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Covid-19 : cinq ans après, la cinglante défaite des antivax et des complotistes

Les défenseurs de la rationalité commencent enfin à souffler. Depuis près de cinq ans, les sphères complotistes et antivaccins en étaient persuadées : leur "vérité" allait finir par éclater. "Quand le mensonge prend l’ascenseur, la vérité emprunte l’escalier", clamaient-ils à qui voulait bien l’entendre. La science n’était pourtant jamais allée dans leur sens. Au contraire, elle a apporté toutes les preuves confirmant l’efficacité des vaccins, des masques et des mesures d’isolement, tout en démontrant l’inefficacité de l’hydroxychloroquine, de l’azithromycine ou de l’ivermectine.

C’est donc vers la justice que les bonimenteurs du Covid se sont tournés, espérant que le débat scientifique serait tranché dans les tribunaux, poussés par des avocats médiatiques leur assurant que les magistrats prendraient leur parti plutôt que celui des nombreux chercheurs, médecins ou journalistes qui luttent contre la désinformation médicale. A ces derniers était même promis un "Nuremberg 2.0"(sic), soit une série de procès similaires à ceux qui avaient jugé les dignitaires de l’Allemagne nazie. Mais comme sur le terrain scientifique, la réalité les a finalement rattrapés.

Sept procès perdus

Xavier Azalbert, l’un des porte-voix de la sphère complotiste en sa qualité de directeur France Soir, ex-journal devenu l’un des blogs antivax les plus influents en France et qui s’est illustré par ses articles appelant à décapiter les chercheurs qui critiquent Didier Raoult, en a récemment fait les frais. Lundi 16 décembre, le tribunal correctionnel de Versailles l’a ainsi déclaré coupable de pas moins de treize chefs de diffamation à l’encontre d’Antoine Daoust, l’ex-propriétaire de Fact and Furious, un site d’information que Xavier Azalbert a tenté de racheter sans succès. "Condamné à payer 2 000 euros d’amende dont 1 000 euros avec sursis, 2 000 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral ainsi qu’à rembourser l’intégralité des frais d’avocats, soit environ 8 000 euros, M. Azalbert a annoncé faire appel", indique à L’Express Maître Christian Peltier, conseil de M. Daoust.

Le même jour, la cour d’appel de Nancy a condamné Xavier Azalbert à verser 3 000 euros de dommages et intérêts et 3 000 euros de remboursement de frais d’avocat pour avoir diffamé le Dr. Damien Barraud, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital de Metz Thionville. Xavier Azalbert a annoncé se pourvoir en cassation. Et le mercredi 11 décembre, la cour d’appel d’Aix en Provence a relaxé le docteur Jérôme Marty, médecin généraliste et président du syndicat UFMLS, dans le procès en diffamation intenté par l’association antivax BonSens, présidée par Xavier Azalbert. "BonSens est débouté de ses demandes, la bonne foi de M. Marty a été reconnue" se félicite Maître Douchez, conseil de Jérôme Marty. Il me tenait particulièrement à coeur de gagner car il s’agissait d’une plainte bâillon, comme dans toutes ces affaires", assure-t-il.

Les blouses blanches et la science gagnent

Nathan Peiffer-Smadja, infectiologue à l’hôpital Bichat Claude Bernard (AP-HP), chercheur à l’Inserm et à l’Imperial College London, a de son côté tenu à "partager quelques bonnes nouvelles judiciaires" sur le réseau social Bluesky, lundi 16 décembre. Comme tant d’autres, il avait été violemment attaqué, insulté et diffamé pour avoir pris la parole contre la désinformation scientifique lors de la pandémie de Covid-19. Après des années de procédure, il vient de gagner son procès en diffamation contre le site de désinformation d’extrême droite Riposte Laïque, qui n'a pas encore fait part de son intention de faire appel ou non. Le jeune infectiologue a également été relaxé de la plainte pour injures publiques intentée par deux médecins (qui ont fait appel) parce qu’il avait qualifié de "criminel" un document suggérant de soigner le Covid-19 avec une combinaison l’hydroxychloroquine, d’azithromycine et autres "thérapies bidon". Il a également gagné son procès contre quatre internautes (deux ont fait appel) dans le cadre d’une plainte pour cyberharcèlement.

Toujours le lundi 16 décembre, la Pr Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP) à Paris, a été relaxée par la cour d’appel d’Aix-en-Provence dans le cadre du procès en diffamation intenté par Didier Raoult - qui peut encore se pourvoir en cassation - à son égard. L’ex-directeur de l’IHU de Marseille, et plus globalement tous les défenseurs de l’hydroxychloroquine, ont également connu une lourde défaite sur le plan scientifique. La toute première étude de IHU de Marseille sur l’hydroxychloroquine a été rétractée mardi 17 décembre, après plus de quatre ans de controverses. Ces travaux, signés notamment par Didier Raoult et publié le 20 mars 2020 dans la revue International Journal of Antimicrobial Agents, étaient la pierre angulaire des défenseurs de ce traitement contre le Covid-19. L’étude est définitivement invalidée.

Le retour de bâton est donc sévère pour tous ceux qui ont propagé des fausses informations tout au long de la crise sanitaire. Une situation qui pourrait prêter à sourire si elle n’avait pas engendré autant de souffrances pour les victimes et fait perdre tant de temps aux magistrats et policiers chargés de ces dossiers. D’autant que de nombreux autres procès sont encore à venir.

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