DIRECT. Motion de censure : Michel Barnier joue sa survie à l’Assemblée nationale
Ce ne serait plus qu’une question d’heures. Moins de six mois après le coup de massue de la dissolution, l’Assemblée nationale s’apprête à censurer ce mercredi 4 décembre le gouvernement de Michel Barnier, un geste inédit depuis 1962 qui plongerait le pays dans une grande incertitude politique et budgétaire. Alors que le chef de Matignon en a appelé hier soir, sur TF1 et France 2, à un "réflexe de responsabilité", Marine Le Pen, patronne du Rassemblement national, goûte l’étendue de son pouvoir de nuisance envers l’exécutif.
Les infos à retenir
⇒ Les motions de censure examinées à 16h00
⇒ Bruno Retailleau dénonce la "mélenchonisation du RN"
⇒ Olivier Faure appelle Emmanuel Macron à s'adresser aux Français
10h30
LR menace de reprendre sa liberté
Au sein du "socle commun" qui peinait déjà à soutenir de manière unie Michel Barnier (LR, Modem, Horizons et macronistes), les fissures pourraient s'élargir sur les stratégies d'après-censure. LR menace déjà de reprendre sa liberté : son chef de file Laurent Wauquiez souligne que l'engagement de son parti avec la coalition gouvernementale en septembre "ne valait que pour Michel Barnier". De son côté, le chef de file des députés macronistes Gabriel Attal propose de nouer un accord de "non censure" avec le PS pour échapper à la tutelle du RN.
Pour Matignon, le vice-président du Modem Marc Fesneau a plaidé sur Sud Radio pour son... président François Bayrou, une "hypothèse sérieuse" car il "a le profil le plus pertinent". Les noms du ministre des Armées Sébastien Lecornu ou du LR Xavier Bertrand sont à nouveau évoqués comme cet été. Beaucoup, à l'instar de la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet, plaident en tout cas pour une solution rapide, qui permette de mener à bien au moins en partie les textes budgétaires avant la date butoir du 31 décembre.
10h25
L'avertissement de Jordan Bardella au prochain gouvernement
Lorsqu'un nouveau gouvernement reprendra la discussion budgétaire, il faudra que les lignes rouges du RN soient "entendues en intégralité", a déjà prévenu sur France Inter ce matin le président du RN Jordan Bardella. Ce dernier assume de s'opposer à "un budget dangereux pour la croissance et le pouvoir d'achat" et dénonce "une stratégie de la peur" de l'exécutif.
10h10
Yannick Jadot plaide pour un gouvernement de gauche avec des ministres du bloc central
Dans un entretien au Figaro, le sénateur écologiste Yannick Jadot plaide ce mercredi pour un gouvernement dirigé par la gauche mais incluant "des ministres issus du bloc central", au nom d'un "pacte républicain transitoire" face au blocage institutionnel. Il faut trouver selon lui "un accord de non-censure, autour d'un socle restreint de mesures indispensables pour les Français", entre l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire et le bloc central macroniste.
Selon l'ancien candidat à la présidentielle, il reviendrait au NFP de constituer le prochain gouvernement : "Notre coalition est arrivée en tête aux législatives", souligne-t-il. "Le centre de gravité du prochain gouvernement doit être beaucoup plus à gauche que ce qu'il est aujourd'hui. Le Premier ministre doit être une personnalité issue de la gauche et des écologistes. Ce champ politique ne manque pas de personnes très capables", fait-il valoir, sans citer de noms. "Mais à partir du moment où un tel pacte existe, je n'exclus pas qu'il puisse y avoir des ministres issus du bloc central", a-t-il ajouté, à rebours des Insoumis notamment qui rejettent tout accord avec les macronistes.
09h50
Plus de 10 millions de téléspectateurs pour l'interview de Barnier sur TF1 et France 2
Plus de 10,3 millions de téléspectateurs ont suivi l'interview du Premier ministre Michel Barnier sur TF1 et France 2 mardi, pour une part d'audience de 48,3%, selon des données de Médiamétrie mercredi. A titre de comparaison, quelque 15,3 millions de personnes avaient regardé l'allocution télévisée d'Emmanuel Macron le 9 juin, dans laquelle il avait annoncé sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale, retransmise par TF1, France 2 et les chaînes d'information en continu (BFMTV, CNews, LCI et franceinfo).
Mercredi, la cheffe de file des députés du Rassemblement national Marine Le Pen sera à son tour sur le plateau du JT de 20H de TF1, puis ce sera au tour de Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, jeudi.
08h45
Olivier Faure appelle Macron à s'adresser aux Français et reste opposé à Cazeneuve à Matignon
Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure appelle Emmanuel Macron "à s'adresser aux Français" après la censure probable du gouvernement Barnier : "Plutôt que de lâcher des petites phrases au détour d'un voyage en Arabie saoudite, Emmanuel Macron doit maintenant s'adresser aux Français (...) Comment compte-t-il engager la suite ? Comment laisser les Français dans une telle incertitude avant Noël ?" plaide Olivier Faure dans un entretien au Monde ce mercredi. Emmanuel Macron "ne peut pas faire mystère de ses intentions. Il y a des institutions dont il est le garant !", insiste-t-il.
