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Afrique-France : le record d’affluence d’entreprises à Ambition Africa confirme une attraction réciproque

Lemoci 

La sixième édition du forum d’affaires sur l’Afrique Ambition Africa, organisé par Business France, s’est tenue à guichets fermés les 20 et 21 novembre à Paris, avec une affluence record. De quoi rassurer sur l’intérêt réciproque que se portent les dirigeants d’entreprises africains et français et leur envie d’avancer dans de nouvelles voies plus partenariales du commerce et des investissements.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 2100 participants inscrits en provenance d’une quarantaine de pays (+ 17 % sur 2023), dont 900 acteurs africains et 300 acteurs français, 110 intervenants dans les 17 tables rondes thématiques et un planning de rendez-vous individuels plein (2200 au total) sur les deux jours de l’événement (19-20 novembre). Indéniablement, la 6ème édition du forum d’affaires Ambition Africa est un succès au vu de l’affluence.

© C.Gilguy

« Ces chiffres montrent que l’Afrique reste une priorité pour les entreprises françaises et que les entrepreneurs africains ont envie de les rencontrer » se réjouit Michel Bauza, directeur Afrique du Nord de Business France, basé à Tunis, qui est en train de relancer ses actions sur la Libye, où des projets de reconstruction émergent (à droit sur la photo ci-contre). D’après Marc Cagnard, directeur Afrique sub-saharienne de l’agence, basé à Johannesburg (à gauche), 2300 entreprises françaises sont accompagnées par Business France chaque année en Afrique sub-saharienne via des mises en relation et des missions de prospection et 700 en Afrique du Nord.

En finir avec la condescendance, promouvoir l’équilibre

 

Mais le « narratif » évolue côté français, surtout depuis deux ans et la prise de conscience qu’il fallait vraiment changer d’approche après différents coups d’Etat au Sahel (Mali, Burkina Faso) et le développement d’un sentiment anti-français très médiatisé, notamment via les réseaux sociaux. Ce que promeut aujourd’hui l’agence, à l’instar de Bpifrance et de tout l’écosystème français du soutien à l’export, des opérateurs à l’Elysée en passant par le gouvernement, c’est une approche de l’Afrique par les opérateurs et les dirigeants d’entreprises plus « partenariale », « gagnant-gagnant », « équilibrée ».

Dans les éléments de langage ministériels, voire présidentiel, on parle désormais de « codéveloppement » ou « co-construction ». Autrement dit, pour les entreprises, la seule exportation ne suffit plus. Il faut proposer de « contribuer au développement du continent », à son industrialisation, à sa « sécurité alimentaire » explique Marc Cagnard, au minimum chercher à « s’implanter commercialement » pour assurer un suivi local, via des partenaires. Et surtout sans condescendance dans le comportement. Pourquoi des patrons français commencent-ils leur discours par « je suis ravi d’être avec mes amis africains » ? a illustré Abdelmalek Alaoui, du cabinet de conseil marocain Guepard group, dans une table ronde, pintant le mot « amis ». « Nous, on veut juste faire du business ».

Cette approche est d’ailleurs considérée par l’écosystème du soutien export français comme l’un des axes de différenciation possible de la France face à la concurrence des pays émergents comme la Chine ou la Turquie. Surtout que l’Afrique anglophone, sans passé colonial avec la France, est devenu un axe de développement prioritaire, à côté de l’Afrique francophone. « Nous investissons dans toute l’Afrique », a rappelé Sophie primas, ministre en charge du Commerce extérieur et de l’attractivité, lors de son intervention en ouverture d’Ambition Africa. Et il s’agit de « coconstruire des relations de confiance équilibrées, dépassionnées ».

Secteurs porteurs et RSE

 

Les échanges commerciaux entre la France et l’Afrique s’élèvent à 64 milliards d’euros (Md EUR) mais les entreprises françaises y comptent plus de 4300 filiales employant plus de 500 000 personnes. Sophie Primas a mis en avant 4 priorités sectorielles pour développer les relations économiques : la solutions de décarbonation de l’activité, le renforcement des partenariats industriels pour contribuer à l’industrialisation du continent, le développement des énergies renouvelables et enfin la jeunesse.

