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Ballon d’Or : Ribéry a-t-il raison de tacler Cristiano Ronaldo ?

Il suffit parfois d’une étincelle pour rallumer de vieilles braises. La sortie de Cristiano Ronaldo, érigeant la victoire en Ligue des Champions comme condition sine qua non à l’obtention du Ballon d’Or, a été cette étincelle. La réponse de Franck Ribéry, cinglante d’ironie, a été l’embrasement. Au-delà de l’anecdote et du clash sur les réseaux sociaux, cette passe d’armes pose une question légitime : la pique de l’ancien Bavarois n’est-elle qu’une simple rancœur personnelle ou le rappel d’une vérité plus profonde sur les incohérences de ce trophée ?

Ronaldo vs Ribéry, la mémoire sélective des légendes

Sur le fond, difficile de donner tort à Franck Ribéry. Son tacle est un miroir tendu à Cristiano Ronaldo. En 2013, le Français incarnait précisément le critère que le Portugais défend aujourd’hui : il avait tout gagné, dont cette fameuse Ligue des Champions, mais avait vu le trophée lui échapper au profit de ce même Ronaldo. La réplique de Ribéry souligne avec une pertinence cruelle la géométrie variable des arguments. Elle met en lumière le fait que les légendes du jeu, une fois éloignées de la course, ont parfois tendance à réécrire les règles d’un jeu dont ils ont pourtant longtemps profité, sans jamais questionner sa « valeur » lorsqu’ils en étaient les lauréats.

Sur la forme, cependant, la réaction de l’ancien international français transpire l’amertume d’une plaie jamais refermée. La sortie de Ronaldo, aussi discutable soit-elle, concernait les candidats de 2025 et n’était pas une attaque personnelle. En la ramenant à son propre cas, Ribéry ramène le débat à un prisme personnel, celui d’une « injustice » qu’il n’a jamais digérée. Sa réponse, aussi juste soit-elle sur le plan factuel, est donc aussi celle d’un homme blessé qui saisit une occasion en or de régler un vieux compte, transformant un débat général en affaire personnelle.

Ballon d’Or : l’éternel flou que Ribéry met en lumière

Ballon d’Or, un trophée aux règles mouvantes

Finalement, ce clash est surtout le miroir grossissant de ce qu’est devenu le Ballon d’Or : un trophée à la subjectivité reine, où les critères fluctuent au gré des saisons, des performances individuelles hors-normes et des narratifs médiatiques. Il n’y a pas de règle gravée dans le marbre, et c’est précisément ce flou qui nourrit les polémiques, les frustrations et les sentiments d’injustice. L’épisode Ribéry-Ronaldo n’est que la cristallisation de décennies de débats insolubles : faut-il récompenser le talent pur ou le palmarès ? L’individu ou sa contribution au collectif ?

Alors, Ribéry a-t-il eu raison ? Oui, dans le sens où sa pique est un rappel nécessaire de l’inconstance des jugements et de la mémoire sélective de certains. Plus qu’un simple tacle, sa réaction est un témoignage. Le témoignage que derrière les statistiques et les sourires de cérémonie, le Ballon d’Or laisse aussi des cicatrices et des histoires inachevées. Et que dans le tribunal de l’opinion, les verdicts du passé peuvent toujours être remis en question.

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