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Les voiliers de voyage : Savoir trouver la perle rare en occasion

Dénicher son occasion, c’est trouver le juste équilibre entre une longueur, le temps et le budget de préparation disponible. Pas de panique, l’équation est soluble ! Archives Voile Magazine Mars 2024 - photos : Damien Bidaine

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Laissez libre cours à votre instinct, autorisez-vous à rêver grand, cherchez le coup de cœur ! Visitez, visitez, visitez un maximum d’unités d’occasion, restez évidemment dans votre budget global, mais n’hésitez pas à regarder juste au-dessus. D’une part, la négociation avec le vendeur est toujours possible si vous avez de bons arguments, d’autre part l’effort complémentaire, le mètre de plus, peut être gagné en sacrifiant l’achat d’un nouvel équipement non indispensable, ou déjà présent à bord. Bien sûr, il faudra à un moment donné composer entre raison et passion, entre les envies de performance, de volume, de luminosité, de rangement, et d’esthétique des uns et des autres. Le choix d’un croiseur de grand voyage se fait aussi sur l’état, la nature et la couleur d’un placage en bois ou d’une sellerie. On choisit un voilier comme une maison – surtout lorsque l’on va vivre à bord – en s’y sentant bien. Et ce qui vaut à l’achat vaudra à la revente. Une sellerie ou un vaigrage neuf est plus flatteur et plus vendeur qu’une électronique dernier cri. Il ne faut donc pas hésiter à se confronter à différents modèles, différents budgets, avec ou sans travaux. [caption id="attachment_191814" align="aligncenter" width="500"] Tous les voyages commencent sur les terre-pleins, où dorment des trésors… © ALAIN KERNEVEZ[/caption]

Il faut le voir pour y croire

C’est à force de visites que vous arriverez à distinguer rapidement le croiseur bien entretenu de celui un peu trop négligé. On se rend mieux compte de ce qu’est un voilier bien entretenu lorsqu’on a visité son exact contraire ! C’est aussi à force d’exemples et de discussions que vous ferez le tri entre les équipements indispensables au grand voyage et les superflus. En quelques visites méticuleuses, vous deviendrez vite expert de vos exigences, car chacun a les siennes. Cela dit, si lors de ces visites il faut se fier à sa première intuition, il y a aussi une méthode à mettre en place et une règle : soyez intrusif ! Demandez à voir le maximum de documentation (factures, carnet d’entretien, livre de bord, notices d’équipement). De la tenue et de la présence de ces documents vous pourrez déduire la rigueur du capitaine. Explorez avec une lampe de poche les moindres recoins du voilier, videz les coffres si nécessaire. Insistez sur les fonds à la recherche de fissures : au niveau des varangues, au bas des cloisons. Inspectez bien les reprises des tirants de cadène où des infiltrations (coulure, rouille) peuvent être détectées. Toujours à l’intérieur, cherchez dans tous les coffres les fissures, ce n’est pas forcément grave mais il faudra les reprendre. Des coulures le long du bordé ? Attention, ce peut être un problème d’étanchéité du rail de fargue ou de la liaison coque-pont. Sur le pont, inspectez le pied du mât, les ancrages des cadènes, des balcons et des pieds de chandeliers : fissures et faïençage du pont, mais aussi des hublots, sont des signes de faiblesse et de possibles infiltrations. Faites ensuite un tour des pièces d’usure et cherchez à détecter s’il y a un jeu excessif, notamment au niveau du vît-demulet, du safran ou de la barre. Demandez à tester l’électronique, à voir les voiles, la capote et/ou le bimini, regardez les dates de péremption de l’armement de sécurité. Plus l’état des lieux sera exhaustif, plus vous saurez où aller. Il ne s’agit pas forcément d’arguments pour négocier un prix de vente à la baisse, mais de savoir si, une fois les travaux effectués, vous serez encore dans votre budget de préparation. Imaginer dès cette première visite les améliorations, les modifications et les aménagements que vous comptez faire est aussi la meilleure façon de se projeter efficacement dans votre futur voyage

