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Vie chère : les émeutes coûtent très cher aux Martiniquais et aux contribuables métropolitains 

Après deux mois de violence, la Martinique commence à chiffrer ses dégâts. Le bilan économique et social des violences est, selon les premières estimations, catastrophique. Avec des conséquences délétères pour l’ensemble de la population de l’île, déjà en difficulté économique.

 Le mouvement de contestation en Martinique, porté par le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afrocaribéens (RPPRAC), continue en Martinique. Son chef de file, Rodrigue Petitot, surnommé « Le R », a été placé en garde à vue le 12 novembre après s’être introduit de force au sein de la résidence préfectorale à Fort-de-France.

En signe de contestation, une centaine de militants du mouvement ont, selon l’AFP, tenté de prendre d’assaut le commissariat de Fort-de-France, faisant subir aux forces de l’ordre des tirs de grenade, de mortiers et même d’armes à feu. Depuis plusieurs semaines, le mouvement contre la vie chère a pris un tournant violent, laissant planer le spectre d’une crise économique sur toute l’île.

Près de 100 millions d’euros de dégâts déjà décomptés

Après plus de deux mois de crise, les premiers bilans tombent. Selon les statistiques de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Martinique (CCIM), 142 entreprises auraient été pillées ou incendiées. Quant à l’emploi, selon la Direction de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (DEETS), 1 200 demandes de chômage technique auraient été déposées, représentant près de 1% du total des salariés de la Martinique. Au niveau des violences, la procureure de la République dénombre 134 plaintes déposées – sans aucune condamnation pour l’instant.

De quoi faire hausser le ton aux entrepreneurs et aux chefs d’entreprise locaux. Emmanuel de Reynal, un entrepreneur local, évoque ainsi, sur le média Contact-Entreprise, « des centaines d’entreprises pillées, saccagées, brûlées, des milliers d’emplois détruits et menacés, des assureurs qui renoncent, des centaines d’heures d’école perdues, des milliers d’hommes et de femmes tétanisés par les menaces, les outrances et les violences, des esprits sidérés par l’expression libérée du racisme, des peurs de rester, des envies de partir, des confiances brisées… ». Le coût des émeutes était, au 28 octobre, estimé entre 78 et 100 millions d’euros, selon les données de la CCIM.

Des sueurs froides pour la filière tourisme

 Certains secteurs sont ainsi particulièrement touchés. Le 27 octobre, Christophe Lupon, président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie, évoquait ainsi une baisse de 30 à 35 % du chiffre d’affaires de son établissement. Et la situation s’est aggravée en novembre, Christophe Lupon affirmant que la filière touristique subissait des pertes de chiffre d’affaires de 50 à 90 % « ces deux derniers mois dans les communes du centre », à cause du couvre-feu alors en vigueur à Fort-de-France et plusieurs communes des alentours. Christophe Priam, restaurateur à Fort-de-France, déplorait quant à lui avoir perdu 40 % de son chiffre d’affaires en septembre et 80 % en octobre.

Un coup très dur pour la filière touristique locale, fer-de-lance de l’économie martiniquaise, qui représente 10 % des emplois marchands, qui avait déjà subi les conséquences de la crise sanitaire et avait perdu 40 % de ses visiteurs en deux ans de pandémie. Sur laquotidienne.fr, un loueur de voitures affirmait ainsi récemment subir « une baisse de 20 % » de ses réservations. La Toussaint, traditionnellement porteuse pour le tourisme de l’Île, a vu certaines villes théâtres de violences accuser des pertes de 25 à 30 % de leurs réservations hôtelières.

Des dégâts matériels considérables pour certaines entreprises

Plusieurs entreprises ont d’ores et déjà connu des dégâts matériels considérables, le groupe Citadelle, leader local de la mobilité, annonçant avoir perdu 300 de ses véhicules entre le 9 et 16 octobre, tandis que Safo, filiale de Carrefour Market, reconnaît avoir perdu près de 20 millions d’euros de biens et avoir vu certains de ses magasins totalement incendiés.

En pleine visite dans le territoire, le ministre des Outre-Mer, François Noël Buffet, a tenté de régler une crise qui s’éternise. Il confirme que la baisse de 20 % des prix sur 6 000 produits doit intervenir au 1er janvier, conformément au protocole d’accord du 16 octobre dernier contre la vie chère. Une baisse des prix réalisée grâce, notamment, à la suppression de l’Octroi de mer et de la TVA. Suffisant pour calmer la grogne ? Rien n’est moins sûr. Si le Protocole a été signé par l’ensemble des acteurs économiques et sociaux martiniquais, le RPPRAC y reste très fortement opposé et ne semble pas vouloir limiter ses actions.

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