Dengue: la vaccination recommandée en Outre-mer pour certains enfants et des adultes vulnérables
Sur les huit premiers mois de 2024, il y a eu près de 13 millions de cas de dengue dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé, presque le double du record de tout 2023.
Transmise par les piqûres de moustiques tigres infectés, cette maladie virale peut provoquer une forte fièvre et des courbatures. Si elle est généralement bénigne, elle peut se révéler parfois grave, voire mortelle -notamment en cas d'infection antérieure.
La dengue fait partie des 17 agents pathogènes pour lesquels "des vaccins sont urgemment nécessaires" recensés le 5 novembre par l'OMS, qui a plaidé pour un développement des vaccins davantage basé sur "les besoins mondiaux en matière de santé" que sur leur rendement commercial.
Ainsi en Outre-mer, "plusieurs vagues épidémiques se succèdent ces dernières années", affectant "des populations différentes selon les territoires" et entraînant "un fardeau important sur le système hospitalier", constate la Haute autorité de santé dans ses recommandations de vaccination publiées mardi.
La Guadeloupe, dont la dernière épidémie s'est achevée en juillet 2024, est entrée dans une nouvelle épidémie mi-novembre.
Déjà endémique dans plus de 130 pays, la dengue est propagée par les moustiques vecteurs au-delà des zones tropicales et subtropicales sous l'effet de la hausse des températures. Le changement climatique serait ainsi responsable de près d'un cas de dengue sur cinq, selon une étude américaine publiée mi-novembre.
Pour protéger les populations d'Outre-mer contre la maladie, la HAS préconise d'y vacciner "les enfants âgés de 6 à 16 ans présentant un antécédent d'infection par la dengue ainsi que les adultes de 17 à 60 ans présentant des comorbidités, avec ou sans antécédent d'infection".
La vaccination est toutefois contre-indiquée chez "les sujets immunodéprimés, la femme enceinte et la femme allaitante".
Autorisé sur le marché européen depuis décembre 2022, le vaccin Qdenga du laboratoire japonais Takeda a montré son efficacité chez les enfants et adolescents de 6 à 16 ans précédemment infectés par le virus.
Par contre, son efficacité contre les dengues sévères n'a pas pu être démontrée, et le vaccin s'est montré inopérant contre deux des quatre sérotypes de la maladie, chez les personnes n'ayant jamais été infectées, note la HAS.
Le schéma vaccinal recommandé consiste en deux doses de vaccin, espacées de trois mois.
"Progression spectaculaire"
Le risque de développer une forme sévère de la dengue - moins de 5% des cas symptomatiques - est accru par la grossesse et des maladies chroniques telles que la drépanocytose, le diabète, l'hypertension artérielle compliquée, l'insuffisance rénale, affections cardio-pulmonaires chroniques, ou encore l'immunodépression.
Les adultes - principalement touchés à La Réunion et à Mayotte - présentant des comorbidités sont particulièrement concernés par les formes graves ou les décès, alors que les enfants sont aussi affectés aux Antilles et en Guyane.
La HAS rappelle qu'il est "essentiel" que les personnes vaccinées "continuent à appliquer des mesures de protection individuelle à l’égard des piqûres de moustiques (répulsifs, vêtements longs, moustiquaires…) pour lutter efficacement contre le virus".
En revanche, l'Hexagone "n'est pas considéré aujourd'hui comme une zone de transmission élevée du virus", malgré un nombre de cas importés "en forte augmentation depuis le début de l'année 2024".
Alors que le moustique tigre est désormais présent dans 78 départements métropolitains, le nombre de cas autochtones est aussi en hausse ces dernières années, supérieur à 50 par an.
"Au cours des dernières décennies, l’incidence de la dengue a progressé de manière spectaculaire dans le monde entier", selon l'OMS.
Outre le changement climatique, la mondialisation des échanges commerciaux et des voyages ainsi que l'avancée de l'urbanisation favorisent la propagation des moustiques tigres.
Testée au Brésil notamment, l'une des approches prometteuses pour combattre la dengue consiste à introduire dans la nature des moustiques infectés par une bactérie bloquant la capacité de l'insecte à transmettre le virus.