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Confession d’un jeune homme du siècle

Lorsque j’ai écrit une tribune intitulée « J’aime les hommes », dans les colonnes de Causeur, j’étais exaspérée et triste de la disparition des délicieuses relations entre les deux sexes, lesquels se veulent différents avec leurs défauts, leurs qualités, leurs spécificités, leurs faiblesses, leurs lâchetés et leur charme. Et « metoo » progresse… nos ados sont biberonnés à la nouvelle guerre des sexes (quand ils ne veulent pas en changer) ! Et voici qu’est entré dans mon bureau notre jeune consultant qui me dit « moi, j’en ai marre »… il venait exprimer ce que nombre d’hommes de la nouvelle génération n’osent pas dire, voici donc ce que pense Hugues Sabatier, 23 ans.


« J’aime les femmes…  mais je ne sais pas comment me comporter avec elles et c’est de pire en pire. Comme beaucoup d’hommes, j’ai peur de la manière dont mes actes vont être interprétés. L’entrepreneuriat n’est pas valorisé en France mais ne parlons pas des hommes entreprenants quand il s’agit des relations avec les femmes… Tenir la porte pour les laisser passer, faire un compliment même sur une robe, tenir la barre dans les transports en même temps qu’une inconnue… j’hésite à chaque fois : dois-je ou ne dois-je pas le faire ? C’est perçu comme des agressions sous-jacentes. On risque de se faire traiter de tous les noms. Les bonnes manières sont sexistes.

Je soutiens l’égalité des sexes ! mais jusqu’où, comment ? on voit le mal partout. Heureusement que les agresseurs sont de plus en plus souvent derrière les barreaux, mais il ne faudrait pas que le combat quotidien mené par vous mesdames (on m’a dit que mademoiselle, c’était nul) devienne trop extrême et change de visage en visant à instaurer des relations grincheuses. C’est ce que nous ressentons… Et le flirt alors ? Et faire la cour ? comment s’y prendre ? Désormais, du fait du comportement de 10% des hommes, les 90% autres sont perçus comme des chasseurs dont les « proies » féminines se disent qu’il faut les abattre. Avant, les hommes étaient ceux qui protégeaient les femmes des menaces extérieures. Désormais, nous sommes devenus la menace intérieure.

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Tout cela parce qu’il y a potentiellement un risque que… Si nous devions ne plus agir à cause de risques latents qui existent, nous ne ferions plus rien. Cela n’empêche que désormais, il n’y a plus rien d’autorisé : prendre l’ascenseur en galante compagnie ? Ouh la ! danger : bien se coller à la paroi le regard dans le vide. Avoir un entretien seul avec une femme dans un bureau ? Dangereux aussi : l’homme préférera désormais laisser la porte ouverte pour montrer son innocence. Dans les transports, nous faisons plus attention à nos mains qui pourraient être jugées baladeuses qu’à nos poches victimes des pickpockets. Sans parler de celles qui crient au viol, car elles regrettent d’avoir eu un rapport sexuel intime (si, si !). Et puis, les avances des femmes qui aujourd’hui sont les mêmes que celles des garçons, je ne sais pas forcément comment y répondre : ai-je bien compris ? Et si elle ne me plaît pas, vais-je la vexer ? Et si j’en profite, ce sera pour un soir ? Je n’ai pas tous les réflexes du moment, mais mes copains non plus ! Une femme qui touche le bras d’un homme sans le demander, c’est affectueux. Un homme qui touche le bras d’une femme sans demander, c’est une atteinte à sa personne.

Le but n’est aucunement de minimiser ce que certaines femmes vivent, ni de donner raison aux prédateurs, mais d’arrêter de mettre tous les hommes dans le même panier que ces derniers. Les mœurs évoluent et c’est tant mieux. Laissons les hommes innocents en paix. Et puis, l’égalité est parfois devenue carrément castratrice : je ne dois jamais me sentir supérieur, j’ai presque honte d’être plus musclé ! Je me demande vers quels types de rapports nous allons… Le romantisme : beurk ! c’est pour les pubs de bijoux… Dois-je me marier ? Quel sera mon rôle ? Oublié le statut de mon père, celui de « chef de famille », ça je peux le comprendre : mais jusqu’où ?

Pour rattraper tous ces siècles du statut inférieur de la femme, faudra-t-il créer de nouvelles victimes : nous, les jeunes hommes ? Qu’en est-il de ces hommes qui sont victimes de violences sexuelles et/ou psychologiques et dont quasiment personne ne parle ? »

Hugues Sabatier, 23 ans
Pour Sophie de Menthon

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