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Au RN, la guerre de leadership : les muscles de Jordan Bardella, le déni de Marine Le Pen

Ne parlez pas à Marine Le Pen de répercussions politiques ! Le procès des assistants parlementaires du RN, dans lequel elle est mise en cause, a pris fin ce mercredi. Le délibéré sera rendu le 31 mars à 10h. Elle encourt cinq ans de prison, dont deux ans fermes, une peine d’inéligibilité assortie d’une exécution provisoire. Mais croyez-la : "Il n’y a RIEN ! Zéro enjeu, zéro conséquence, ni sur la date, ni sur la décision, ni, et encore moins, sur les décisions que je vais être amenée à prendre comme présidente de groupe. Et je mets un point d’honneur là-dessus !"

Le procès, pourtant, n’a pas pris la tournure attendue. La sévérité des réquisitions a poussé la leader d’extrême droite à opérer un demi-tour stratégique, à renouer avec un discours antisystème en dénonçant un procès politique. Faire corps, vite. Les députés frontistes se sont donc mis à défiler au Tribunal correctionnel de Paris pour soutenir leur cheffe. "Au départ, Marine [NDLR : Le Pen] avait choisi la tactique de défense seule, mais devant la tournure des événements, on ne voulait pas qu’elle apparaisse isolée", justifie un élu.

Le Pen et la "Bardellamania"

L’audience est terminée. Désormais, on s’attache à en minimiser les conséquences. D’abord, absolument aucun membre du parti n’envisage le cas de l’exécution provisoire qui pourrait priver Marine Le Pen de se représenter. "L’option n’est pas évoquée", jurent les députés à l’unisson. On cherche, aussi, des preuves de popularité. Tiens, ce sondage Ifop, par exemple, publié le 22 novembre, qui indique que près d’un Français sur deux (48 %) souhaite qu’elle soit candidate à la prochaine présidentielle. "Ce résultat, après deux mois de procès, pour nous c’est champagne !", s’exalte un proche. Marine Le Pen fragilisée ? Circulez, il n’y a rien à voir. A en croire ses ouailles, les ennuis de Marine Le Pen ont pris fin en même temps que son procès.

Depuis, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Demandez donc à Jordan Bardella ! Le dauphin frontiste est bien occupé, ces derniers temps, à parcourir les quatre coins de la France pour signer des exemplaires de son ouvrage, qui vient, selon Fayard, de dépasser les 75 000 ventes. La tournée de promotion semble réussir à la nouvelle coqueluche frontiste, qui découvre des files sans fin de militants à tous ses déplacements. Chaque scène étant méticuleusement filmée, transformée en pastille, et envoyée sur ses réseaux sociaux. Nouveau motif de contentement : un sondage, publié par Odoxa le 26 novembre, place l’eurodéputé de 29 ans devant Marine Le Pen auprès de 59 % des sympathisants du Rassemblement national. "On était sûrs que ça allait arriver, ça ne veut rien dire", dédramatise une proche de la patronne.

Retour à l’Assemblée

"On est très heureux de notre Bardellamania", ajoute même un député un brin zélé. Et gare à ceux qui ne le seraient pas. Sébastien Chenu, député RN du Nord, en a récemment fait les frais, comme l’a raconté le JDD. Soupçonné d’avoir dénigré la nouvelle bible frontiste [NDLR : le livre de Bardella], ce dernier a eu droit à un recadrage public à la dernière réunion du groupe à l’Assemblée. Depuis, la scène est racontée par les frontistes qui y ont assisté. "Il lui a dit : ''Une fois, deux fois, la prochaine fois tu dégages'', puis Chenu est devenu blanc comme un linge" chuchote un spectateur. Certains se posent la question : la "melonite" guetterait-elle Jordan Bardella ? "Attention, parce qu’il n’y a rien que Marine Le Pen déteste plus", prévient une députée.

Cette dernière, d’ailleurs, a d’autres chats à fouetter. Un, en particulier. Il s’appelle Michel Barnier. "Etre écartée de l’Assemblée pendant trois après-midi par semaine pendant deux mois a été une souffrance, mais me voilà totalement et à 100 % de retour." Pour fêter ça, la patronne du groupe RN a commencé par convoquer ses troupes, ce jeudi, pour faire un point sur la stratégie. En l’état, le texte du Projet de loi de financement de la sécurité sociale ne lui convient pas, et la députée du Pas-de-Calais continue de revendiquer ses exigences. A savoir : l’indexation pour tous les retraités des pensions au 1er janvier prochain, la suppression des allégements de charges sur les entreprises sans mesure pour favoriser la hausse des salaires et l’engagement de ne pas dérembourser les médicaments. Sinon, le RN pourrait choisir de voter la censure du gouvernement dès la semaine prochaine, au moment de l’arrivée du PLFSS à l’Assemblée.

Suspense jusqu’à lundi

"Je crois savoir que Michel Barnier imagine que je serais, pour je ne sais quelle raison, tentée de ne pas censurer. C’est un peu dangereux de sa part", menaçait encore Marine Le Pen mercredi. Victoire tactique pour la frontiste : le Premier ministre vient d’accéder à l’une de ses requêtes (qui était aussi une demande de la gauche) en renonçant à la hausse de la taxe sur l’électricité prévue dans le projet de loi de finances.

Insuffisant, semblent dire les députés RN. "Il reste une dernière chance à Michel Barnier d’éviter la censure en accédant à nos demandes", assurent ces derniers. Réponse ce lundi, au moment du retour du texte dans l’hémicycle. D’ici là, Marine Le Pen aura au moins réussi à transférer le suspense du tribunal à l’Assemblée.

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