 70 et 120 jours, et de ses conditions extrêmes. À long terme, cette privation peut entraîner des conséquences lourdes telles qu’une immunité fragilisée et même des symptômes de dépression. Pour les skippers, la technique la plus couramment utilisée est celle du sommeil polyphasique, où les périodes de repos sont fragmentées tout au long de la journée.
Benjamin Dutreux, skipper de GUYOT environnement – Water Family, explique : « Pour ma part, sur une tranche de 24 heures, je dors généralement entre 5 et 6 heures en fractionné, c’est-à-dire avec une alternance de siestes courtes (20 minutes) et de siestes plus longues (1 heure ou 1h30). »
À terre, Benjamin dort d’un sommeil dit « monophasique », en une nuit complète de 7 à 9 heures. « À terre, je suis plutôt un bon dormeur ! Mes nuits durent généralement entre 7 et 9 heures et je fais partie de ceux qui adorent traîner au lit le week-end ! » confie-t-il, bien conscient que la qualité de ces longues nuits diffère de celle du sommeil fractionné en mer.

La technique de la respiration au carré

Pour gérer la fatigue et parvenir à s’endormir malgré le stress, Benjamin a adopté une technique de relaxation inspirée des pratiques militaires : la respiration au carré.
« Pour supporter la dette de sommeil lors d’une course, puisqu’il est, de toute façon, impossible de ne pas dormir, il est crucial de réussir à piquer du nez rapidement. Pour y arriver, notamment quand le stress ou l’adrénaline sont trop présents, j’utilise quelques techniques de respiration comme la méthode dite de la respiration au carré », explique-t-il.
Cette technique consiste à imaginer un carré et alterner les phases de respiration et d’apnée, permettant au corps de se détendre rapidement. Lors de son précédent Vendée Globe, il a subi un sérieux avertissement qui l’a incité à revoir sa gestion du sommeil.
« Lors de la précédente édition du Vendée Globe, il y a quatre ans, je m’étais un peu brûlé les ailes au début de la course. J’avais mis beaucoup d’intensité sur les premiers milles et clairement trop peu dormi. Résultat : dans les alizés, j’avais fait un “black-out”. Je m’étais endormi pendant huit heures ! C’est à la suite de cette expérience que j’ai fait en sorte de mieux gérer mon sommeil ou plutôt ma dette de sommeil. »
Ce moment lui a rappelé les risques qu’il encourait : une perte de lucidité pouvant mener à de graves erreurs, voire à des hallucinations.

Adapter son sommeil selon les zones de navigation

Au fil de ses expériences, Benjamin a affiné son approche, adaptant ses périodes de repos aux différentes phases de la navigation.
« J’ai ainsi appris à gérer mes cycles. Dans les zones de trafic ou lors d’une course de type transatlantique, je ne dors évidemment pas de la même manière que lors des phases un peu tranquilles que comportent un tour du monde », précise-t-il.
Il se souvient notamment de sa première participation au Vendée Globe, durant laquelle il a allongé ses siestes jusqu’à 1h30, voire 2 heures, dans le Grand Sud pour optimiser sa récupération.

Un système d’alarme performant pour un sommeil sous contrôle

Benjamin Dutreux, comme la plupart des skippers de courses au large, dispose d’un système de nombreuses alarmes pour le réveiller et l’avertir des évolutions de son bateau, telles qu’un changement de direction du vent ou une baisse de performance.
« Selon le moment, je m’allonge sur mon matelas ou je m’installe dans le siège baquet. Si parfois le bateau va vite, qu’il est bien réglé et qu’il n’y a pas de danger immédiat, je ne m’empêche pas de prolonger un peu mon temps de repos en passant régulièrement une tête dehors pour contrôler que tout va bien », explique-t-il.
Ces alarmes, qu’il qualifie de « violentes », lui permettent de garder son navire sous contrôle même en pleine sieste. « Elles sont programmées pour être assez violentes mais en réalité je me réveille toujours facilement, au moindre changement de bruit », assure-t-il. Pour Benjamin, ce système d’alarme couplé à un sommeil parfaitement maîtrisé est essentiel pour affronter le milieu difficile dans lequel il évolue, avec son lot de bruit, de mouvements saccadés, d’humidité et de stress.  Source communiqué de presse

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