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L’historien et résistant Marc Bloch va être panthéonisé, annonce Emmanuel Macron

"Pour son œuvre, son enseignement et son courage, nous décidons que Marc Bloch entrera au Panthéon", a déclaré ce samedi 23 novembre Emmanuel Macron à Strasbourg. Le président a loué la "lucidité" de l’historien et résistant, à l’occasion des 80 ans de la libération de la capitale alsacienne.

Dans un discours à l’université de Strasbourg, où Marc Bloch a enseigné, Emmanuel Macron a mis en avant sa "lucidité cinglante qui nous frappe aujourd’hui encore", son "audace des mots et des idées qui se doubla du courage physique" et sa "volonté française jusqu’à son dernier souffle, jusqu’à l’assassinat par la Gestapo". Emmanuel Macron a aussi remis la Légion d’honneur à son fils Daniel Bloch.

Professeur d’histoire du Moyen-Age à l’université de Strasbourg de 1919 à 1936, Marc Bloch a renouvelé en profondeur le champ de la recherche historique en l’étendant à la sociologie, la géographie, la psychologie et l’économie. En 1929, il a notamment fondé avec Lucien Febvre la revue des "Annales d’histoire économique et sociale", qui a eu une résonance universitaire dans le monde entier.

Capitaine et Croix de guerre en 1914-1918, de nouveau mobilisé en 1939, Marc Bloch s’engage dans la résistance au tournant des années 1942/43. L’auteur de L’étrange défaite, écrit en 1940 et publié après la guerre, est arrêté à Lyon le 8 mars 1944, emprisonné et torturé à la prison de Montluc, puis fusillé le 16 juin avec 29 de ses camarades.

"Malgré-nous"

Lors de son discours au Palais universitaire de Strasbourg, Emmanuel Macron a aussi évoqué les "Malgré-nous", ces 130 000 Alsaciens et Mosellans considérés comme Allemands après l’annexion de ces territoires, et qui ont dû intégrer l’armée allemande. Leur "tragédie doit être nommée, reconnue, et enseignée car elle est celle de la Nation".

"Ces enfants d’Alsace et de Moselle furent capturés, habillés d’un uniforme qu’ils détestaient, au service d’une cause qui les faisait esclaves, instruments d’un crime qui les tuaient aussi, menacés de représailles s’ils tentaient de fuir. Ceux-là comprirent parfois aussi dans leur rang des enfants perdus qui endossèrent la cause néfaste du Reich", a déclaré le président. "Il faut reconnaître les souffrances que les premiers subirent, celles que les seconds dans leur petit nombre causèrent, cette souffrance dont la responsabilité première incombe au régime nazi".

Très longtemps, les "Malgré-nous", associés pour certains à l’un des pires massacres de civils commis par les Nazis en Europe occidentale à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) en 1944, sont demeurés un sujet relativement tabou.

Emmanuel Macron, qui poursuit un long cycle mémoriel autour des 80 ans de la Libération de la France et de la fin de la Seconde guerre mondiale, se rend ensuite à une soixantaine de kilomètres de Strasbourg, dans l’ancien camp de concentration nazi de Natzweiler-Struthof, le seul érigé sur le territoire français alors que l’Alsace était annexée de fait par le IIIe Reich.

Cette journée de commémoration avait débuté par une cérémonie militaire place Broglie à Strasbourg, où le chef de l’Etat a salué la mémoire du général Leclerc et des hommes de la Deuxième division blindée, libérateurs de Strasbourg le 23 novembre 1944, après s’être juré trois ans plus tôt lors du serment de Koufra (Libye) de combattre jusqu’à ce que le drapeau français flotte sur la capitale de l’Alsace.

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