Syrie : la chute de Bachar el-Assad n’est pas une "défaite" pour la Russie, assure Vladimir Poutine
L'ONU a appelé mercredi 18 décembre à des "élections libres et justes" en Syrie après la période de transition ouverte par la chute de Bachar el-Assad, et plaidé pour l’envoi rapide d’une aide humanitaire massive dans le pays, dévasté par plus de 13 ans de guerre civile. La Syrie reste soumise à des sanctions internationales dont le chef d’HTC Abou Mohammed al-Joulani, qui se fait désormais appeler par son vrai nom, Ahmad al-Chareh, a réclamé la levée. Le nouveau pouvoir a mis en place un gouvernement de transition jusqu’au 1er mars et s’emploie à rassurer les capitales étrangères sur sa capacité à pacifier le pays. Le chef militaire d’HTC, Mourhaf Abou Qasra, connu sous son nom de guerre d’Abou Hassan al-Hamwi, a invité l'ONU, les Etats-Unis et les pays européens concernés à retirer HTC, issu de la branche syrienne d’Al-Qaïda mais qui affirme avoir rompu avec le jihadisme, de leurs listes des organisations terroristes.
Les infos à retenir :
⇒ La chute de Bachar el-Assad n’est pas une "défaite" pour la Russie, assure Vladimir Poutine
⇒ L’Irak annonce le début du rapatriement des soldats syriens qui ont fui l’offensive
⇒ HTC doit tirer les leçons de l’isolement des talibans, prévient Antony Blinken
Des centaines de manifestants à Damas pour la démocratie et les droits des femmes
Des centaines de personnes ont manifesté jeudi à Damas pour la démocratie et les droits des femmes dans la nouvelle Syrie, pour la première fois depuis la chute de la capitale aux mains d'une coalition conduite par des islamistes radicaux. "Nous voulons la démocratie, pas un Etat religieux", "La religion est à Dieu et la nation à tous", "La Syrie, Etat libre et séculier", scandaient les manifestants, rassemblés sur l'emblématique place des Omeyyades, dans le centre de Damas, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les nouvelles autorités ont affirmé qu'elles allaient respecter les libertés et promis de "garantir les droits de tous" mais beaucoup craignent leurs orientations islamistes. Le groupe HTC affirme avoir rompu avec le djihadisme mais le groupe reste classé mouvement "terroriste" par plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis.
Syrie : la chute de Bachar el-Assad n’est pas une "défaite" pour la Russie, assure Vladimir Poutine
La chute de Bachar el-Assad, un proche allié de Moscou, n’est pas une "défaite" pour la Russie, a assuré ce jeudi Vladimir Poutine, tout en estimant que l’armée russe, mobilisée en Syrie depuis 2015, y avait "atteint (son) objectif". "On essaie de présenter ce qui s’est passé en Syrie comme une défaite pour la Russie. Je vous assure que ce n’est pas le cas", a déclaré le président russe au cours de sa grande conférence de presse annuelle. "Nous sommes allés en Syrie il y a dix ans pour éviter qu’une enclave terroriste n’y soit créée, comme en Afghanistan. Dans l’ensemble, nous avons atteint notre objectif", a-t-il affirmé, reconnaissant toutefois une situation "difficile".
En réponse à une question d’un journaliste américain, Vladimir Poutine a par ailleurs assuré ne pas avoir vu Bachar el-Assad, le président syrien renversé début décembre et qui a trouvé refuge avec sa famille en Russie. "J’ai l’intention de le faire. Je lui parlerai certainement", a-t-il néanmoins déclaré.
L’Irak annonce le début du rapatriement des soldats syriens qui ont fui l’offensive
L’Irak a annoncé ce jeudi le début du rapatriement des soldats syriens qui ont fui l’offensive menée par des islamistes radicaux ayant provoqué la chute du président Bachar el-Assad. "Aujourd’hui, les autorités irakiennes vont commencer à faire rentrer les soldats syriens dans leur pays en coordination avec les autorités syriennes responsables en ce domaine", a déclaré le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Miqdad Miri.
L’armée turque poursuivra ses préparatifs jusqu’à ce que les combattants kurdes "déposent les armes"
L’armée turque "poursuivra" ses préparatifs à la frontière turco-syrienne jusqu’à ce que les combattants kurdes du Nord syrien "déposent les armes", a affirmé ce jeudi matin le ministère turc de la Défense. "La menace contre nos frontières […] persiste. Nos préparatifs et nos mesures dans le cadre de notre lutte contre le terrorisme se poursuivront jusqu’à ce que l’organisation terroriste PKK/YPG dépose les armes et que ses combattants étrangers quittent la Syrie", a déclaré à la presse turque un porte-parole du ministère, Zeki Akturk.
"Nous pensons que la nouvelle administration syrienne et l’Armée nationale syrienne (une faction proturque, NDLR), ainsi que le peuple syrien, libéreront les régions occupées", a-t-il ajouté en visant le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Unités de protection du peuple kurde (YPG), considérées comme une extension du PKK par Ankara. Groupe armé classé terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, le PKK mène depuis 1984 une guérilla contre l’Etat turc, qui cherche à éloigner le plus possible les combattants kurdes de son territoire et de ses frontières. Selon des observateurs, Ankara et des groupes proturcs menacent de lancer un assaut sur Kobané, une ville syrienne tenue par des forces dirigées par des combattants kurdes, à la frontière turque.
Le groupe syrien HTC doit tirer les leçons de l’isolement des talibans, selon Washington
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé mercredi les islamistes radicaux du groupe Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) menant la coalition qui s’est emparée du pouvoir en Syrie à tenir leurs promesses de modération s’ils veulent éviter l’isolement imposé aux talibans afghans. "Les talibans ont montré un visage plus modéré, ou du moins ont tenté de le faire, lorsqu’ils ont pris le contrôle de l’Afghanistan, puis leur vrai visage est apparu. Le résultat est qu’ils restent largement isolés dans le monde", a-t-il déclaré lors d’une intervention devant le prestigieux centre de réflexion Council on Foreign Relations à New York. "Si vous êtes le groupe émergent en Syrie, si vous ne voulez pas de cet isolement, il y a certaines choses que vous devez faire pour faire avancer le pays", a-t-il ajouté.
Le chef militaire d’HTC, Mourhaf Abou Qasra, connu sous son nom de guerre d’Abou Hassan al-Hamwi, a invité l'ONU, les Etats-Unis et les pays européens concernés à retirer HTC de leurs listes des organisations terroristes. Issu de la branche syrienne d’Al-Qaïda, HTC affirme avoir rompu avec le jihadisme.