Enseignement supérieur : comment se préparer aux métiers de demain ?
Le 15 janvier débutent les inscriptions sur Parcoursup, enjeu majeur pour les lycéens et source d’inquiétude pour les parents. Difficile, en effet, d’être sûr de son orientation quand l’enseignement supérieur propose plus de… 23 000 formations. Pas de panique ! Dans ce dossier spécial, L’Express vous présente quelques clés pour vous repérer.
Les parcours de formation ne cessent de se diversifier et font de l’orientation une nouvelle source d’anxiété, en particulier pour les parents. Ces derniers, souvent plus stressés que leurs enfants, peinent à accompagner leurs choix. "La disparition des filières classiques leur a fait perdre leurs repères, ce qui a généré une angoisse supplémentaire", explique Hector Balas, fondateur d’Impala, un outil d’accompagnement qui aide les jeunes à mieux se connaître et à se poser cette question essentielle : "Qui suis-je et que veux-je devenir ?" Une incertitude encore amplifiée par la montée en puissance de l’intelligence artificielle : d’ici à 2030, trois métiers sur cinq devraient voir au moins 30 % de leurs activités automatisées…
Pourtant, les étudiants ne seraient pas si inquiets face à l’avenir. "Ils sont impatients, motivés et cherchent avant tout à donner du sens à leur carrière", affirme Léon Laulusa, directeur général de l’ESCP. L’ambition de cette "génération héroïque" ne consisterait pas seulement à réussir, mais aussi à améliorer la société. Pour les accompagner, l’ESCP ne se contente donc pas de transmettre des savoirs techniques. Elle cherche surtout à développer les fameuses compétences humaines (soft skills) et les qualités atypiques. Il peut s’agir d’une concentration exceptionnelle, d’une créativité hors norme ou d’une capacité supérieure à la moyenne à s’adapter au changement, cette dernière étant l’une des plus recherchées par les recruteurs, selon une récente étude d’AssessFirst.
La flexibilité, un "atout pour le futur"
Apprendre à apprendre est donc la clé d’une employabilité future, quels que soient les métiers émergents. "Plus on étudie, plus on devient apte à étudier", souligne Léon Laulusa. "Nos enseignants travaillent à inculquer cette souplesse. Ils encouragent l’esprit critique, le discernement et la capacité à challenger des outils comme ChatGPT. Il ne s’agit seulement d’acquérir des connaissances, mais de savoir les déconstruire avant de les reconstruire. C’est cette flexibilité qui, in fine, devient leur meilleur atout pour le futur."
Même écho à l’Ecole 42 de Xavier Niel, où les développeurs informatiques sont formés à se réinventer, à développer leur curiosité et leur capacité à collaborer. "Nous n’enseignons pas seulement un métier ; nous expliquons comment créer les conditions de son propre emploi et à prendre confiance en soi", souligne sa directrice, Sophie Viger. Souvent qualifiée de "révolutionnaire", la méthode pédagogique de l’école s’inspire en réalité de théoriciens tels que Joseph Jacotot ou Maria Montessori, et permet aux jeunes d’acquérir cette compétence clé, qui revient comme un refrain : "Apprendre à apprendre". "L’informatique est un secteur porteur, mais mouvant, où les technologies évoluent à toute vitesse. Nos étudiants sont préparés à s’adapter aux changements qui surviendront à coup sûr pendant leur carrière professionnelle."
Si la définition exacte des métiers de demain reste encore floue, Léon Laulusa se plaît à émettre des hypothèses : responsables de la conformité en décarbonation ; coordonnateurs du télétravail ; experts en interaction humain-robot et pourquoi pas des éthiciens en intelligence artificielle… Autant de nouvelles fonctions qui témoignent de l’impact profond qu’auront la technologie et le développement durable sur le marché du travail dans les prochaines décennies. Pour s’y préparer au mieux, le doyen de l’ESCP rappelle que dans un monde en mutation rapide, le savoir-être va devenir un véritable savoir-faire. L’humain gardera donc son rôle à jouer dans les métiers du futur. IA ou pas.