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4 voiliers de 50 000 à 135 000 €

Les quatre voiliers présentés font partie du catalogue de Christian Dulot de l’agence Royal Nautisme installée à Port-la-Forêt, dans le Finistère. Nous les avons visités début janvier 2024, sans toutefois réaliser d’expertise, mais ils nous semblent d’excellents candidats au grand départ après une révision générale des systèmes (électricité, mécanique, gréement). Lors de nos recherches sur internet, nous avons trouvé d’autres unités intéressantes, tels ce Bavaria 40 de 2002 à 89 000 € prêt à partir ou ce Sun Odyssey 45.1 de 1997 très bien équipé pour le grand voyage et affiché à 110 000 €, chez Mea Dream Sailing.

Etap 32i de 1993, 49 900 €

[caption id="attachment_191805" align="aligncenter" width="500"] Un plan de pont au clair idéal pour un petit croiseur car cela sécurise les manoeuvres au large
et offre, avec un peu d’astuce, un grand espace de vie et de stockage au mouillage. © D. Bidaine[/caption] Une petite unité mais une coque robuste et performante, bien dessinée par le trio Harlé/Mortain/Mavrikios. C’est le parti pris de cet Etap 32i « insubmersible », comme l’ensemble de la gamme du chantier belge qui, lui, a bel et bien sombré en 2009, mais c’est une autre histoire. On aime ici le sens marin des Etap ainsi que cette double coque qui assure l’insubmersibilité et une meilleure isolation phonique et thermique. Ce qu’on aime aussi, c’est ce plan de pont dégagé, sans embûche, et sécurisant avec son rail de fargue tubulaire caractéristique, très pratique en voyage, tout comme le liston qui défend le pavois. Pratique encore en voyage : sa jupe, ses emplacements pour deux bouteilles de gaz, sa penderie humide et son grand coffre arrière. [gallery columns="2" size="medium" ids="191807,191806"] Cette unité vue à Bénodet est une première main bien entretenue qui compte aussi un hale-bas rigide, une ralingue de grand-voile sur chariot, un tangon télescopique en carbone et un asymétrique en chaussette. Le revêtement du pont, ainsi que les panneaux de pont ont été refaits en 2009, un traitement époxy passé en 2007. L’intérieur est propre mais il faudra refaire les vernis de la descente qui ont bien vieilli. Une révision globale des systèmes est à prévoir électricité, électronique (pilote), guindeau, en s’attachant particulièrement au joint de l’embase saildrive et à l’état du gréement dormant (> 10 ans). Les voiles (que nous n’avons pas vues) seraient prêtes à partir. Notez la présence d’un chauffage et d’un circuit d’eau chaude, ce qui autorise un voyage en Europe [caption id="attachment_191808" align="aligncenter" width="500"] Les plans de l'Etap 32i par Voile Magazine © Voile Magazine[/caption]

En chiffres

Longueur de coque : 9,73 m. Long. flot. : 8 m. Largeur : 3,35 m. Tirant d’eau : 1,40 m. Déplacement : 3 975 kg. Lest : 1 300 kg. SV au près : 54,60 m2. Spi : 23,70 m2. Motorisation : 18 ch. Gasoil : 72 l. Eau : 130 l. Matériau : sand. polyester. Const. : Etap Yachting. 150 unités produites de 1992 à 2000.

