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Agressions sexuelles et guet-apens homophobes: le fondateur du site Coco mis en examen

L'Italien Isaac Steidl a été mis en examen à Paris par un juge de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco) et a été placé sous contrôle judiciaire avec 100.000 euros de caution et l'interdiction de quitter le territoire, a indiqué le parquet de Paris, ministère public à la Junalco, sollicité par l'AFP.

M. Steidl a été mis en examen pour complicité de trafic de stupéfiants, de détention et diffusion d'images pédopornographiques, de corruption de mineur via Internet, mais aussi pour proxénétisme aggravé, association de malfaiteurs, blanchiment aggravé, et encore pour l'administration d'une plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée.

Les faits courent de 2018 à 2024.

Plusieurs de ces infractions font encourir 10 ans d'emprisonnement, et le trafic de stupéfiants ou sa complicité jusqu'à 7,5 millions d'euros d'amende.

Premier mis en cause dans ce dossier, "M. Steidl prend acte de sa mise en examen qui est une étape procédurale nécessaire pour pouvoir accéder au dossier et préparer sereinement sa défense", a déclaré à l'AFP son avocat, Me Julien Zanatta.

"Il conteste fermement les accusations portées à son encontre et s'engage à collaborer pleinement pour démontrer son absence de responsabilité dans les faits reprochés", a ajouté Me Zanatta.

Le site Coco, connu selon le parquet de Paris "depuis de nombreuses années comme étant un facilitateur de commission de diverses infractions", a été fermé par les autorités en juin.

Isaac Steidl avait été entendu ce mois-là en Bulgarie, et des comptes bancaires avaient "été gelés en Hongrie, Lituanie, Allemagne, Pays-Bas" et "plus de cinq millions d'euros" saisis, avait annoncé à l'époque la procureure de Paris, Laure Beccuau.
"23.000 faits" concernés ?
Des enquêteurs de l'Office national antifraude (Onaf) et de l'UNCyber ainsi qu'un magistrat parisien avaient assisté à l'audition de M. Steidl en tant qu'observateurs.

Trois proches de celui-ci et deux modérateurs de Coco ont en outre été entendus par les enquêteurs entre juin et août.

L'enquête préliminaire avait débuté en décembre 2023 avec, selon le parquet de Paris, la "centralisation des procédures de 71 parquets, au préjudice de plus de 480 victimes" et portant sur "plus de 23.000" faits dénoncés.

Pour entrer sur le site, qui se présentait comme un "site de chat sans inscription", il suffisait de renseigner son genre, son âge, son code postal et de créer un pseudo, sans aucun contrôle.

Immatriculé sur l'île anglo-normande de Guernesey, Coco.fr se présentait sous un visuel des années 80 qui rappelait le Minitel.

Sur le site, "il n'y avait aucun mécanisme d'identification et il n'y avait manifestement pas non plus de collaboration des gérants avec les autorités de police et de justice, tout s'y passait", a indiqué à BFMTV Cédric Logelin, porte-parole du ministère de la Justice.

"C'est pour lutter contre ce type de dérives" qu'a été mise en place début 2023 l'infraction d'administration d'une plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée, a souligné M. Logelin.

Des associations ont longtemps alerté sur le danger que pouvait représenter ce site, un "repaire de prédateurs", et avaient appelé à sa fermeture.

Le site Coco a ainsi été au centre de plusieurs affaires criminelles, dont le retentissant procès des viols de Mazan.

Pendant 10 ans, de juillet 2011 à octobre 2020, Dominique Pelicot a assommé sa femme d'anxiolytiques pour la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes recrutés via le site coco.fr. Lui et 50 coaccusés ont été reconnus coupables et condamnés le 19 décembre par la cour criminelle de Vaucluse. Dix-sept d'entre eux ont fait appel.

La mise en examen d'Isaac Steidl intervient après celle du PDG de Telegram, Pavel Durov, fin août à Paris, à qui la justice reproche globalement de ne pas avoir agi assez contre la diffusion de contenus criminels sur sa messagerie.

Début décembre, lors de son premier interrogatoire au fond, M. Durov avait indiqué à l'AFP faire "confiance à la justice française".

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