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"Une grande victoire du peuple" : en Corée du Sud, le Parlement destitue le président Yoon Suk-yeol

La deuxième fois aura été la bonne : le Parlement sud-coréen a adopté ce samedi 14 décembre une motion de destitution contre le président Yoon Suk-yeol, pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale le 3 décembre. Un total de 204 députés ont voté en faveur de la motion et 85 contre. Trois élus se sont abstenus et huit bulletins ont été déclarés nuls, selon le résultat annoncé par le président de la chambre.

La motion de destitution devait recueillir au moins 200 voix sur 300 pour passer. L'opposition, qui dispose de 192 députés, a donc réussi à faire basculer dans son camp 12 des 108 élus du Parti du pouvoir au peuple (PPP), la formation de Yoon Suk-yeol.

Des dizaines de milliers de manifestants massés à l’extérieur de l’Assemblée nationale en attendant le vote ont explosé de joie à l’annonce du résultat, selon des journalistes de l’AFP sur place. Plusieurs milliers de partisans du président s'étaient également rassemblés dans le centre de Séoul dans l'attente du résultat, brandissant des drapeaux sud-coréens et américains et réclamant l'arrestation des dirigeants d'opposition.

Le président déchu "profondément frustré"

Yoon Suk-yeol est désormais suspendu, en attendant que la Cour constitutionnelle valide ou non sa destitution. Elle dispose pour cela de 180 jours. Trois de ses neuf juges ayant pris leur retraite en octobre sans être remplacés à cause du blocage politique, les six restants devront prendre leur décision à l'unanimité. Si la destitution est validée, une élection présidentielle anticipée aura lieu sous 60 jours.

Réagissant au vote, le président déchu a confirmé qu'il se retirait, se disant "profondément frustré" et appelant à en finir avec "la politique de la confrontation". "Je suis profondément frustré (...) mais je dois me retirer", a-t-il déclaré à la télévision, appelant à en finir avec "la politique de l'excès et de la confrontation" au profit d'une "politique de délibération et de considération".

"La grande victoire du peuple et de la démocratie"

L’intérim sera assuré par le Premier ministre Han Duck-soo. "J'ai le coeur lourd. Je vais mobiliser toutes mes forces (...) pour assurer une gouvernance stable", a déclaré ce dernier aux journalistes. Si la Cour confirme la destitution, Yoon Suk-yeol deviendra le deuxième président de l’histoire de la Corée du Sud à subir ce sort, après Park Geun-hye en 2017. Mais il existe aussi un précédent de destitution votée par le Parlement puis invalidée deux mois plus tard par la Cour constitutionnelle : celle de Roh Moo-hyun en 2004.

L’impopulaire président Yoon Suk-yeol, 63 ans, avait sidéré la Corée du Sud en imposant dans la nuit du 3 au 4 décembre la loi martiale et en envoyant l’armée au Parlement pour empêcher les députés de s’y réunir. Sa destitution est "la grande victoire du peuple et de la démocratie", a salué Park Chan-dae, chef du groupe du Parti démocrate (principale force d’opposition) au Parlement.

L'imposition de la loi martiale "est une violation claire de la Constitution et une grave infraction à la loi", avait-il déclaré un peu plus tôt à la tribune, avant le scrutin. "Yoon Suk-yeol est le cerveau de cette rébellion", avait-il ajouté, avant de poursuivre : "Je vous demande instamment de voter en faveur de la destitution afin de laisser une leçon historique selon laquelle ceux qui détruisent l'ordre constitutionnel devront rendre des comptes". Et de marteler : "Yoon Suk-yeol est le plus grand risque pour la République de Corée".

Le 7 décembre, une première motion de destitution avait échoué, la plupart des députés du PPP ayant quitté l'hémicycle pour empêcher le quorum d'être atteint.

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