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Corée: être immigré chez soi

Confrontée à une crise démographique grave, la Corée du Sud encourage le retour au bercail des « Coréens ethniques » dont les ancêtres avaient émigré. Cette politique rencontre un grand succès. Mais, des tensions entre population indigène et remigrante sont constatées.


Si certains pays européens s’inquiètent de leur déclin démographique, ils ne sont pas encore dans la même situation que la Corée du Sud qui, avec 0,72 enfant par femme, a le taux de fécondité le plus bas du monde. Il faut un minimum de 2,1 pour maintenir une démographie stable et la population de ce pays pourrait être réduite de 50 % d’ici la fin du siècle si rien n’est fait. Or, les Coréens ont trouvé une solution originale : encourager à rentrer au bercail des « Coréens ethniques » dont les ancêtres ont émigré il y a longtemps.

Selon nos confrères de la BBC, en 2023, 760 000 de ces personnes installées en Chine ou dans des pays russophones étaient revenues s’installer en Corée. La plupart sont des Koryo-Saram qui sont partis vivre dans la Russie orientale à la fin du xixe siècle et au début du xxe, particulièrement pour fuir la colonisation japonaise à partir de 1910. Beaucoup ont été transférés de force vers l’Asie centrale par Staline et se sont retrouvés plus tard citoyens d’États ex-soviétiques comme l’Ouzbékistan ou le Kazakhstan. C’est à partir de 2001 que la Corée permet à cette population de se réinstaller dans le pays de leurs ancêtres. Le flux des rentrants a augmenté à partir de 2014 quand l’État a autorisé le regroupement familial. L’économie coréenne a grand besoin de ces nouveaux arrivants dont beaucoup sont employés dans des usines qui, sans eux, ne tourneraient pas. Il y a un seul hic : l’État n’a pas pensé l’intégration de ces nouveaux Coréens. La plupart ne parlent pas coréen, mais russe. À l’école, leurs enfants forment une catégorie à part, celle des « élèves multiculturels ». Malgré deux heures quotidiennes d’apprentissage du coréen, ils progressent plus lentement, ce qui pousse les parents coréens à retirer leurs enfants des établissements trop mixtes. D’autres tensions d’ordre social se sont installées entre les populations indigène et remigrante.

Ce qui montre, une fois encore, que la résistance à l’immigration ne s’explique par une demande raciste d’homogénéité ethnique, mais par une exigence d’intégration culturelle.

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