Julien Garcia, profession luthier de guitares dans le Cantal : "La seule limite, c'est l'imagination"
Dans son atelier, Julien Garcia aime que tout soit propre, bien rangé, soigné. Comme son travail. Minutieux, patient, à l’écoute des matériaux vivants, vibrants, qui font son quotidien.
Près de 150 heures de travail pour réaliser une guitare classique unique en sélectionnant précisément l’essence de bois à utiliser pour rendre le son voulu. Ce matin, c’était opération décollage et nettoyage sur une guitare folk avant de laisser sécher. « Il faut compter environ un mois et demi pour construire une guitare ; le plus long, c’est le vernis, j’en mets un très fin et il faut attendre un mois qu’il sèche », confie-t-il.
De musicien à créateur de l'instrumentOriginaire de l’Hérault, après avoir pas mal voyagé et ouvert un premier atelier, il cherchait une maison plus grande avec sa compagne pour accueillir son activité. Ils l’ont trouvé à Chalvignac. « J’ai trois fois la surface que j’avais avant », sourit-il.De quoi accorder une belle amplitude aux réparations, entretiens et surtout réalisations de guitares. « Je suis tombé dans la marmite à l’âge de 11 ans, je jouais de la guitare classique puis je me suis orienté vers le blues, rock, hard rock… J’ai passé un DUT mesures physiques et travaillé quatre ans dans un labo à Lyon, mais, au fil du temps, la lutherie a refait surface. J’avais 26 ans et je me suis dit, pourquoi pas me lancer. Alors, en 2013, j’ai fait une formation d’un an, chez Claude Fouquet, luthier dans l’Hérault. »
Une expérience tissée au fil du tempsIl ouvre son premier atelier dans l’Hérault en juillet 2015 avant de s’installer à « Doumis », sur la commune de Chalvignac, à l’été 2022. Il lui a fallu six mois pour aménager, isoler son atelier. « Car il faut faire attention, l’air sec est l’ennemi du bois », prévient-il.
Le contacter. Julien Garcia, guitares acoustiques, à « Doumis », Chalvignac. Vente, réparation, réalisation. Pour l’entrée de gamme d’une guitare, il faut compter 2.500 €. Tél. 06.15.80.71.41 ; site internet, juliengarciaguitares.fr ; mail, julien.garcia298@gmail.com
Aujourd’hui, Julien Garcia réfléchit à ouvrir son atelier pour que le client vienne lui-même réaliser, sous sa supervision, sa guitare.Car le métier et les connaissances requises sont passionnants.
La seule limite, c’est l’imagination du luthier mais il ne faut pas trop s’éloigner du visuel auquel les gens sont habitués car une guitare, c’est tout d’abord, une esthétique
Mais du bois utilisé dépend le son. « Le timbre d’un instrument, à 80 %, c’est la table d’harmonie qui le fait. » Avec des essences de résineux, épicéas, cèdres canadiens, plutôt des feuillus pour les éclisses….
À chaque essence, un son« Mais pour les trois éléments en façade, il faut deux mêmes essences », précise Julien Garcia. Avec l’idée de garder le timbre du bois massif et de prendre le temps pour libérer tout le potentiel du son pour chaque guitare. « On est un peu collectionneur de bois, on achète et on voit après ce que l’on peut en faire », avoue-t-il en tournant les yeux vers la multitude de plaques de bois savamment répertoriées et posées sur ses étagères avant de sortir une de ses créations de son étui. Et de faire rêver, déjà, avec les yeux.
Texte : Magali RochePhotos : Jérémie Fulleringer