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Emmanuel Macron et le programme de 1965

On hésite en haut lieu quant au nom du futur Premier ministre. Notre chroniqueur prend de son côté le parti d’en rire.


1965. Année d’élections présidentielles d’importance et de conséquences historiques s’il en fut jamais. À l’issue du premier tour de scrutin, le général De Gaulle se trouve mis en ballotage par le candidat de gauche François Mitterrand. Surprise, surprise ! Le pays ne s’attendait guère à cela. Face à face pour le second tour entre deux hommes d’exception, certes, mais aussi deux programmes. Cependant, gardons-nous d’oublier que, pendant un temps, un troisième menu des réjouissances républicaines avait été proposé aux Français, porté par un candidat surgi de nulle part bien qu’il fît depuis deux décennies les délices de nombre de citoyens, toutes classes sociales et tous bords politiques confondus. Il est vrai que ce personnage officiait jusqu’alors dans un registre bien différent.

Cet inattendu troisième homme lança officiellement sa campagne le 9 février 1965 lors d’une conférence de presse à laquelle assistait le tout Paris de l’époque. On se pressait là pour entendre l’orateur développer sa vision des choses, exposer son plan pour la comète France, présenter sa formation politique. L’intitulé retenu pour le parti avait également de quoi surprendre : Mouvement Ondulatoire Unifié. C’était nouveau, cela changeait des appellations habituelles. Il faut dire que le génial inventeur de la chose sortait lui-même de l’ordinaire. Son nom, Pierre Dac, l’âme et l’esprit du regretté organe de presse l’Os à Moelle, alors la substantifique lecture des garnements de mon espèce.

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Le slogan lancé ce jour-là et qui fut bientôt sur toutes les lèvres : « Les temps sont durs, votez M.O.U. »

Eh bien, ne pourrait-on pas considérer que c’est en quelque sorte cette ligne que semble vouloir suivre notre actuel président de la République, explorant à grand renfort de consultations les cinquante nuances de Mou à sa disposition ? Il n’en manque pas. Du mou extrême centre, du mou droite honteuse, du mou gauche repentie, du mou hybride carpe-lapin. Quel que soit le chanceux sorti du chapeau, on peut être sûr d’une chose : il y aura de l’ondulatoire dans le mouvement et de l’unifié de façade. En un mot comme en cent, l’intégral du troisième programme de 1965 mis en œuvre à soixante ans de distance. De quoi enchanter, notre Pierre Dac, jusqu’à ce jour indiscutablement le maître absolu de la discipline. À moins, bien sûr, qu’à force de se montrer si obstiné en loufoquerie dans sa conduite des affaires, le président ne finisse par le détrôner. On ne peut exclure que ce ne soit-là son ultime ambition. Il aime tant être le premier en tout !

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