L’autre axe de différenciation est l’intégration des approches RSE (Responsabilité environnementale et sociale) dans les offres des entreprises, qui doit être systématique, notamment pour espérer décrocher des contrats dans le cadre de marchés financés par les bailleurs de fonds internationaux comme la Banque mondiale ou l’Agence française de développement (AFD), mais pas seulement. Il s’agit d’être mieux disant dans ce domaine -et notamment les ODD (Objectifs de développement durable) de l’ONU- par rapport aux entreprises concurrentes des pays émergents, imbattables sur les prix. Dans ce domaine, les entreprises françaises sont déjà plutôt rodées à l’exercice. « Elles le font d’elles-mêmes » souligne Michel Bauza.

D’après les chiffres fournis par Business France, si la part de marché de la France en Afrique a reculé, tout est relatif : avec 50 Md EUR de stock d’investissement, l’Hexagone se situe au niveau de la Chine et parmi les tout premier pays investisseurs de l’Union européenne (250 milliards d’euros au total pour l’UE).

Accélérateur Afrique, livre blanc « Zoom Afrique »

 

L’écosystème export français a accentué ses efforts pour diffuser ces bonnes pratiques auprès des milieux d’affaires français notamment grâce à de nouveaux types d’action.

L’Accélérateur Afrique d’abord, dont la première promotion a été lancée en février 2021. Avec Bpifrance, Business France a lancé le 20 novembre, en marge d’Ambition Africa, la quatrième promotion de ce programme mêlant formation, partage de bonnes pratiques et coaching individuel. Il cible des dirigeants de PME et ETI française qui souhaitent accélérer leurs projets de développement commercial et d’investissement en sur le continent. Une vingtaine d’entreprises y participent, deux fois plus que la précédente promotion, et seront partie prenante d’une mission prévue en Afrique du Sud dans le cadre de ce programme.

Plus récemment, un nouveau « parcours co-développement » a été mis en place parallèlement à la mise sur pied du nouveau fonds Maghreb lancé en juin par Bpifrance. Ce programme propose un accompagnement des entreprises sur cette nouvelle stratégie, Bpifrance apportant du financement et Business France du conseil.

On peut enfin citer les initiatives prises par Bpifrance pour rapprocher les écosystèmes entrepreneuriaux français et africains via ses forum Inspire & Connect et ses initiatives de réseautage dans les milieux des banques et des investisseurs africains, reproduction de son événement phare français, BIG, dédié à l’innovation et à l’entrepreneuriat. La banque publique, qui coopère avec Business France pour y faire venir des entreprises françaises, vient de tenir à Nairobi la troisième édition de ce forum, après de précédentes organisées à Dakar et Abidjan.

Côté opportunités d’affaires, elles ne manquent pas sur un continent africain qui affiche un taux de croissance moyen de 6 à 7 % par an mais dont l’image reste trop plombée par l’instabilité de quelques uns des 55 pays qui le composent. Business France, qui a profité du forum pour signer un accord de coopération avec le groupe égyptien Hassan Allam, a aussi saisi cette occasion pour lancer un nouveau livre blanc sur les marchés africain « Zoom sur l’Afrique ».

C’est la première fois que l’agence médiatise ce document dont la première édition a été créée il y a quatre ans. Réalisé par les équipes des bureaux africains de l’agence*, il est destiné à sensibiliser les entreprises françaises sur un certains nombre de pays et de secteurs porteurs du continent africain. Le document d’une centaine de pages, accessible gratuitement sous format Pdf (cliquez ICI), passe en revue sous la forme de fiches très pratiques les opportunités sectorielles spécifiques dans douze pays d’Afrique : Afrique du Sud, Algérie, Angola, Cameroun, Côte d’Ivoire, Egypte, Libye, Kenya, Maroc, Nigeria, Sénégal, Tunisie. Parmi les secteurs récurrents : la santé, l’agriculture et l’agroalimentaire, la transition écologique…

Christine Gilguy

*En Afrique du Nord : Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte ; en Afrique sub-saharienne : Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun, Nigeria, Angola, Kenya, Afrique du sud.

 

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