Temps de vacances, heures de cours… Où se situe la France en Europe sur la question des rythmes scolaires ?
Une spécificité tricolore. Les journées chargées des élèves français en classe seront bien sûr au menu de la convention citoyenne sur "les temps de l’enfant", qui s’est ouverte vendredi 20 juin à Paris. Souhaitée par Emmanuel Macron, cette nouvelle concertation a pour ambition de dresser un bilan large sur l’organisation de la vie des enfants, au-delà de l’école. Mais l’incontournable question des rythmes scolaires devrait évidemment animer les échanges des 130 participants.
"Il me paraît nécessaire de faire en sorte que l’organisation des journées de nos élèves soit plus favorable à leur développement et aux apprentissages, qu’un équilibre soit trouvé aussi pour faciliter la vie des familles", développait dans Le Parisien le président de la République, début mai, pour justifier la mise en place d’une telle convention. Quelques jours plus tard, la publication d’un rapport de la Cour des comptes sur l’école primaire remettait à son tour le débat des rythmes scolaires sur la table.
La semaine de 4 jours, une exception française
En cause, selon les Sages ? L’organisation, dans la plupart des établissements scolaires français, du temps scolaire en semaine de 4 jours de classe. Après un passage raté aux 4 jours et demi durant le quinquennat de François Hollande, Emmanuel Macron avait laissé en 2017 la décision à chaque commune de décider de repasser à l’ancien rythme scolaire – une option choisie par la majorité des maires. Or, d’après la Cour des comptes, "l’organisation du temps scolaire […] n’apparaît" désormais "pas prioritairement conçue en fonction des élèves".
Quelles directions nos voisins européens ont-ils pris sur cette question ? Premier enseignement : aucun autre pays de l’OCDE n’a fait le choix d’une semaine de 4 jours pour ses élèves. La plupart des nations optent plutôt pour 5 jours passés en classe, avec des journées de cours qui se terminent beaucoup plus tôt. En Allemagne, l’apprentissage s’achève souvent en début d’après-midi. Même chose en Suède ou en Finlande, par exemple, là où les petits Français n’ont en général pas refermé leurs cahiers avant 16 heures 30.
Deuxième élément important : la France dispense à ses élèves un nombre d’heures de cours plus conséquent que la moyenne de l’OCDE. Au primaire, les écoliers français doivent ainsi suivre 864 heures obligatoires de cours. C’est moins que le Danemark, champion européen en la matière (1 000 heures obligatoires de cours), mais plus que l’Espagne (792 heures) l’Allemagne (724 heures) ou encore l’Estonie (661 heures). Ainsi, avec la configuration d’une semaine de 4 jours, la France fait donc le pari de faire passer davantage de temps en classe à ses élèves, malgré un jour de moins de présence à l’école.
Au premier rang du nombre de vacances intermédiaires
Une équation compliquée, à laquelle il faut rajouter un dernier paramètre : la quantité de vacances scolaires en France. En Europe, le pays est le 6e plus généreux en la matière, avec 16,4 semaines de congé prévues chaque année pour les élèves. Seuls les trois États baltes, la Grèce et la Roumanie devancent la France à ce niveau sur le continent. En février dernier, Emmanuel Macron avait suggéré de réduire le nombre de semaines de pause l’été. "Beaucoup de pays ne partent en vacances qu’à partir du 14 juillet", avait-il pointé.
Pourtant, les vacances d’été en France ne sont pas particulièrement longues par rapport à celles de nos voisins. 8 semaines de congé y sont prévues à cette époque de l’année, contre plus de 10 en Hongrie, en Espagne ou au Portugal, voire 13 en Italie ! Certes, l’Allemagne met néanmoins en place une trêve estivale allégée (6 semaines). En revanche, la France se situe à la première marche du podium en ce qui concerne les vacances intermédiaires : avec 8,4 semaines de congé durant l’année scolaire, aucun autre pays européen ne planifie autant de repos à ce niveau.
Tous ces facteurs conduisent donc à l’organisation actuelle des rythmes scolaires, débouchant sur des emplois du temps parfois jugés trop chargés pour les élèves. "Selon l’Académie nationale de médecine, l’aménagement du temps scolaire en France n’est pas en cohérence avec les connaissances de la chronobiologie de l’enfant ; et cela, à tous les niveaux de l’organisation : journée, semaine ou année scolaire", déplorait mi-mai le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, après la publication du rapport de l’institution sur l’école primaire.
Il y a un an, une commission chargée de réfléchir à cette question des vacances scolaires avait rendu au gouvernement ses conclusions sur la problématique. Sa principale préconisation ? Revoir le calendrier des vacances d’hiver et de printemps. Les membres de la commission proposaient ainsi de regrouper en deux zones (contre trois aujourd’hui) les élèves français lors de leurs départs en vacances à cette période de l’année. L’objectif : uniformiser au maximum les rythmes scolaires des élèves entre janvier et début juillet.