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Sun Odyssey 40 DS de 2003, 88 900 €

Design désuet pour ce drôle de Jeanneau dont la carène, dessinée par Daniel Andrieu, a aussi servi les Sun Odyssey et Sun Fast 40. La performance n’est pourtant pas son but, l’idée est ici de naviguer tout confort sur le pont (larges passavants, mains courantes à hauteur d’homme, grand-voile sur enrouleur) et sous le pont. Visitez-le et vous apprécierez ce grand salon de pont à vision panoramique ! [caption id="attachment_191815" align="aligncenter" width="500"] Un SUn Odyssey 40 DS à préparer © D. Bidaine[/caption] L’unité vue à Port-la-Forêt est une première main entretenue par un couple anglais qui a beaucoup navigué et ça se voit un peu sur le pont où il faudra notamment refaire l’étanchéité des joints des panneaux du rouf et des cabines. Restons à l’intérieur, c’est sa force : une immense cabine avant avec un bureau, une cabine arrière moins volumineuse mais très large, et ce carré incroyable transformable en couchette de mer qui fait face à une grande table à cartes, le tout avec vue sur mer. Franchement, on se projette très bien en navigation hauturière, quelle que soit la latitude puisqu’il y a le chauffage à bord. [caption id="attachment_191816" align="aligncenter" width="500"] Un carré panoramique, top pour le voyage © D. Bidaine[/caption] Les vernis sont en bon état, les fonds sont propres, les passe-coque (2014) aussi, tout comme les WC, le réfrigérateur et la gazinière changés entre 2020 et 2018. Pour la navigation, on note la présence d’un radar et le remplacement du traceur et de la VHF en 2021, ainsi que du feu de mouillage. Sur le pont, les derniers travaux (2020) ont concerné la capote. Il faudra vérifier et optimiser, outre l’étanchéité des hublots, le gréement dormant et courant ainsi que la qualité des voiles. Le cockpit n’est pas immense avec une barre non pas à l’arrière du rouf mais au centre du cockpit, ce qui réduit le passage vers la jupe à laquelle on accède via une petite porte. Une configuration sympa.

En chiffres

Longueur de coque : 12,20 m. Long. flot. : 10,16 m. Largeur : 3,95 m. Tirant d’eau : 1,95 m. Déplacement : 7 250 kg. Lest : 2 430 kg. SV au près : 76 m2. Spi : 108 m2. Motorisation : 50 ch. Gasoil : 136 l. Eau : 234 l. Mat. : sand. polyester. Const. : Jeanneau. 300 unités produites de 1997 à 2005.

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Gib’Sea 43 de 2002, 116 900 €

[caption id="attachment_191809" align="aligncenter" width="500"] Un Gib'Sea 43 de 2002, Prêt à partir : une bonne idée ! © D. Bidaine[/caption] Historiquement, le 43 signifie le retour de la marque désormais propriété de Dufour qui s’attaque à la suprématie des Océanis sur le marché de la location. Ce qui a plu en 2000 continue de séduire : une carène large qui accueille un cockpit convivial doté de deux barres à roue, de jolis passavants dégagés qui se prolongent et se transforment au-delà de l’étai en une belle delphinière, très pratique pour envoyer un voile de portant sur emmagasineur et surveiller son mouillage. Robuste, puissant et convivial Une largeur de carène qui se ressent aussi à l’intérieur avec de grands volumes, beaucoup de rangements et de couchages, à l’image de la pointe avant répartie entre une cabine double et une cabine d’équipage (ou d’enfants) à lits superposés. Le modèle vu à Port-la-Forêt est très équipé, à l’image de ses deux capotes (une pour l’hivernage, l’autre pour la croisière !) et régulièrement entretenu. Les derniers travaux datent de 2023 (mécanique), le gréement dormant est de 2020, tout comme les bagues de safran. [caption id="attachment_191810" align="aligncenter" width="500"] Le carré est lumineux, tout est en très bon état, l’armement est complet et on sent que les propriétaires ont pris soin jusqu’au bout de cette unité qui inspire confiance. © D. Bidaine[/caption] Une unité quasi prête à partir en grand voyage dont vous apprécierez les qualités de vie à bord et le sens marin. La carène dessinée par Philippe Briand est performante, raide à la toile, sécurisante dans la mer formée grâce à son cockpit bien défendu. Les points forts de cette occasion résident dans son mouillage complet et revu en 2022 (60 m de chaîne, mouillage secondaire et nouveau guindeau électrique) ainsi que dans une garde-robe récente avec notamment le remplacement du génois et de la grandvoile en 2023, le remplacement de l’enrouleur de génois et du lazy-bag. Si la trinquette sur emmagasineur est présente, il manque une voile de portant à l’inventaire, mais l’indispensable tangon est à poste ! [caption id="attachment_191811" align="aligncenter" width="500"] Les plans du Gib'Sea 43 par Voile Magazine © Voile Magazine[/caption]

