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Trois mares et deux ruches en céramique pour remplacer l'étang de Lacelle

Elle y a consacré des heures et des heures à ce projet, Véronique Bonnet-Ténèze, la maire de Lacelle. Et pas seulement elle, les nombreux partenaires qu’elle a embarqués avec elle, des bénévoles et des habitants de la commune au Parc naturel régional (PNR), qui le coordonne, au Conservatoire des espaces naturels (CEN), en passant par la Région, l’agence de l’eau Loire Bretagne, le Département ou l’intercommunalité Ventadour Monédières Millesources…

« L’Agence régionale de la biodiversité nous a labellisé "Territoire engagé pour la nature" en 2022, seule commune en Corrèze et plus petite de France à l’obtenir. Ça m’a renforcé dans mon idée et j’ai mis le pied sur l’accélérateur. »

C’est ainsi qu’a abouti, au terme de 5 ans de réflexion, ce projet, supporté en prime par la Fondation du Patrimoine au chapitre des projets à impact environnemental : la création d’un espace de biodiversité et d’un corridor écologique.

Les gens sont très attachés à l'étang de Lacelle, parce que c’est un lieu de balade très poétique. C’est notre poumon.

Au départ, Véronique Bonnet-Ténèze avait un problème : que faire de l’étang communal ? Apprécié par les habitants et les vacanciers, siège de nombreuses activités culturelles et de loisir, écrin pour un sentier Utopia Vassivière, créé par des artistes avec le Centre d’art contemporain de Vassivière, il n’est plus aux normes.

Trois mares au lieu d'un étang

Le restaurer ? Trop cher. L’effacer ? Trop triste. « Les gens y sont très attachés, parce que c’est un lieu de balade très poétique. C’est notre poumon. On a donc réfléchi à un projet attractif pour les habitants, les visiteurs, et le camping municipal qui est juste à côté », s’enthousiasme-t-elle.Le bosquet d'arbres proche de l'étang abritera les deux ruches en céramique.

En l’occurrence, les 6.000 m² de miroir d’eau seront transformés en trois mares, alimentées par deux sources toutes proches : une grande, de 800 m² de surface, et deux plus petites, d’une centaine de m², reliées par des passerelles en bois local. « Fête des libellules, des grenouilles et de tous les batraciens imaginables… On pourra regarder et écouter la nature environnante. On pourrait aussi remonter un mur en pierres sèches pour faire venir des serpents. »

L’ensemble sera ensemencé, avec l’aide d’un spécialiste du village et des bénévoles, d’essences locales à profusion. Houx, noisetier, azalée sauvage, colchique… « Ce lieu est comme une page blanche. Il faut que chaque habitant puisse y mettre sa petite touche et tout son cœur. »

Des abeilles noires en observation

Dans un bosquet d’arbres adjacent, deux ruches en céramique seront installées, réalisées par une porcelainière de Limoges et un apiculteur artiste local. « Une maquette montrera aussi, en coupe, ce qui se passe à l’intérieur. Toute une étude va être menée, artistique, scientifique et pédagogique. On sait que des abeilles noires vivent dans des ruches en céramique, mais pas à 700 m d’altitude. »

Je veux que ce soit un espace où les gens s’enthousiasment, découvrent, passent un bon moment.

La zone humide voisine restera en l’état ; le sentier Utopia Vassivière sera légèrement redessiné, la digue qui le porte en partie devant être détruite. « On va travailler sur un nouveau circuit avec les artistes, envisage la maire. Peut-être entre les mares et vers les ruches, et autour de la signalétique qu’on va créer. »

Les animations au bord de l’étang, club lecture, balade contée chantée ou qi gong, se poursuivront. « J’aimerais que ce soit évolutif, avoue Véronique Bonnet-Ténèze. Je veux que ce soit un espace où les gens s’enthousiasment, découvrent, passent un bon moment. Notre projet s’étire sur tout le village. On a encore plein d’idées ! »

À compter du 1er mai, les pelleteuses entreront en action : percement d’un bassin de décantation sur un terrain voisin, arasement de l’étang et de sa digue ; le ruisseau qui l’alimente sera remis dans son lit, qui sera redessiné comme en amont. En juillet et août, pause des travaux pour que camping gratuit et commerces locaux fassent le plein. À l’automne, les mares seront creusées, avec « un cœur en argile pour des rebords très stabilisés ».

Le site devrait être achevé en décembre. Les plantations suivront au printemps 2025. 

Un film sera réalisé pour raconter les principales étapes du chantier de l'étang de Lacelle. Une copie sera remise aux Archives départementales de la Corrèze, une autre conservée par la commune « pour que les générations futures sachent ce qu'il s'est passé et ce qu'il y avait avant », avance la maire Véronique Bonnet-Ténèze.

Blandine Hutin-Mercier

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