Olivier Faure réclame un "Premier ministre de gauche", qui dans son esprit ne semble toujours pas pouvoir être Bernard Cazeneuve. "Bernard Cazeneuve est un homme de gauche, mais il n'a soutenu ni Raphaël Glucksmann aux élections européennes ni le NFP aux législatives. Il ne s'est jamais exprimé sur ce qu'il voudrait faire s'il arrivait à la tête du gouvernement. Ce serait paradoxal de nommer quelqu'un au nom d'une victoire, celle du NFP, à laquelle il n'a pas voulu contribuer", répète-t-il.
De son côté, Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, a réitéré son souhait de voter la motion de censure : "Nous avons fait des propositions très concrètes, mais il nous a avoué ne pas pouvoir fracturer son socle commun (…). Sa censure, c’est sa responsabilité et oui, je vais la voter."
08h29
"Marine Le Pen est soumise aux Insoumis", estime Bruno Retailleau
Ce mercredi matin, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau s'est agacé, sur Europe 1/CNews, de voir le Rassemblement national "voter une motion de censure des Insoumis qui les insulte". N'hésitant pas à développer : "Cette curieuse alliance de la carpe et du lapin, c’est une mélenchonisation du RN et de Madame Marine Le Pen, qui elle, est soumise aux Insoumis puisqu’elle apporte son crédit à LFI". "On a quitté le champ rationnel pour le champ irrationnel (...). La politique demande des convictions. Il n'y a pas pire que de voter contre ses convictions", a-t-il aussi tancé.
Par ailleurs, l'ex-sénateur a concédé que le budget de Michel Barnier n'était "pas parfait", se défendant cependant en rappelant que l'exécutif n'avait eu que "quinze jours pour le faire" afin d'éviter une "crise financière".
08h05
La porte-parole du RN votera "sans souci" la motion de censure
Invitée sur le plateau de TF1 ce mercredi matin, Laure Lavalette a confirmé qu'elle voterait la motion de censure du NFP, récusant néanmoins toute alliance avec la gauche. "La seule alliance baroque est celle qu'on a vu lors du second tour des législatives quand les macronistes se sont abstenus au profit du NFP et inversement", pointe la porte-parole du Rassemblement national.
Vote de la motion de censure de la gauche : "Ce n'est pas une alliance" avec le Nouveau Front populaire, @LaureLavalette dans #BonjourLaMatinaleTF1 pic.twitter.com/rtNfjgVD0t
— TF1Info (@TF1Info) December 4, 2024
07h20
Michel Barnier appelle à la "responsabilité", Emmanuel Macron ne veut pas y "croire"
Éviter la censure alors que le Rassemblement national, en plus de présenter son propre texte, devrait voter la motion de la gauche ? "Je pense que c’est possible", a assuré le Premier ministre mardi soir sur France 2 et TF1. Michel Barnier en a appelé au "réflexe de responsabilité" des députés, en mettant l’accent sur ceux du RN qui devront "rendre des comptes" à leurs électeurs s’ils s’associent à la motion de "l’extrême gauche". "On n’est pas dans du marchandage", mais Marine Le Pen est entrée "dans une sorte de surenchère", a par ailleurs asséné le Savoyard, interrogé sur un éventuel dernier geste sur les retraites, pour éviter de devenir mercredi le détenteur du bail le plus éphémère de la Ve République.
Emmanuel Macron de son côté a dit depuis Ryad ne "pas croire au vote de la censure", pointant un "cynisme insoutenable" du RN s’il joignait ses voix à celles du NFP qui vilipende les lepénistes dans sa motion, et du côté du PS une "perte de repères complète" pour ce "parti de gouvernement". C’est dans l’avion qui l’emmenait en Arabie saoudite que le chef de l’Etat a appris lundi que le Rassemblement national avait décidé de censurer Michel Barnier. Et c’est dans le vol retour, ou juste après son atterrissage à Paris, qu’il prendra ce mercredi soir connaissance du verdict de l’Assemblée nationale.
07h15
Les motions de censure examinées à 16h00
L’Assemblée examinera à partir de 16h00 cet après-midi les motions de censure déposées par le Nouveau Front populaire quasi au complet et l’alliance entre le Rassemblement national et les ciottistes, pour faire chuter le Premier ministre, nommé le 5 septembre. Celle de la gauche a toutes les chances d’être adoptée, le RN ayant promis de la voter, sans doute aux alentours de 20h00.
Ces deux motions ont été déposées lundi dans la foulée du déclenchement par le Premier ministre de l’article 49.3 de la Constitution, pour faire adopter sans vote le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. La gauche reprochant au gouvernement de poursuivre une politique "sanctionnée dans les urnes", et l’extrême droite de porter un projet de budget "dangereux, injuste et punitif".