En chiffres

Longueur de coque : 12,83 m. Longueur flottaison : 10,89 m. Largeur : 4,26 m. Tirant d’eau : 1,70 m. Dépl. : 10 300 kg. Lest : 2 800 kg. SV au près : 90 m2. Motorisation : 50 ch. Gasoil : 250 l. Eau : 570 l. Matériau : sandwich polyester. Constructeur : Dufour. 132 unités produites de 2000 à 2004.

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Centurion 40S de 2007, 135 000 €

Il est chic et son immense barre à roue invite à s’y tenir, quel que soit le nombre de milles à parcourir… Un Centurion pour un couple aimant la performance et souhaitant, pourquoi pas, régater à Saint Barth en hiver. Sur cette unité hivernée à Port-la-Forêt, nous avons évidemment apprécié cette carène racée et performante dessinée par Berret et Racoupeau, équipée comme il se doit d’une hélice à mise en drapeau. A bord, on a vite le sentiment d’être sur un voilier d’exception : l’accastillage, le plan de pont, son revêtement en teck dans les passavants et sur le rouf, mais aussi ses aménagements intérieurs en chrome et bois verni parfaitement entretenus éblouissent le visiteur. [caption id="attachment_191804" align="aligncenter" width="500"] Pour 135 000 euors, vous pourriez trouver un Centurion de 2007 à réviser © D. Bidaine[/caption] On est moins séduit par certaines vannes à changer et, à bien y regarder, par ce pont en teck dont les lattes usées font ressortir les joints et qui devra être repris. Un point qui n’empêche pas de larguer les amarres dès demain, mais qui devra être corrigé un jour ou l’autre. Revenons sur le concept même du Centurion 40S et son aptitude à la grande croisière. Si l’immense barre à roue gêne la circulation vers le plan d’eau, notons que cette jupe articulée qui ferme complètement le tableau arrière est sécurisante. Quant au cockpit, placé devant la large barre d’écoute de la GV, il est spacieux et accueille sans mal six adultes pour l’apéritif. L’intérieur est plus égoïste avec seulement deux cabines, mais pas mal de rangements. Le modèle de Port-la-Forêt est équipé d’une annexe et de son hors-bord, d’un jeu de voiles Performance comprenant génois et solent mais sans voile de portant, d’une survie, d’un récepteur AIS et d’un chauffage, d’un radar et d’un panneau solaire orientable. L’embase du moteur saildrive a été refaite en 2019.

En chiffres

Longueur : 12,20 m. Largeur : 3,95 m. TE : 1,95 m. Dépl. : 7 250 kg. Lest : 2 430 kg. SV au près : 76 m2. Spi : 108 m2. Mot. : 50 ch. Gasoil : 136 l. Eau 234 l. Mat. : sand. pol. Const. : Jeanneau. 300 unités produites de 1997 à 2005.

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Voilier équipé, clé en main

Les blogs des voyageurs sont source de bons conseils sur les voiliers de voyage, les équipements utiles et les principaux problèmes rencontrés. Ce peut être aussi une source de voiliers « prêts à repartir ». Généralement, en avril, les voyageurs prévoyants font savoir que leur voilier sera disponible dès l’été après leur transat retour. Faites de la veille sur les forums (Sail the World), sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram) et sur les applications de voyage (Polarstep).

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