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Tuer le père

La notion de « bon père de famille », autrefois associée à la respectabilité, est aujourd’hui critiquée. Selon les progressistes, elle servirait en réalité à masquer les « violences sexistes et sexuelles ».


Voici que touche à sa fin le procès de ce qu’on appelle improprement l’affaire des viols de Mazan, comme si cette localité s’était fait une spécialité de ces monstruosités peu ou prou sur le même mode de ce qu’on a ailleurs avec, par exemple, les bêtises de Cambrai ou le nougat de Montélimar. Il est bien évident que cette barbarie sexuelle n’est nullement imputable à la cité mais bien exclusivement à un de ses habitants, le monstre Dominique Pelicot flanqué de ses non moins abjects complices, au nombre d’une cinquantaine. À l’issue de ce procès une forme de peine capitale aura été prononcée. La mise à mort du père. Ce qu’exprime fort nettement le titre d’un article du Monde de ce jour, signé Clara Cini : « La disqualification définitive des bons pères de famille »[1]. Oui, définitive…

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Depuis le début de l’affaire et plus particulièrement de son traitement judiciaire, le courant féministe relayé avec ardeur par la bonne presse, celle qui pense comme il est convenable de penser, instruit en parallèle le procès de ce que ces gens se plaisent à ranger sous le terme générique de patriarcat. Pelicot ne serait pas une ignoble exception, une aberration, mais seulement la traduction paroxystique dans les faits d’une perversion inhérente à l’état de mâle, et plus spécifiquement de pater familias, ce chef de famille prétendument nanti de tous pouvoirs sur les siens, y compris de vie et de mort sur son épouse, cela jusqu’à une période récente en cas d’adultère, la fameuse et – il est vrai scandaleuse – circonstance jadis atténuante du « crime passionnel ».

En d’autres termes, il conviendrait que nous admettions, nous autres, époux et pères, qu’un Pelicot sommeillerait en chacun de nous. Ne sommeillerait que d’un œil, qui plus est. De ce fait, il serait également souhaitable que nous prenions notre part dans la condamnation du coupable. Ainsi, l’inquisition féministe wokisante ayant atteint-là son but suprême, revendiqué on ne peut plus clairement dans le titre de l’article du Monde, pourrait se faire une gloire d’avoir rivé à jamais le dernier clou du cercueil du père, et concomitamment de l’autorité paternelle.

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Cela dit, on doit à un élémentaire souci de vérité de reconnaître que le mouvement de désertion de cette autorité est très largement entamé depuis quelques décennies. La délinquance de gamins de treize ou quinze ans livrés à eux-mêmes, laissés à la dérive est là pour nous le rappeler quasi quotidiennement. Or, face à cela, ce qui semblerait salutaire à la fois pour ces enfants et le paisible fonctionnement de notre société serait tout au contraire et tout simplement le rétablissement de l’autorité du père. Le père si souvent – et si complaisamment – absent, ce pathétique et lâche fantôme de ce qu’on appelle pudiquement les familles monoparentales. Et si le mot père est à bannir là aussi définitivement de notre vocabulaire, qu’on ait le courage d’exiger autorité et responsabilité du géniteur. Car tout gosse – du moins tant que la pseudo-science wokiste n’aura pas aboli aussi cette vérité millénaire  – a bien un géniteur. À lui donc d’assumer sa désertion, son refus d’autorité. À lui, par exemple, d’exécuter à la place du gamin l’humiliant travail d’intérêt général. Croyez-moi, quand ce géniteur aura eu à curer cinq ou six week-ends de suite les fossés de la commune, quand il se « sera tapé la honte » de ramasser les feuilles et les papiers gras, il veillera d’un peu plus près à ce que sa progéniture reste bien dans les clous.

En un mot comme en cent : puisqu’on tient tant à ce que le père soit mort, saluons donc gaiement l’avènement du géniteur !


[1] https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/12/18/la-disqualification-definitive-des-bons-peres-de-famille_6454623_3232.html

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