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Après l’offensive rebelle en Syrie, l'ONU s’inquiète pour la "paix régionale et internationale"

"Ce que nous voyons aujourd’hui en Syrie est le signe d’un échec collectif à mettre en œuvre ce qui est manifestement nécessaire depuis de nombreuses années : un véritable processus politique pour mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité", a affirmé ce dimanche 1er décembre l’envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen, dans un communiqué. Les combats qui se déroulent actuellement en Syrie entre forces rebelles et armée régulière "ont de graves implications pour la paix régionale et internationale", a-t-il alerté.

Mercredi 27 novembre, une coalition de groupes rebelles, dominés par le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a lancé une offensive fulgurante contre les forces du régime de Bachar al-Assad. Elle s’est emparée de dizaines de localités avant de parvenir jusqu’à Alep samedi, le poumon économique du pays, dont elle a pris le contrôle "sans rencontrer de résistance significative". "Les lignes du régime se sont effondrées à un rythme incroyable, qui a pris tout le monde par surprise", a affirmé auprès de l’AFP Dareen Khalifa, une experte de l’International Crisis Group.

Bachar el-Assad promet une réponse par "la force"

À Alep, les rebelles ont instauré un couvre-feu de 24 heures, jusqu’à 17 heures ce dimanche. "Pour la première fois depuis le début du conflit en 2011, Alep est hors de contrôle des forces du régime syrien", a confirmé auprès de l’AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni qui s’appuie sur un vaste réseau de sources en Syrie. Les rebelles ont défilé dans les rues, installé leur drapeau devant un poste de police et déchiré un portrait de Bachar el-Assad.

En réponse, le président syrien a promis d’utiliser "la force" pour éradiquer le "terrorisme", selon l’agence de presse officielle syrienne Sana. "Le terrorisme ne comprend que le langage de la force, et c’est avec ce langage que nous le briserons et l’éliminerons, quels que soient ses partisans et ses commanditaires" a-t-il assuré. D’après l’OSDH, les rebelles ont également progressé dans les provinces d’Idlib et de Hama, un peu plus au sud. L’armée syrienne aurait, elle, renforcé son déploiement autour de la ville de Hama.

Ces combats sont les premiers de cette ampleur depuis 2020 en Syrie, où la guerre civile déclenchée en 2011, impliquant des belligérants soutenus par différentes puissances régionales et internationales, et des groupes djihadistes, a laissé un pays morcelé en plusieurs zones d’influence. Avec l’appui militaire crucial de la Russie et de l’Iran, le régime syrien a lancé en 2015 une contre-offensive qui lui a permis de reprendre progressivement le contrôle d’une grande partie du pays, et en 2016 la totalité de la ville d’Alep.

Des" négociations sérieuses" voulues par l'ONU

Au moins 412 personnes, dont 61 civils, ont été tuées depuis mercredi, selon l’OSDH. Ce dimanche, des frappes de l’aviation russe ont fait cinq morts près de l’université de la ville et quatre à Idlib, une autre ville du nord-ouest. Face aux risques que les combats font courir aux civils, l’envoyé spécial de l'ONU appelle les parties prenantes syriennes et les acteurs internationaux à "s’engager sérieusement dans des négociations sérieuses et substantielles pour trouver une issue au conflit" et éviter les effusions de sang et se concentrer sur une solution politique conformément à la résolution de 2015. "Je continuerai à dialoguer avec toutes les parties et je suis prêt à utiliser mes bons offices pour réunir les parties prenantes internationales et syriennes dans de nouveaux pourparlers de paix complets sur la Syrie", a ajouté Geir O. Pedersen.

L’Iran "soutient fermement l’armée et le gouvernement" de ce pays, a affirmé son chef de la diplomatie, Abbas Araghchi, avant de partir pour Damas. Le roi de Jordanie, Abdallah II, indiqué qu’il soutenait l'"intégrité territoriale" de la Syrie. Samedi, Téhéran avait aussi appelé à une "coordination" avec Moscou face à cette offensive. La Maison-Blanche a pour sa part jugé que le régime syrien subissait les conséquences de "son refus" de s’engager dans un dialogue politique et de sa "dépendance à la Russie et à l’Iran".

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