Pour l'ancien coach du Clermont Foot Hubert Velud, déjà une 3e sélection africaine, mais seulement sa première CAN
« Ça fait des années que je travaille en Afrique », rappelle Hubert Velud, 64 ans, qui entraîne depuis 2009 sur le continent. « J’ai gagné des titres mais jamais fait la CAN. Or, on est dans un métier où il faut toujours prouver, c’est l’occasion de prouver un échelon plus haut », analyse celui dont l’équipe a entamé la compétition organisée en Côte d’Ivoire par une victoire sur la Mauritanie (1-0), ce mardi après-midi à Bouaké.
Deux fois champion d’Algérie d’affilée, avec Sétif (en 2013, il réussit même le doublé en remportant la Coupe) et l’USMA (en 2014), champion de République Démocratique du Congo et vainqueur de la Coupe de la CAF avec le Tout-Puissant Mazembe en 2016, Velud s’est forgé un beau palmarès en Afrique.
Mais la CAN ne lui laissait jusqu’à présent que des mauvais souvenirs.Le pire reste lié à celle organisée en Angola, où le bus de l’équipe du Togo, en route vers la compétition, avait été attaqué à la mitraillette dans l’enclave de Cabinda le 8 janvier 2010.
Son coach adjoint Amalete Abalo et l’attaché de presse Stan Ocloo sont morts dans l’attentat, et le gardien Kodjovi Obilalé y a perdu l’usage de ses jambes. Le Togo avait déclaré forfait sans jouer un match.
« C’est un trauma terrible, il a fallu quelques mois pour se remettre. Et j’y pense toujours quand même », raconte le natif de Villefranche-sur-Saône (Rhône).
Du National en Ligue 2 avec le Clermont FootHubert Velud a entraîné le Clermont Foot de juillet 2001 à son limogeage en février 2004. Il a fait monter pour la première fois le club en Ligue 2 en 2002 après avoir obtenu le titre en National.
« Avec le Burkina, je suis retourné au Togo jouer un match international, à Lomé, en mars (1-1). Beaucoup de souvenirs sont remontés à la surface. J’ai pu voir la famille des deux personnes disparues, le gardien aussi », poursuit Velud, ému.Cette « expérience douloureuse aurait pu me dégoûter définitivement, mais pas du tout. On m’a souvent posé la question, et tout de suite après l’attentat, je n’avais pas l’impression de ne pas vouloir revenir », se souvient-il. « La vie reprend le dessus, et après je voulais repartir ».
« Après l’attentat, je n’avais pas l’impression de ne pas vouloir revenir »« Le trauma est plus psychologique, on culpabilise un peu d’être parmi les survivants », ajoute celui qui entraîne les “Étalons” depuis avril 2022.Son second rendez-vous manqué avec la CAN relève de circonstances nettement moins dramatiques : Velud a été remercié par le Soudan, qu’il avait qualifié, trois semaines avant le début de la CAN 2022.
La raison ? « Un problème politique au niveau fédéral », explique-t-il : « Un changement de président un mois avant, les nouveaux dirigeants sont arrivés avec leur entraîneur », Burhan Tiya, et les “Crocodiles du Nil”, sans Velud, sont rentrés bredouilles du Cameroun, après un nul et deux défaites. « Je n’ai pas d’amertume, assure-t-il, la rupture de contrat a été super bien réglée, même mieux que prévu, les nouveaux dirigeants ont été corrects. »
Il a vite rebondi avec le Burkina Faso, sa troisième sélection africaine. « J’ai toujours été attiré par ce continent, pas que par le football, mais aussi la culture, la manière de vivre des gens, leur sensibilité. Il y a eu des occasions sur lesquelles j’ai sauté, mais quand j’ai commencé ma carrière d’entraîneur en France, j’ai toujours eu l’idée d’aller entraîner en Afrique », rembobine-t-il.
Il a débuté la CAN contre les “Mourabitounes”. « Je connais très bien la Mauritanie, c’est une équipe accrocheuse, qui travaille bien depuis longtemps, et ils ont trouvé des nouveaux joueurs. » Velud, lui, a enfin trouvé la compétition de ses rêves.